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Moyen Orient et Monde - Reportage

Jordaniennes et femmes de loi

Depuis 2002, les femmes policières règlent la circulation dans certaines villes du royaume hachémite. Mais en raison des mentalités parfois conservatrices dans certaines régions, elles ne peuvent être postées partout.

Wala, 24 ans, femme policière et ancienne étudiante en philosophie.

Le port de tête est droit. Le pantalon large. La veste cintrée mais pas moulante. Le képi sous le bras, Wala, coiffée d'un voile blanc et le regard légèrement maquillé, est sûre d'elle. « On nous apprend à avoir confiance en nous », explique-t-elle. Lorsqu'elle a décidé de rejoindre le département de la circulation de la police nationale, cette Jordanienne de 24 ans, ancienne étudiante en philosophie, assure avoir reçu les encouragements de sa famille.
Depuis 1972, la police jordanienne accueille ses citoyennes. Cantonnées dans des bureaux, il a fallu attendre 2002 pour que ces femmes de loi soient présentes au vu et au su de tous. Au début, le pari n'était pas gagné. « Lorsque nous avons commencé à positionner des femmes au carrefour, les mentalités n'étaient pas prêtes. Les conducteurs ne respectaient pas les règles et n'acceptaient pas qu'elles leur délivrent des contraventions. Maintenant, c'est devenu normal », explique Maen Khasawneh, le responsable du département de la circulation.
« Elles sont souvent plus strictes que les hommes, mais nous parlent mieux que ceux qui se croient au-dessus de tout le monde », lâche Youssef, chauffeur de bus, avant d'éclater de rire. À Amman, ces gestionnaires de la circulation occupent une dizaine de points stratégiques, comme à Abdoun, par exemple, le quartier huppé de la ville. Elles sont également postées dans d'autres villes du pays, comme Aqaba, au sud, ou Jérash, au nord. « Grâce à leur nombre croissant chaque année, nous pouvons ouvrir de nouveaux postes pour les femmes », poursuit Maen Khasawneh, sans avoir le moindre pourcentage à disposition. Mais « dans certaines régions reculées, il est encore impossible de les poster », commente Besma, la responsable des femmes du département, alors qu'entre dans son bureau Fatima, une jeune policière, les bras chargés de pâtisseries. Prenant une douceur, Besma précise que « certaines ont reçu des menaces », sans toutefois vouloir citer un seul village. « Les femmes ne peuvent pas non plus travailler le soir ou sur les autoroutes, cela est trop dangereux pour elles. Mais les mentalités évoluent », soutient Maen Khasawneh. La preuve ? « La plupart des inscrites à l'école de police - une centaine par an qui intègrent ensuite les différents départements - viennent directement de ces villages reculés. Un jour, les résidents accepteront de voir des femmes dans leurs rues les contrôler », poursuit-il confiant, alors que Wala, de son côté, assure que certaines mentalités mettront « des générations entières à changer, comme chez les Bédouins ».
Pour Wala, travailler dans la police est un gage d'assurance. « C'est beaucoup mieux rémunéré que n'importe quel autre emploi destiné aux femmes en Jordanie. Et nous sommes à égalité avec les hommes ici », assure-t-elle, plaçant son képi sur sa tête. Par mois, elle reçoit un salaire de 400 dinars (soit un peu plus de 550 dollars) dans un pays où le salaire minimum est de 250 dinars, et bénéficie également d'une sécurité sociale. « Nous ne travaillons jamais le week-end (vendredi et samedi) et seulement 3h30 par jour », poursuit cette jeune femme. Depuis début mai, une garderie a également ouvert pour accueillir les enfants des 130 femmes présentes au sein du département de la circulation qui n'ont pas toujours les moyens de les faire garder.
Depuis quelques semaines, six femmes patrouillent dans la capitale en moto. Une première dans le pays ! Les femmes de la police jordanienne sont également présentes au sein des services investigation et ingénierie, à l'instar de Ruba. Pour cette ingénieure des travaux publics, être dans la police était une vocation. « Mon père était colonel et mon mari est commandant dans l'armée. Je suis fière de servir mon pays », récite machinalement cette chrétienne à la coupe garçonne, sachant pertinemment que dans les pays voisins, les femmes occupent très rarement des postes sur le terrain. « Pour nous, c'est normal, nous considérons que les femmes sont égales aux hommes. Elles sont même souvent plus professionnelles », insiste Maen Khasawneh.
Le port de tête est droit. Le pantalon large. La veste cintrée mais pas moulante. Le képi sous le bras, Wala, coiffée d'un voile blanc et le regard légèrement maquillé, est sûre d'elle. « On nous apprend à avoir confiance en nous », explique-t-elle. Lorsqu'elle a décidé de rejoindre le...
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