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Culture - Théâtre

«Raja wa Sitt Wardé », une adaptation libanaise d’« Oscar et la dame rose »

« Oscar et la dame rose », la fameuse pièce d'Éric-Emmanuel Schmitt, « libanisée » par Michel Khattar, à l'initiative de Lotti Adaimi, directrice du Kulturzentrum, cela donne « Raja wa Sitt Wardé ». Une production estudiantine pleine de bonnes intentions.

Une pièce lumineuse qui se déroule pourtant dans une chambre d’hôpital. Photo Marwan Assaf

Raja, petit leucémique de 10 ans, a appris qu'il allait mourir en écoutant aux portes. Il en veut terriblement à ses parents de ne pas oser lui en parler et confie son désarroi à Sitt Wardé. Laquelle, pour l'aider à surmonter son désespoir, va l'encourager à écrire chaque jour une lettre à Dieu. Douze missives dans lesquelles le petit homme va condenser sa courte vie et raconter ses aventures drôles, émouvantes et cocasses avec ses camarades d'hôpital. Douze lettres que la dame rose va relire après son décès en y découvrant, en filigrane, l'évolution spirituelle du petit garçon et son cheminement vers l'acceptation apaisée de son destin.
Présentée au palais de l'Unesco par le Kulturzentrum, en collaboration avec les Lions Clubs du Kesrouan et le Green Garden Group, la première de cette pièce - interprétée par les étudiants de l'Institut des beaux-arts de l'UL et de la Lebanese German University - a pour objectif de venir en aide aux enfants atteints de maladies incurables. Au moyen d'une petite contribution financière d'une part (les recettes de cette soirée leur seront intégralement reversées), mais certainement, plus profondément, en sensibilisant l'opinion publique à ces tragédies vécues dans l'ombre que sont la maladie et la mort d'un enfant.

Message humaniste
Des drames d'autant plus terribles qu'ils sont souvent mal gérés par les parents et les membres du corps hospitalier. Car même bardés de diplômes, même en « blouse blanche », les adultes restent souvent  déboussolés face à l'injustice suprême que représente la souffrance d'un
enfant.
Heureusement qu'il y a des dames roses, ces bénévoles qui, au Liban comme en France, visitent les petits malades dans les hôpitaux, et pratiquent la compassion intelligente. C'est-à-dire cette infinie tendresse exprimée au moyen d'une complicité tissée d'humour, de sérénité et surtout d'une attitude sans faux-fuyant face aux questions douloureusement pertinentes...
Ces dames roses, qui ont inspiré le personnage homonyme de la lumineuse pièce d'Éric-Emmanuel Schmitt, sont dans l'adaptation libanaise signée Michel Khattar représentées par Sitt Wardé.
Oscar, le petit leucémique de 10 ans de la pièce française d'origine, a été lui rebaptisé - avec finesse - Raja (synonyme d'imploration ou de prière). Pour le reste, dans sa version libanaise, Michel Khattar a totalement respecté le texte du célèbre dramaturge français. Un texte à la fois simple et profondément spirituel, mais aussi ponctué de formules affutées, parfaitement traduites dans un dialecte arabe de bon aloi.
Un texte qui donne la part belle au dialogue complice entre le jeune Raja, cloîtré dans sa chambre d'hôpital, et Sitt Wardé, sa visiteuse. Un échange duquel émergent des questions existentielles sur la vie, la mort, le courage, la foi, traitées avec humour, sensibilité et philosophie.
Sans oublier cette formidable leçon de conduite qu'administre avec finesse et empathie cette pièce à tous ceux qui sont confrontés à la maladie d'un de leurs proches. Enfant ou patient !
Le message, spirituel et humaniste, passe. Grâce, notamment, à la bonne interprétation des deux apprenties-comédiennes principales : Stéphanie Kayal, qui se glisse avec beaucoup de crédibilité dans la peau de Raja, et Nathalie Kattoura, plutôt juste dans le rôle de Sitt Wardé. Et cela en dépit d'une mise en scène qui, à trop vouloir combiner les techniques audiovisuelles et théâtrales (utilisation de marionnettes géantes et projections d'images en musique et chansons qui rappellent trop les clips), affaiblit un peu l'impact émotionnel du jeu.
Toujours est-il que cette pièce, produite par le Kulturzentrum (encore un bel exemple d'initiative privée !), devrait normalement toucher sa cible : les établissements scolaires et universitaires, auxquels elle peut apporter une initiation à un théâtre populaire de belle qualité... humaine.
Raja, petit leucémique de 10 ans, a appris qu'il allait mourir en écoutant aux portes. Il en veut terriblement à ses parents de ne pas oser lui en parler et confie son désarroi à Sitt Wardé. Laquelle, pour l'aider à surmonter son désespoir, va l'encourager à écrire chaque jour une lettre à Dieu. Douze missives...

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