Rechercher
Rechercher

Liban - Débat

Réactions vigoureuses dans les milieux du 14 Mars aux propos de Nasrallah

Les différents pôles du 14 Mars ont réagi vivement aux derniers propos de Nasrallah, rejetant notamment l'appel du leader du Hezbollah à une révision de la ligne de conduite de la majorité.
Comme il fallait s'y attendre, la conférence de presse du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, jeudi, a suscité de nombreuses réactions, plus ou moins nuancées suivant les cas, dans les rangs du 14 Mars. Certains ont estimé que le ton de Nasrallah a baissé par rapport à son premier discours, tandis que d'autres ont estimé que le contenu est resté le même, quoique formulé autrement, et d'autres l'ont carrément rejeté tant sur le plan de la forme que du fond.
Le député du Chouf et leader du Parti national libéral (PNL), Dory Chamoun, a jugé que les propos du secrétaire général du Hezbollah n'étaient pas, « comme tout le monde s'y attendait, incendiaires et offensifs ». « Mais nous avons eu comme un sentiment qu'ils étaient d'inspiration étrangère. Nous avons constaté qu'il a beaucoup parlé de la Syrie et des amis de la Syrie, comme s'il y avait eu un conseil syrien d'apaiser le climat » politique, a-t-il déclaré dans une interview à Radio-Orient.
Il a affirmé ne pas avoir été étonné par l'appel de Nasrallah au 14 Mars à réviser ses positions. « C'est le contraire qui nous aurait étonnés. Nous ne lui plaisons pas, pas plus que notre discours ou notre point de vue concernant plusieurs questions », a-t-il dit. Il a répondu par un « c'est hors de question », au point de savoir s'il est possible de réintégrer les quatre officiers à leurs postes.
Concernant une éventuelle implication d'éléments du Hezbollah dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, M. Chamoun a indiqué que si les informations rassemblées par le TSL sont suffisantes pour accuser des membres du Hezbollah, « personne ne peut dicter au tribunal son action ».

Pharaon et les engagements pris à Doha
Le ministre d'État pour les Affaires du Parlement, Michel Pharaon, a affirmé pour sa part « comprendre les appréhensions du Hezbollah qui semble pris pour cible, notamment par Israël qui vise le Liban dans son ensemble ». Dans le même temps, M. Pharaon a mis l'accent sur la nécessité de préserver l'action du Tribunal spécial pour le Liban, tout en jugeant nécessaire de ne pas anticiper ses jugements, « d'autant qu'il est soumis à un contrôle international ». M. Pharaon a jugé tout aussi nécessaire de ne pas politiser l'action du TSL, « même si les circonstances dans lesquelles il travaille et le résultat de ses activités sont en partie politiques ».
Concernant l'appel lancé par Nasrallah au 14 Mars pour réviser ses orientations, M. Pharaon a affirmé : « Le 14 Mars a choisi de participer à la conférence de dialogue, de réorganiser les relations avec la Syrie, d'approuver l'arrangement de Doha, de participer à un gouvernement d'union nationale, d'insister sur le retrait des armes palestiniennes en dehors des camps et d'examiner une stratégie de défense. Ce qui est important aujourd'hui, c'est de préserver l'unanimité autour des résolutions adoptées à la conférence de dialogue ainsi que l'accord de Doha, en ce sens qu'il faut cesser de lancer les accusations de traîtrise. »
M. Pharaon a insisté sur le fait que le 14 Mars a « maintenu son attachement aux engagements qu'il a pris à la conférence de dialogue, à Doha, ainsi que dans le cadre de la déclaration ministérielle, alors que le 8 Mars s'est retourné contre ses engagements ».
Commentant aussi l'annonce faite par Nasrallah de révéler des informations dangereuses à l'avenir, M. Pharaon a répondu en réaffirmant son attachement à la paix civile et à la réalisation de la justice.

Zahra : Des propos inacceptables pour le 14 Mars
Le député Antoine Zahra, membre du bloc parlementaire des Forces libanaises, a quant à lui jugé « inacceptables pour le 14 Mars » l'appel de Nasrallah à une révision des orientations politiques de la coalition. M. Zahra a rejeté en vrac toute l'argumentation développée par le secrétaire général du Hezbollah au sujet de la politique suivie par la majorité depuis 2005 et ses conséquences sur le pays. « Il y a eu au contraire des réalisations importantes au niveau de l'édification d'un État, dont la mise en place du TSL qui œuvre pour faire la lumière sur les assassinats politiques », a souligné le député FL.
M. Zahra a reproché à Nasrallah d'avoir « bâti son discours sur l'hypothèse selon laquelle le TSL va innocenter la Syrie et ses alliés au Liban et incriminer le Hezbollah, jugeant le tribunal comme l'un des instruments du complot contre son parti ». « Rien ne confirme cette hypothèse qui a débouché sur une série de conditions posées comme d'habitude sur un ton poli et calme, dont celle de pousser le 14 Mars à renoncer à toute la période passée », a déclaré M. Zahra.

