Toutefois, cette hausse prend des proportions parfois surréalistes. Dans une ville inondée de rumeurs et d'informations infondées, où tout le monde joue les experts immobiliers, les propriétaires ne savent plus sur quel pied danser. Ceux qui ne veulent pas vendre s'amusent à demander toujours plus. S'il est naturel et humain de demander le meilleur prix, il devient incorrect d'afficher des prix incohérents. À l'opposé, les propriétaires désireux de vendre ne savent plus comment analyser l'évolution du marché et sont pris au piège de la surenchère.
Désormais, il faut compter une incidence foncière de 1 500 à 1 800 dollars le mètre carré dans les quartiers les plus prisés de Beyrouth (Furn el-Hayek, Gemmayzé, Hamra, Clemenceau). La fièvre a même touché les secteurs résidentiels dits populaires. Les prix demandés peuvent y atteindre 700 à 800 dollars le m2 d'incidence alors que les appartements peinent à se vendre à 2 000 dollars le m2. Au final, l'écart actuel entre le reste de Beyrouth et le centre-ville dont l'incidence foncière se situe au minimum en dessous de 3 000 dollars le m2 n'a jamais été aussi réduit. Le constat est simple, soit les terrains de Solidere sont sous-évalués, soit les prix demandés ici et là sont injustifiés.
Dans ce contexte, les acheteurs potentiels sont désabusés. Pourtant, l'appétit des promoteurs est toujours d'actualité. Mais la cherté des prix est en train de plomber le marché. Au regard de l'évolution des ventes des appartements, les promoteurs sont de plus en plus réticents à payer le prix fort, même pour les plus belles parcelles. Conscients que la donne et l'intérêt des clients changent, beaucoup ne veulent pas céder aux exigences des propriétaires et prennent leur temps pour trouver le bien-fonds à un juste prix. Si les développeurs s'inquiètent de la situation, les spéculateurs sont moins patients et préfèrent toujours investir dans la terre au lieu de placer leur économie en banque. Tous les ingrédients d'une bulle spéculative se mettent alors en place. Un autre danger guette : certains promoteurs compensent le surcoût du foncier dans la qualité de la construction et vendent des appartements bas de gamme mais au prix fort. Pour enrayer l'inflation des prix, Solidere a une belle carte à jouer et pourrait en profiter en gelant temporairement ses tarifs. Plus les incidences foncières du centre-ville seront proches de celles des autres quartiers de la capitale, plus Solidere sera en position de force et pourra valoriser ses terrains. Qu'on apprécie ou pas le projet de reconstruction commencé en 1994, le centre de Beyrouth est un espace planifié avec des infrastructures, des aménagements urbains et un environnement de qualité. Ainsi, il est illogique qu'une parcelle à Sassine, à Verdun ou au front de mer d'Aïn el-Mreissé soit plus chère qu'au centre-ville où se trouvent les appartements et les commerces les plus chers du pays.
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