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Économie - Analyse

Doit-on avoir peur de notre dette publique ?

De Louis Hobeika *
La dette publique libanaise s'élève à plus de 150 % du PIB, quels que soient les calculs ou critères adoptés. C'est donc une dette élevée en termes absolu et relatif, et dont le remboursement s'avère difficile, au vu de la conjoncture économique actuelle et des moyens potentiels dont dispose le pays pour régler ses engagements.
Pour pouvoir toutefois limiter les dégâts et aboutir à une baisse de sa dette, le Liban devrait dans un premier temps adopter une politique de rationalisation des dépenses, et procéder à des réformes administratives et fiscales permettant de lutter contre la corruption rampante. Dans un second temps, le pays devra amorcer le processus de privatisation de manière intelligente et transparente.
Le gouvernement libanais ne peut augmenter les impôts avant de se montrer au moins capable de pourvoir aux vacances au sein de la Fonction publique, en l'occurrence au sein de la Commission de contrôle des banques, et de prendre des mesures de base limitant les dépenses publiques jugées excessives par les organismes internes et internationaux.
Le problème de la dette publique ne se limite toutefois pas au Liban. En effet, le ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB) s'élevait en 2009 à 67 % en Espagne, 72 % aux États-Unis, 83 % en Allemagne, 89 % au Royaume-Uni et 127 % en Grèce. Tous ces ratios demeurent néanmoins inférieurs à celui du pays du Cèdre. La dette publique française est passée en outre de 64 % du PIB en 2007 à 76 % en 2009 suite aux actions menées pour faire face à la crise financière internationale. Le dernier grand emprunt de la France, bien qu'il ait contribué à une hausse du montant de la dette, a été très bien canalisé, permettant ainsi d'améliorer la productivité et d'augmenter les investissements au sein du secteur de l'éducation et de la recherche. Le grand problème des emprunts publics libanais réside dans le fait qu'ils financent la consommation et non l'investissement. Ils sont par conséquent souvent néfastes pour l'économie et piègent l'État dans un cercle vicieux.
Doit-on avoir peur de la dette ? La peur constitue une menace plus sérieuse que la dette elle-même. Il n'en reste pas moins que le ratio de la dette au PIB devrait à tout prix être réduit au Liban. Pour aboutir à cela, on ne peut toutefois compter uniquement sur le dénominateur, c'est-à-dire sur une plus forte croissance, dans une région pleine d'incertitude. Un grand effort est demandé de la part du gouvernement pour réévaluer le système et le contenu des dépenses publiques. Le système devrait en effet reposer davantage sur des taxes progressives, comme c'est le cas aujourd'hui dans de nombreux pays émergents et développés. En outre, l'on ne peut laisser notre administration publique aussi improductive alors que ses tâches augmentent avec le temps. Une meilleure gestion de l'État est ainsi requise avant de recourir à une augmentation, même minime, des taux d'imposition.
Seuls une vision globale et un plan de réformes clair sont susceptibles de créer une plus grande dynamique au niveau des investissements. En outre, la hausse des dépôts est certes une bonne chose ; l'attraction des capitaux devrait toutefois servir en premier lieu à financer les petites et moyennes entreprises (PME). Le gouvernement devrait œuvrer, en parallèle, à affermir la confiance des citoyens dans les actions de l'État. Il faut transformer la situation actuelle de méfiance en une situation de confiance permettant d'établir un dialogue entre le gouvernement, d'une part, le secteur privé et la société civile, d'autre part. Faut-il avoir peur de la dette ? Non, mais il faut bien suivre son évolution pour éviter tout dérapage dangereux.

*Professeur d'économie et de finance à la NDU.
La dette publique libanaise s'élève à plus de 150 % du PIB, quels que soient les calculs ou critères adoptés. C'est donc une dette élevée en termes absolu et relatif, et dont le remboursement s'avère difficile, au vu de la conjoncture économique actuelle et des moyens potentiels dont dispose le pays pour régler ses engagements.Pour pouvoir toutefois limiter les dégâts et aboutir à une baisse de sa dette, le Liban devrait dans un premier temps adopter une politique de rationalisation des dépenses, et procéder à des réformes administratives et fiscales permettant de lutter contre la corruption rampante. Dans un second temps, le pays devra amorcer le processus de privatisation de manière intelligente et...
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