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CD, DVD - Un peu plus de...

Voilà, c’est fini

1-0. L'Espagne a gagné. Après quelque 115 minutes de jeu. La joie, la liesse, l'euphorie. Les klaxons dans la rue. Les drapeaux flottent au vent, les jeunes femmes sont assises sur le bord des fenêtres. On crie, on se congratule, on chante, on rit. «Viva Espanaaaa». On taquine les perdants. On fait un bilan sur la Coupe du monde. Les plus beaux matches, les meilleurs joueurs, les grandes émotions. Et puis pouf, on se réveille lundi matin. C'est fini. Terminés les soirées foot, les pronostics, les engueulades. On fait quoi maintenant ? Quel drapeau met-on sur son BB? Quel status sur Facebook? Quel maillot porte-t-on? Le Mondial est terminé. C'est triste. Parce que même si l'ambiance est ultrafestive en ce moment au Liban, les 30 jours footballistiques que nous avons vécus étaient extraordinaires. Qu'on soit desperate housewife ou lolita à braces, avocat véreux ou rugbyman aficionado, téta en charentaises ou concierge imbibé, journaliste de mode ou enseignante de français, étudiant brillant ou architecte branchée, animateur radio ou politicien à la retraite, vice-présidente ou simple planton, on a tous regardé au moins un match pendant la Coupe du monde.
Un mois durant, le Liban a vibré aux couleurs de l'Allemagne, du Brésil, de l'Italie (si peu), de la France (encore moins), puis de l'Espagne et des Pays-Bas. On a tour à tour haï Domenech, insulté/défendu Anelka, savouré la défaite des tenants en titre, exulté lors des demi-finales, assisté aux conférences de presse de Bachelot et Sarkozy, acheté ces insupportables vuvuzelas, essayé de finir les cahiers Panini avec les enfants, attendu les pronostics de Paul le poulpe...
Paul le poulpe. Le plus grand délire mondial ever. Comme si la planète entière était sous exta. Paul a parlé. Paul ne s'est jamais trompé. Mieux que Michel Hayeck et Maguy Farah réunis. Paul a été adulé et abhorré. Kezbra wou toum. Les pro-Allemands ont tous rêvé de le cuisiner. Paul le poulpe, un cousin lointain d'Ursula... On s'y est tous mis au foot. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et parfois pas du tout. Rarement. Mais certains n'ont pas cédé à l'appel des sirènes. Quasiment tout le monde s'en est mêlé. Les présidents, les ministres, les souverains, les reines, les chanteurs, les actrices, les peintres, les philosophes. Les Français surtout. Z'ont été les rois de l'explication, de l'interprétation, de l'humiliation, de l'insulte. On a été pour, puis contre, puis à nouveau pour. On a troqué un drapeau pour un autre, on a échangé les maillots. Les hommes commentaient les passes, les femmes criaient «off-side». Ce n'était plus une question de physique ou de fantasme à la Beckham ou à la Ballack. Non, les conversations féminines tournaient autour des sprints de Müeller, du brio de Casillas, du Ballon d'or de Messi, des feintes de Forlan. Et quel enthousiasme. Pro-Espagne car les Latins ont le sang chaud. Et que j't'envoie du Gipsy Kings à fond la caisse, même s'ils chantent Volare, un morceau italien. Et que j'avale des litres de bière pour oublier le jeu soporifique des Germans.
C'est vraiment dommage que tout ça soit fini. Les écrans plasma et autres LCD ont quitté les murs des restaurants et des bars, et on ne fait plus de plan foot/delivery/engueulade. Finie la communion spontanée avec les sympathisants qu'on ne connaît même pas. Finies les embrassades avec l'ennemi. Fini le maquillage aux couleurs d'une équipe... On retourne à nos moutons saisonniers. Soirées guindées, mariages coincés, barbecues enflammés, beach parties über alcoolisées et week-ends farayotes mondains. Retour à la socialite aiguë. Et aux sourires de circonstance. Aux tralalis, aux tralalas. À cet espèce de foutage de gueule général d'hypocrisie et de coups bas, de latlaté et de bala ta3mé. Je préfère de loin parler de Paul le poulpe plutôt que de la voisine du dessous, aussi tentaculaire soit-elle. Je préfère fantasmer sur David Villa que mater le poitrail poilu du mec assis en face de moi à la plage. Je préfère débattre autour du jeu de jambes de Piqué plutôt que des parties de jambes en l'air de la dernière divorcée de la semaine. Je préfère les commentaires de la Jazira plutôt que la langue de bois qu'on entend tous les matins sur la LBC... Allez à dans quatre ans. Yaaaaaay, j'aurai 40 ans.
1-0. L'Espagne a gagné. Après quelque 115 minutes de jeu. La joie, la liesse, l'euphorie. Les klaxons dans la rue. Les drapeaux flottent au vent, les jeunes femmes sont assises sur le bord des fenêtres. On crie, on se congratule, on chante, on rit. «Viva Espanaaaa». On taquine les perdants. On fait un bilan sur la Coupe du monde. Les plus beaux matches,...

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