Couple sur scène comme dans la vie, Jean-Baptise Thierrée et Victoria Chaplin, qui ont partagé avec le public et en toute générosité leur univers particulier, teinté de naïveté et de candeur, semblent nous dire qu'il est bon encore de s'émerveiller de petits riens. Qu'ils sont également agréables ces petits plaisirs enrobés de la douceur de l'enfance, sans garde-fous, sans censure et qui vous invitent à pousser ce grand ah ! d'émerveillement.
Créé en 1990 par Victoria Chaplin (fille du grand Charlot ) et son époux, Jean-Baptiste Thierrée, Le cirque invisible a évolué avec le temps et les espaces où il se produit s'infiltrant dans les particularités de chaque audience et s'attachant aux aspérités de chacune.
Le visuel en folie
Multipliant les entrées et sorties, les deux artistes réalisent des saynètes de quelques secondes parfois, qui alternent sans lien commun, mais s'enchaînent dans une balade spatiotemporelle. À lui, ce tendre clown marshmallow (doux comme une guimauve) aux yeux ronds, les facéties dont il s'étonnera durant tout le spectacle. À elle, cette femme-caméléon contorsionniste à souhait, les humeurs de voguer sur les ailes du temps par de simples figures de meubles et d'habits.
À lui, le bavardage, les idées qui grouillent et se bousculent, les situations qui se renversent, les jeux de mots, les détournements de sens et les images inversées. À elle, le silence (un clin d'œil à son père peut-être), l'esthétisme élégant et le geste minimal, mais tellement créatif et créateur. Lui, le bouffon aux costumes loufoques, qui ne se prend pas au sérieux, mais aussi le marionnettiste et maestro d'opéra (lorsqu'il fait chanter ses jambes). Elle, le travail minutieux et élaboré tout en réserve. Ainsi, ces deux funambules du temps qui se livrent à un exercice risqué, puisqu'ils s'amusent à parodier (mais avec beaucoup de pudeur et de simplicité ) les magiciens, trapézistes ou jongleurs, réussissent par ces petits riens à emporter notre imagination très loin. Dans des univers poétiques différents, peuplés de geishas, de parasols ambulants transformables en calèches, de bestiaires « kusturikiens » (surtout les canards et canetons) ou de gros lapins transfuges d' « Alice au pays des merveilles ». Dans le monde du chant, où Thierrée devient à lui seul les douze compagnons de la chanson, et dans celui des costumes interchangeables et incroyables puisqu'ils se fondent dans le cadre.
Un monde en trompe-l'œil qui est celui de l'enchantement, puisque la magie du moment n'est que réminiscences de tous ces paradis de l'enfance, perdus et soudain retrouvés le temps d'un spectacle.
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