Nadim Gemayel
Abondant dans le même sens, Nadim Gemayel, député de Beyrouth et membre du bureau politique Kataëb, a insisté dans une interview à la MTV sur le fait que « les orientations du 14 Mars sont libanaises par excellence et se fondent sur le concept : le Liban d'abord ». « Si cheikh Nasrallah nous demande de réviser notre discours, c'est simplement parce qu'il ne lui plaît pas, et qu'il veut donner la priorité aux discours syrien et iranien, ce qui est inacceptable, a déclaré Nadim Gemayel. C'est aussi parce que la majorité lui barre la voie sur tous les plans. »
Nadim Gemayel a ajouté que les derniers propos du leader du Hezbollah contenaient des menaces. « Nous ne lui permettrons pas de détruire le pays comme il l'avait fait en juillet 2006 ou durant les incidents internes de 2008, a déclaré le député de Beyrouth. La partie qui a assassiné Rafic Hariri doit assumer ses responsabilités. »
Selon Nadim Gemayel, chaque parti ou mouvement politique devrait procéder à une autocritique. « Le 14 Mars, a-t-il souligné, aurait dû se concerter au sujet de ce qui s'est passé dernièrement, notamment les propositions de lois concernant les droits civils des Palestiniens et le discours de Nasrallah. »

Souhaid : Nasrallah veut une reddition et pas une révision
Pour l'ancien député Farès Souhaid, coordinateur du secrétariat général du 14 Mars, ce que le Hezbollah a demandé au 14 Mars « est une capitulation et non pas une révision de ses orientations politiques : une capitulation devant sa logique selon laquelle le TSL est israélien, et sa création est nulle et non avenue ». « Et si nous ne suivons pas le point de vue du parti divin au sujet du TSL et de ses activités, le commandant du Hezbollah est capable d'entraîner le pays sur une voie inconnue », a-t-il souligné.
M. Souhaid a qualifié les propos de Nasrallah d' « imprécis », jugeant qu'ils « sont rejetés par la majorité des Libanais ». Il a également rejeté la logique selon laquelle « les Libanais qui réclament la justice et la vérité sont pro-israéliens, et sont patriotiques s'ils y sont hostiles ».
Farès Souhaid a constaté que le responsable du Hezbollah paraissait « confus » lors de sa conférence de presse et a qualifié son discours de « faible ». « Il était embarrassé parce que la réconciliation libano-syrienne avec la bénédiction saoudienne ne s'est pas faite suivant le cahier des charges hezbollahi, ce qui ennuie ce parti, d'autant qu'il juge que cette réconciliation peut permettre à la Syrie de se dérober de ses responsabilités dans l'affaire des assassinats politiques au Liban, a déclaré M. Souhaid. » « Il est embarrassé aussi parce qu'il essaie d'imposer son point de vue au commandement du 14 Mars », a ajouté M. Souhaid, avant d'inviter sayyed Nasrallah à « ne pas se mettre lui-même au banc des accusés ». M. Souhaid a estimé que « seul un retour du Hezbollah dans le giron de l'État peut permettre au Liban d'en finir avec les conflits intérieurs, mais sur base des conditions de l'État, c'est-à dire sur base des points sur lesquels les Libanais se sont entendus : la reconnaissance du TSL et de l'accord de Taëf, qui n'autorise que les armes détenues par les forces légales, et l'appui aux résolutions internationales ».

Honein, Allouche et les Gardiens du cèdre
De son côté, l'ancien député Salah Honein a invité le Hezbollah à se livrer à une lecture critique « du résultat de la guerre de juillet 2006, de la paralysie du centre-ville et des événements du 7 mai » (2008). M. Honein a, d'autre part, affirmé que le TSL n'avait commis aucune erreur à l'égard des quatre officiers qui avaient été arrêtés dans le cadre de l'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri.
Pour sa part, l'ancien député Moustapha Allouche, membre du directoire du Courant du futur, a relevé que le ton de Nasrallah, jeudi, était moins incendiaire que lors de son précédent discours, mais « la teneur est la même ». « Les réponses de sayyed Nasrallah indiquent pat ailleurs une tendance à aller jusqu'au bout au sujet du tribunal », a déclaré M. Allouche.
Le député Hady Hobeiche, membre du bloc parlementaire du Courant du futur, a démenti quant à lui les propos de Nasrallah selon lesquels le Premier ministre Saad Hariri aurait informé le chef du Hezbollah que des membres « indisciplinés » de son parti seront accusés d'avoir été impliqués dans l'assassinat de Rafic Hariri. « Ces propos sont inexacts, a déclaré M. Hobeiche, car le président Hariri n'a pas informé Nasrallah de la teneur de l'acte d'accusation du fait qu'il n'est nullement au courant de l'acte d'accusation, comme l'a dit Nasrallah. »
Signalons, par ailleurs, que les Gardiens du cèdre ont vivement critiqué les attaques contre le TSL, soulignant qu' « il est clair que ceux qui ne veulent pas que soient dévoilées les circonstances de l'assassinat de Rafic Hariri tentent d'intimider le tribunal et de le court-circuiter ».
Enfin, le chef du Courant chiite libre, cheikh Mohammad Hajj Hassan, s'est élevé contre les menaces d'exécution d'un nouveau 7 Mai, soulignant que « les menaces proférées sur le plan interne mettent en danger la paix civile ». Le dignitaire chiite (hostile au projet du Hezbollah) a fait une déclaration en ce sens au terme d'un entretien avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir.
Comme il fallait s'y attendre, la conférence de presse du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, jeudi, a suscité de nombreuses réactions, plus ou moins nuancées suivant les cas, dans les rangs du 14 Mars. Certains ont estimé que le ton de Nasrallah a baissé par rapport à son premier discours,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut