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Haïti : les dix Américains devant la justice, l'Unicef lance un cri d'alarme

Dix Américains soupçonnés d'avoir voulu exfiltrer une trentaine d'enfants d'Haïti devaient comparaître jeudi devant la justice, mais les autorités regrettaient que cette affaire occupe le devant de la scène aux dépens des secours et de la reconstruction du pays.

Trois semaines après le tremblement de terre qui a tué au moins 200.000 personnes, selon une estimation fournie mercredi à l'AFP par le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive, le groupe de baptistes américains est arrivé au parquet à Port-au-Prince, où devait leur être signifiée une éventuelle inculpation.

"Nous faisons confiance à Dieu pour que cela se termine bien", a déclaré l'une des membres du groupe à son arrivée.

L'avocat des dix Américains a émis l'espoir jeudi qu'un seul d'entre eux soit poursuivi par la justice haïtienne. "A mon avis ils sont tous innocents, mais la justice pourrait poursuivre le responsable du groupe", a indiqué à l'AFP Me Edwin Coq, sans préciser de qui il s'agissait.

Jusqu'ici, Laura Silsby, de l'association caritative "Le refuge pour une nouvelle vie des enfants", basée dans l'Idaho (nord-ouest des Etats-Unis), s'était présentée comme la responsable du groupe. "Nous ne sommes venus que pour aider les enfants. Nous avions de bonnes intentions", avait-elle affirmé.

Les dix membres du groupe ont été interpellés vendredi près de la frontière dominicaine en compagnie de 33 enfants, dont le plus petit est âgé de 2 mois et le plus grand de 12 ans, selon les sources. Certains ont depuis été réclamés par des personnes se présentant comme leurs parents.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a qualifié mercredi cette affaire de "malencontreuse". "Nous discutons avec le gouvernement d'Haïti du traitement qui convient" de lui apporter, a-t-elle dit.

M. Bellerive a regretté que cette affaire ait pris ces derniers jours le dessus dans l'esprit des Haïtiens "qui parlent davantage de dix personnes que du million d'autres qui souffrent dans les rues".

Comme pour lui donner raison, l'Unicef a estimé depuis Genève que le séisme du 12 janvier avait provoqué "la plus grave crise de protection des enfants jamais vue" en raison du grand nombre d'orphelins et d'enfants séparés de leurs parents.

"Les risques de traite des enfants, d'enfants vendus dans des conditions proches de l'esclavage ou d'adoption illégale sont significatifs", a déclaré la directrice générale adjointe du Fonds des Nations unies pour l'enfance, Hilde Johnson.

Elle a rappelé que "près de 40% des Haïtiens ont moins de 14 ans" et qu'avant le séisme, 300.000 enfants haïtiens vivaient dans des orphelinats.

Alors que l'aide internationale se met tant bien que mal en place, l'ancien président américain Bill Clinton se rendra vendredi en Haïti pour la seconde fois depuis le tremblement de terre, a annoncé sa fondation.

L'ancien chef d'Etat, déjà émissaire spécial des Nations unies pour Haïti, a été désigné mercredi coordinateur de l'aide internationale pour ce pays par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. M. Clinton copréside aussi avec l'ancien président américain George W. Bush une fondation chargée de lever des fonds pour l'aide à Haïti.

Un expert de l'ONU a préconisé jeudi "l'annulation immédiate de la dette d'Haïti" auprès des organismes financiers internationaux multilatéraux comme la Banque Mondiale pour permettre au pays de se remettre du séisme.

Dix Américains soupçonnés d'avoir voulu exfiltrer une trentaine d'enfants d'Haïti devaient comparaître jeudi devant la justice, mais les autorités regrettaient que cette affaire occupe le devant de la scène aux dépens des secours et de la reconstruction du pays.
Trois semaines après le tremblement de terre qui a tué au moins...