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Santé

L’énurésie n’est pas une fatalité, mais une maladie qui se soigne

L’énurésie est un syndrome qui date depuis l’Antiquité. Photo Ferring pharmaceuticals

Trouble assez fréquent du développement de l'enfant et non de la miction, l'énurésie est un syndrome qui date depuis l'Antiquité (le Papyrus d'Ebert 1500 avant J-C, Aristote et George Orwell, auteur du roman 1984, en témoignent). Souvent considérée comme un «tabou», la fréquence de l'énurésie est toujours sous-estimée notamment dans certaines sociétés où ce syndrome est ressenti comme une honte ou un échec de l'éducation.
L'énurésie nocturne primaire isolée (ENPI) ou « bedwetting » pour les Anglo-Saxons est actuellement bien définie. Du grec « en ouresis », c'est-à-dire écoulement de l'urine, l'énurésie est la survenue intempestive durant le sommeil d'une miction normale le plus souvent complète, inconsciente et involontaire sans signes associés et qui dure depuis au moins six mois après l'âge normal de l'acquisition de la propreté, c'est-à-dire chez des enfants âgés de plus de 5 ans.
La littérature médicale s'est assez enrichie au cours de ces trois dernières décennies rapportant d'intéressants résultats de travaux et de recherches permettant une meilleure connaissance de ce « mal à l'aise » banal et bénin, qui guérit le plus souvent sans traitements, notamment entre l'âge de 5 et 7 ans. Souvent négligée par les médecins et parfois admise par certains parents, l'énurésie n'est pas une fatalité. Elle doit être améliorée ou guérie à tout prix, vu les répercussions multiples qu'elle engendre sur la qualité de vie de l'enfant du point de vue psychologique, familial, social et scolaire.
Depuis que les mécanismes physiopathologiques et les facteurs étiopathogéniques impliqués dans l'énurésie ainsi que les conditions d'acquisition de la propreté ont été bien élucidés, les indications thérapeutiques sont plus précises et le choix du médicament est dorénavant mieux approprié. Les facteurs intervenant dans l'énurésie sont assez nombreux et englobent notamment l'hérédité, l'immaturité neurologique, la capacité fonctionnelle vésicale et la polyurie nocturne majorée par la diminution, voire l'absence de sécrétion de vasopressine (hormone antidiurétique ou ADH).
Le sommeil profond dit « de plomb » n'a pas été prouvé dans la survenue de l'énurésie, mais il existerait, par contre, une perturbation de la réaction d'éveil par la réplétion vésicale (le seuil d'éveil est diminué chez les enfants énurétiques, les empêchant de se réveiller à temps). L'énurésie n'est pas d'origine psychologique, mais elle retentit sur la psychologie de l'enfant, plus particulièrement sur son « estime de soi », un pressentiment d'infériorité, de honte et de culpabilité avec une réduction des contacts sociaux. Les affections oto-rhino-laryngologiques (ORL) ne causent pas non plus l'énurésie, mais c'est l'hypercapnie (augmentation du gaz carbonique due à l'obstruction des voies respiratoires hautes et par la consommation des boissons surtout sucrées) qui peut la favoriser.
Où en sont réellement les résultats de tous ces progrès? Est-ce que l'enfant énurétique est-il vraiment bien soigné ? Comment conçoit-on actuellement sa prise en charge ?
Ne faudrait-il pas en parler un peu plus et orienter les travaux allant plus loin vers les conditions de réussite de ces prises en charge qui dépendent de facteurs socioculturels qui changent d'une société à l'autre.
Nous comprenons et parfois nous tolérons à tort quelques attitudes réticentes de certains parents et enfants démissionnaires non assez motivés, mais c'est à nous médecins et professionnels de l'éducation et de la santé de parler en détails de l'énurésie devant le grand public rendant de ce sujet, toujours vécu comme un tabou caché, une affection mieux comprise, et qu'on traite avec de très bons résultats. L'aide thérapeutique offerte à l'enfant énurétique comporte des mesures éducatives générales hygiéno-diététiques, un traitement médicamenteux bien adapté et qui n'est pas toujours systématique. Le système d'alarme ou « pipi-stop » a de très bons résultats chez les préadolescents motivés, et surtout s'il y a une coopération de la part des parents.
La thérapie comportementale correctement menée va relever bien haut chez l'enfant énurétique son « estime de soi », critère vraiment primordial dans la guérison de beaucoup de difficultés de l'enfant et en particulier l'énurésie.
Pour finir, il reste à dire que le traitement de l'énurésie aurait plus de chance de réussite si l'aide thérapeutique est accordée à un enfant énurétique chez qui on a su majorer la motivation et qu'on a su convaincre, lui et ses parents, que l'énurésie ça se soigne et les enfants énurétiques aussi.

Dr Youssef RACHKIDI,
pédiatre
Trouble assez fréquent du développement de l'enfant et non de la miction, l'énurésie est un syndrome qui date depuis l'Antiquité (le Papyrus d'Ebert 1500 avant J-C, Aristote et George Orwell, auteur du roman 1984, en témoignent). Souvent considérée comme un «tabou», la fréquence de l'énurésie est...

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