Le corps d’une petite fille originaire de Klaya passe la frontière de Ras Naqoura

Karine Georges Nohra, trois ans, a été enterrée hier dans son village de Klaya. Le corps de la petite Karine a été transporté hier matin du nord d'Israël jusqu'à Naqoura par la Croix-Rouge internationale où des membres de sa famille attendaient.
Karine est née en Israël, elle a est la fille d'un ancien milicien de l'ALS, Georges Nohra, qui avait choisi de quitter sa terre natale avec le retrait israélien en mai 2000, il y a dix ans. À l'époque, Georges était parti en Israël avec son épouse et son fils qui avait un an. Il était égalerment accompagné de quelques-uns de ses frères. Comme beaucoup de Libanais de la bande frontalière ayant fui leur terre natale craignant les représailles du Hezbollah, il espérait rentrer chez lui un jour. Mais l'attente a été trop longue. Et Georges a continué sa vie loin du Liban, s'adaptant tant bien que mal à son nouveau quotidien en Israël.
De l'autre côté de la frontière, Georges a eu deux filles dont Karine, née avec une malformation au foie. Elle est décédée au début de la semaine. Georges et son épouse ont décidé d'envoyer le petit corps de leur fille dans leur pays natal afin qu'il y soit enterré. Hier ses grands-parents, qui ne la connaissaient pas, ont organisé ses obsèques à Klaya, village exclusivement maronite de la bande frontalière.
Plusieurs milliers de Libanais, ayant quitté le Liban-Sud avec le retrait des troupes israéliennes, vivent toujours en territoire ennemi. Beaucoup d'entre eux partis avec leurs femmes ont eu des enfants, d'autres se sont mariés entre eux en Israël. Certains sont rentrés en Liban. Aucun d'eux n'a pu enregistrer son mariage ou ses enfants dans le pays. Leur retour va sans compter, une fois rentrés au Liban, les humiliations subies lors des interrogatoires, la privation de leurs droits civils et encore le chômage.
« Aujourd'hui Klaya, à elle seule, compte un millier de Libanais toujours bloqués derrière la frontière. Ce chiffre n'inclut pas les enfants nés en Israël », indique Ronite Daher correspondante d'an-Nahar à Marjeyoun.
Depuis dix ans, par intermittence, la Croix-Rouge internationale transporte le corps de Libanais morts en Israël. Ces Libanais s'étaient rangés du mauvais côté lors de l'occupation israélienne. Ils disent qu'ils n'avaient pas le choix. Et depuis dix ans ils ne font que payer trop cher le prix d'une situation, aussi vieille que le conflit du Moyen-Orient, et qu'ils n'ont pas choisi de vivre.