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Kirghizstan : craintes de nouvelles violences, l'ONU lance un appel de fonds

Des craintes de nouvelles violences interethniques subsistaient samedi dans le sud du Kirghizstan, alors que l'ONU lançait un appel de fonds pour un million de personnes affectées par les affrontements entre communautés ouzbèke et kirghize.

La tension était vive et la présence militaire importante dans la matinée à Och, deuxième ville de ce petit pays d'Asie centrale. Les violences, qui y ont éclaté dans la nuit du 10 au 11 juin avant de se répandre à Djalal-Abad, ont fait jusqu'à 2.000 morts, selon la présidente kirghize par intérim.

Après avoir visité vendredi l'Ouzbékistan où il a exigé une "enquête indépendante", Robert Blake, sous-secrétaire d'Etat américain chargé de l'Asie centrale et du sud, devait s'entretenir samedi avec des responsables du gouvernement intérimaire à Bichkek, capitale du Kirghizstan.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a estimé que "l'essentiel" était d'une part "d'essayer de soutenir" le gouvernement intérimaire kirghiz dans ses efforts pour "restaurer l'ordre", d'autre part d'acheminer l'aide humanitaire "aussi vite que possible" aux centaines de milliers de réfugiés et déplacés.

L'Organisation mondiale de la santé a indiqué vendredi que les émeutes auraient "affecté directement ou indirectement" un million de personnes (300.000 réfugiés et 700.000 déplacés à l'intérieur du pays). Les violences ont entraîné un flot de réfugiés en Ouzbékistan.

Samedi, à Och, des habitants déclaraient redouter de nouveaux affrontements. Des postes de contrôle de l'armée et de la police étaient toujours en place partout dans la ville, aux abords des quartiers ouzbeks où les violences ont été les plus meurtrières.

Les soldats contrôlaient les papiers des passagers et fouillaient les véhicules à la recherche d'armes.

La plupart des districts ouzbeks étaient toujours barricadés par des arbres coupés, des voitures brûlées, des conteneurs, des camions ou des autobus, empêchant l'accès des autorités.

C'est justement la promesse faite vendredi par la présidente par intérim Rosa Otounbaïeva de lever ces barricades samedi qui faisait craindre aux Ouzbeks de nouveaux affrontements, ces derniers accusant l'armée d'avoir participé aux violences contre eux.

"S'ils viennent libérer les voies d'accès, ils vont à nouveau nous tirer dessus. L'armée est contre nous, c'est une lutte de l'Etat contre nous", affirmait Poulat Chikhanov, 63 ans, habitant de la rue Alicher Novoï qui a été en grande partie incendiée il y a une semaine.

"On ne s'attend à rien de bon là. Ca va recommencer tant qu'ils n'auront pas chassé tous les Ouzbeks", assurait pour sa part Pourdoubaï Baroubaïev, le chef du quartier.

Au moins deux barrages ont toutefois été levés tôt samedi sans que des violences n'éclatent, selon des habitants d'Och.

De leur côté, les Kirghiz réclamaient l'intervention de la police dans ces quartiers en faisant état de la présence de nombreux otages, notamment des représentants des forces de l'ordre.

La mairie d'Och a, elle, indiqué à l'AFP que les corps mutilés de cinq otages, quatre hommes et une femme, avaient été repêchés dans une rivière à la sortie de Nariman, bourgade ouzbèke entre Och et la frontière avec l'Ouzbékistan.

L'ONU a lancé vendredi auprès des pays donateurs un appel de fonds d'urgence de 71 millions de dollars pour l'aide humanitaire au Kirghizstan.

Cet appel vise à faire face notamment à une pénurie de nourriture, a précisé le secrétaire général Ban Ki-moon. Un autre appel, destiné à l'Ouzbékistan voisin, sera lancé en début de semaine prochaine.

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a annoncé samedi l'organisation à partir de dimanche d'un pont aérien depuis Dubaï pour acheminer des vivres au Kirghizstan et en Ouzbékistan. Selon la directrice du PAM Josette Sheeran, "il n'y a pas une minute à perdre".

Des craintes de nouvelles violences interethniques subsistaient samedi dans le sud du Kirghizstan, alors que l'ONU lançait un appel de fonds pour un million de personnes affectées par les affrontements entre communautés ouzbèke et kirghize.
La tension était vive et la présence militaire importante dans la matinée à Och, deuxième ville...