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Santé

Les perturbateurs endocriniens : attention, danger ?

Des études convergentes rapportent la présence croissante dans notre environnement de certains produits appelés perturbateurs endocriniens (endocrine disruptors, en anglais). Il s'agit essentiellement de produits chimiques industriels - solvants et lubrifiants (PCBs, dioxine); plastiques (phthalates, bisphénol A) et pesticides - qui interfèrent avec le système endocrinien, provoquant des désordres hormonaux, des troubles de la reproduction, des cancers hormono-dépendants (cancers du sein, du testicule, de l'ovaire et de la prostate), ainsi qu'une augmentation du risque d'obésité et de diabète. Le contact avec ces produits se fait par ingestion d'une eau ou d'un aliment contaminés, par respiration d'un air pollué ou par contact cutané, les périodes critiques de l'exposition étant la vie fœtale, la jeune enfance et la puberté.
Suspecter la nocivité des ces produits n'a pas été chose aisée. La difficulté de les incriminer de façon indiscutable s'explique par la longue latence dans la survenue des symptômes, les conséquences d'une contamination durant l'enfance pouvant n'apparaître qu'à l'âge adulte. De plus, on est rarement exposé à un seul produit, mais bien plus souvent à plusieurs, non nocifs individuellement, mais dont la combinaison dans notre organisme peut s'avérer dangereuse. Les premiers signes alarmants ont été observés chez les animaux sauvages, puis confirmés sur les animaux de laboratoire. Même si un lien nocif direct n'a pas encore été établi chez l'homme, les autorités sanitaires sont unanimes à émettre une sérieuse mise en garde.
La liste, non exhaustive, des perturbateurs endocriniens comprend:
- Les PCBs et la dioxine: qualifiés de polluants organiques persistants à cause de leur longue demi-vie, ils infiltrent la nappe phréatique de manière durable, pénétrant par la suite la chaîne alimentaire (poissons, viande, produits laitiers). Les PCBs ont été interdits en 1970, mais ils demeurent largement présents dans l'environnement. Le Liban a connu une contamination par la dioxine en provenance d'Italie à la fin des années 80.
- Le DDT: actuellement interdit dans la majorité des pays, il a été remplacé par de nouveaux pesticides dont on connaît encore mal les effets à long terme sur la santé des agriculteurs et des consommateurs.
- Les phthalates: présents dans les plastiques flexibles, ils sont interdits dans la fabrication des jouets pour enfants depuis 1999 en Europe et depuis 2008 aux États-Unis. Mais on les retrouve encore dans les parfums, les lotions, les laques et les vernis, ainsi que dans les excipients de certains médicaments.
- Le bisphénol A: lui aussi entre dans la composition des plastiques. Il est considéré comme le produit à plus haut risque. En effet, même si sa demi-vie est courte, il est présent dans d'innombrables produits d'utilisation courante (biberons, bouteilles d'eau minérale, de lait et d'huile de cuisine, boîtes de conserve, cannettes, «cling films») à tel point qu'il est retrouvé dans l'urine de 92% des Américains. Il est également présent dans le liquide amniotique et le lait maternel. Une fois chauffé, le plastique va libérer le bisphénol A qui pourra se répandre dans le récipient et en contaminer le contenu. Une ingestion quotidienne inférieure à 50 microgrammes/kg de poids est actuellement considérée sans risque, mais des études récentes ont montré que des doses bien plus faibles pourraient être paradoxalement plus toxiques.
- Le triclocarban: dernier en date des produits incriminés, il s'agit d'un antiseptique présent dans les pains de savon et les pâtes dentifrices.
Sans vouloir être alarmiste, il semble raisonnable, en l'état actuel des connaissances, de recommander certaines précautions, surtout aux femmes enceintes et aux enfants:
- ne pas chauffer dans le micro-ondes des récipients en plastique ou recouverts de films en plastique;
- ne pas placer des éléments en plastique dans un lave-vaisselle;
- utiliser une vaisselle en verre plutôt qu'en
plastique;
- n'acheter que les produits en plastique libellés «sans phthalates» ou «sans bisphénol A»;
- éviter les boîtes de conserve, et les pains de savon et pâtes dentifrices renfermant des antiseptiques.

Pr Sélim JAMBART
Chef du service d'endocrinologie de l'Hôtel-Dieu de France
Des études convergentes rapportent la présence croissante dans notre environnement de certains produits appelés perturbateurs endocriniens (endocrine disruptors, en anglais). Il s'agit essentiellement de produits chimiques industriels - solvants et lubrifiants (PCBs, dioxine); plastiques (phthalates, bisphénol A) et pesticides - qui interfèrent avec le...

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