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Culture - Théâtre

La tour de Babel de Christophe Cotteret

« Au commencement était le verbe ». C'est ainsi que s'intitule la pièce tragi-comique qui s'inscrit dans la démarche scénique Projet-Liban de Christophe Cotteret, présentée au théâtre al-Madina*

Des comédiens authentiques illustrent l’inertie du verbe et le dynamisme de l’action. (DR)

Après Les Heures noires, qui évoquaient la guerre de trente-trois jours de 2006, Christophe Cotteret reprend le flambeau et aborde les conflits arabo-israéliens qui ont suivi la résolution onusienne de 1947, responsable du démembrement de l'État de Palestine et les légions de résolutions stériles qui lui ont succédé. Une pièce présentée déjà à Bruxelles et amenée à voyager et à véhiculer toutes sortes d'images.

Une chorégraphie dynamique
 « Au commencement était le verbe. » Avec une telle proposition, on devrait s'attendre à ce que le verbe génère l'action. Il n'en est rien. Depuis des années, « ce verbe » diplomatique patauge pour ne devenir que borborygmes, onomatopées, chahut. Enfin, fracas de bombes. Au son des tambours qui précède la pièce et de la musique troublante de Rachmaninov et la direction de sa troupe franco-libano-belge, Arcinolether, le metteur en scène a illustré à la fois l'impuissance de l'organisation internationale et l'anachronisme dominant entre les actes et les mots.
Un contraste entre le statique et le dynamique, mis en évidence à travers l'absurdité et l'incommunicabilité. Dans le local reconstitué en assemblée de l'ONU, la situation incohérente dénote avec la réalité tragique sur le terrain. En effet, sur fond de projections vidéos qui reprennent les grandes dates historiques, la légèreté, voire la frivolité de ces êtres apparaît comme insoutenable. Marionnettes démantibulées, ces représentants diplomatiques pratiquent, comme on le dit si bien, la langue de bois, c'est-à-dire des mots qui manquent de souplesse et de flexibilité, et leur dialogue de sourds se termine souvent par un crêpage de chignons.
« Pour aboutir à la mise en œuvre de ce projet théâtral à sujet politique en évitant les écueils de l'attitude partisane ou militante, car tel n'est pas notre objectif, précise Cotteret, il nous a fallu effectuer beaucoup de recherches dans les archives et une documentation exhaustive. » Au bout du compte, une plongée dans l'histoire qui commence en 1945 et qui se termine (?) de nos jours. « En observant les faits d'une manière distanciée, ajoute le metteur en scène, nous sommes parvenus à extraire l'absurde de la réalité et l'illustrer théâtralement. »
Au commencement était le verbe est une performance qui mêle chorégraphie, visuel, musique et chants, mais également les trois langues, française, arabe et anglaise.
Portée par une troupe talentueuse, Raymond el-Hosny, Maria Harfouche, François Kah, Réa Rogliano et Olivier Rosman, l'action ne cesse d'aller crescendo pour finir dans une apothéose qui emmène le public dans la spirale du verbe de l'ONU. Ou plutôt de son verbiage.
Jusqu'à l'épuisement. L'éclatement.

* 20h30, jusqu'au samedi 8 mai.
Après Les Heures noires, qui évoquaient la guerre de trente-trois jours de 2006, Christophe Cotteret reprend le flambeau et aborde les conflits arabo-israéliens qui ont suivi la résolution onusienne de 1947, responsable du démembrement de l'État de Palestine et les légions de résolutions stériles qui lui ont succédé. Une...

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