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Lifestyle - Santé

Les Russes prennent goût à bien manger chez eux

Alexandre est chirurgien de métier. Mais le matin, avant de se rendre à l'hôpital pour y opérer à coeur ouvert, il allume son poste et suit les cours de la vedette de la cuisine britannique Jamie Oliver, traduits en russe, pour y dénicher l'idée du repas du soir.

Elena Tchekalova, une véritable cordon bleu sans formation professionnelle, anime la rubrique gastronomique quotidienne au journal télévisé du matin sur la 1ere chaîne et son émission "Manger est un bonheur" bat les record d'audimat avec ses 30%. /

Cardiologue de 37 ans, Alexandre Bilitch fait partie de ces nombreuses nouvelles fines gueules russes qui découvrent la joie de s'exprimer à leurs fourneaux.

Sites spécialisés, cours culinaires, voyages gastronomiques et émissions sur la cuisine animées par des célébrités russes se sont multipliés ces derniers temps dans l'ex-URSS, un paradoxe pour une contrée où jusqu'à récemment le bien-manger était considéré comme une activité "bourgeoise", à l'instar des autres plaisirs charnels.

"En URSS, ne pas cuisiner chez soi était prestigieux : une vie spirituelle sous-entendait théâtres et musées et sandwichs comme accompagnement", raconte Léonid Parfenov, auteur d'une série d'émissions télévisées sur la vie quotidienne en URSS.

Aujourd'hui, les Russes évoluent vers d'autres valeurs.

À Moscou, surprendre ses hôtes avec un nouveau succès gastronomique fait aujourd'hui plus chic que de les inviter au restaurant, une mode découverte en nouvelle Russie aussitôt après la fin de l'époque des cantines soviétiques.

"La gastromania est répandue avant tout chez les couches aisées, saturées de repas au restaurant", selon M. Parfenov.

"Nous allons moins souvent au restaurant : chez nous, c'est bien meilleur et on mange autant qu'on veut", explique Alexandre, rappelant une récente soirée chez lui où les invités fabriquaient eux-mêmes des raviolis avec un nouvel ustensile acheté dans ce but.

Avec sa femme Alina, chercheuse en médecine de 33 ans - capable de traverser tout Moscou pour trouver de la farine de sarrasin pour fabriquer un nouveau pain - ils détiennent chez eux une trentaine de livres culinaires, dont quatre volumes du Larousse Gastronomique sortis récemment en russe.

Le couple rêve également de s'offrir un de ces voyages gastronomiques, en France ou en Italie, proposés aujourd'hui par nombreuses compagnies touristiques.

C'est après l'un de ses voyages en Italie que Elena Tchekalova, une véritable cordon bleu sans formation professionnelle, s'est vu attribuer une chronique culinaire dans le supplément hebdomadaire du prestigieux journal Kommersant. Ce genre de rubrique est devenu quasi-incontournable dans les grands médias russes.

Aujourd'hui cette femme énergique et volubile, à la gaieté communicative, anime aussi la rubrique gastronomique quotidienne au journal télévisé du matin sur la 1ere chaîne et son émission "Manger est un bonheur" bat les record d'audimat avec ses 30%.

Son programme rivalise avec celui d'un autre chef-cuisinier amateur, Ioulia Vyssotskaïa, actrice et épouse du cinéaste Andreï Kontchalovski, qui endosse ce rôle avec une fraîcheur captivante dans la production baptisée "Mangeons chez nous".

Mais là où cette dernière vise en général plutôt la classe moyenne, Elena Tchekalova déclare en riant s'adresser "aux vendeuses et conducteurs d'autobus", et se réclame du célèbre chef français Paul Bocuse.

"L'art culinaire doit entrer dans chaque appartement : je montre que bien manger n'est pas cher et peut rendre heureux", dit l'animatrice dont le site reçoit près de 5 000 visites par jour.

"Et c'est avec des gens plus heureux et qui se respectent qu'on peut rendre notre société plus libérale", estime Elena.

Le message semble de fait passer auprès des Russes. "Quel miracle! Mon mari et ma belle-mère, une femme d'affaires qui n'a jamais rien préparé de sa vie, ont commencé à cuisiner... Manger est un véritable bonheur!", lui a écrit une internaute, Ioulia Saïts.

Cardiologue de 37 ans, Alexandre Bilitch fait partie de ces nombreuses nouvelles fines gueules russes qui découvrent la joie de s'exprimer à leurs fourneaux.
Sites spécialisés, cours culinaires, voyages gastronomiques et émissions sur la cuisine animées par des célébrités russes se sont multipliés ces derniers temps...

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