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Lifestyle - Hotte d’or

Rock Stars

Reykjavik. Enfin ! Huitième et dernière étape de mon auto-Canossa européen, cette bourgade jouvencelle (et néanmoins capitale d'Islande) me tendait gentiment les bras. Pas pour longtemps. Patreskfjördur m'attend. Quand elle a su que j'avais prévu son île comme point d'arrivée de mon pèlerinage, ma Björkinette m'a annoncé qu'elle s'occuperait de tout. D'absolument tout. Que je n'aurai qu'à me laisser envoler. Effectivement, c'est dans une Hummer bubble-gum pink où trônait dans sa glacière mordorée un balthazar de Veuve Clicquot rosé que je fais l'interminable, la lunaire route entre l'aéroport et le hameau de Patreskfjördur où Björkina s'est fait construire un bâtiment. Une sorte d'isba-hacienda-manoir écossais du XVe siècle don't la valeur pourrait effacer la dette islandaise dans sa totalité. Et nourrir le Biafra pendant un mois. Ma Björk. Nous nous sommes connues à Cannes, l'année de grâce de Dancer In The Dark. Nous nous sommes reconnues. Je portais des bagues Cartier à chaque doigt, elle des bottes de moto sur un tutu blanc, chacune de nous avait trouvé sa sœur. Je suis accueillie à Patreskfjördur par une fanfare, une véritable fanfare dans laquelle j'ai reconnu le jardinier, le métayer, le jeune cousin Rob et deux musiciens de Björkinou, ainsi que Michel Gondry, le clippeur-cinéaste à qui l'on doit un film délicieux (Eternal spotless quelque chose), le chanteur- créature Antony, les stylistes Viktor et Rolf et Mylène Farmer, alanguie très Dame aux camélias dans une ottomane fleurie. À dîner ce soir-là, sont arrivées sous nos ovations la Première ministre d'Islande, Joanna Sigurdardottir, et sa femme. Elles se sont mariées le 27 juin. C'est une première mondiale, une lesbienne à la tête d'un pays, c'est touchant. Elle est très drôle, très vive, dame Jo, et nous avons tous passé trois jours à rire comme des fous. Au quatrième, Björkinou m'assène la nouvelle : elle veut enregistrer une version en islandais de Paroles Paroles, avec moi dans le rôle de Dalida et la Farmer dans celui d'Alain Delon. Elle précise qu'elle sera à elle seule le chœur, comme chez Eschyle. Je lui demande combien de champignons hallucinogènes elle a consommé récemment. Elle me foudroie du regard, m'informe que les paroles sont écrites phonétiquement, que nous entrerons en studio en début de soirée, que je vendrai des millions de disques grâce à elle et que je n'ai pas intérêt à discuter. Mais je ne veux pas vendre des disques !!! Elle m'interrompt : Hush, tu m'indisposes. Et elle me claque les fesses. Et voilà que je me retrouve, moi la queen Margot, un horrible casque puant le hareng cru aux oreilles, en train de chanter du Dalida en islandais, en sirotant mon champagne à la paille, des fous rires gargantuesques, Mylène Farmer supersérieuse et coincée comme une autruche qui a avalé un balai par erreur essayant de faire sa Delon, Björky grattant une miniharpe en fumant une cigarette bizarrement longue de 32 centimètres, la Première ministre hurlant Viva España à s'en décrocher le poumon, Gondry filmant le tout les yeux bandés d'un foulard en soie pourpre, c'était Babel évidemment, mais c'était surtout miam miam.

margueritek@live.com
Reykjavik. Enfin ! Huitième et dernière étape de mon auto-Canossa européen, cette bourgade jouvencelle (et néanmoins capitale d'Islande) me tendait gentiment les bras. Pas pour longtemps. Patreskfjördur m'attend. Quand elle a su que j'avais prévu son île comme point d'arrivée de mon pèlerinage, ma Björkinette m'a...

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