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Culture - 7e art

Katia Jarjoura, une empêcheuse de tourner en rond

Carte blanche sera donnée demain soir au CCF à Katia Jarjoura qui présente son premier film de fiction « Dans le sang » avant de proposer la projection de «Flandres» de Bruno Dumont.

Katia Jarjoura. (Michel Sayegh)

Après avoir été projeté dans plusieurs festivals, notamment au « né à Beyrouth » ou celui de Brest où il a obtenu un prix, le premier court-métrage de fiction de la réalisatrice libano-canadienne Katia Jarjoura, Dans le sang, sera projeté demain soir au CCF. Une œuvre de trente minutes qui évoque cette guerre qui n'en finit pas de se répéter pour former une tache indélébile dans le paysage libanais.
Née à Montréal de père libanais et de mère canadienne, Katia Jarjoura commence par poursuivre des études de médecine pour les abandonner par la suite et se tourner vers le journalisme: «Je voulais tout simplement vivre des histoires», dit-elle. De retour au pays après la guerre du Liban, elle s'y installe en 2000. Journaliste indépendante et documentariste, elle s'investit totalement dans le reportage de guerre au Moyen-Orient et parcourt le monde pour couvrir les conflits de tous genres (Palestine, Irak...).
Jarjoura réalise alors et coproduit ses deux premiers documentaires en 2001-2002, Entre deux fronts et Princes de la guerre et seigneurs de la paix, faisant état de la situation sociopolitique au Liban. En 2003, elle part en Irak où elle réalise son troisième documentaire, L'Appel de Kerbala, diffusé entre autres sur la chaîne Arte.
En 2005, elle crée sa propre société de production, Khayyam Cinéma, et produit Terminator, la dernière bataille. C'est avec une pointe de déception qu'elle avoue: «Je viens de rentrer du Yémen et même là-bas on ne sent pas cette violence et cette agressivité qui couvent sous la braise comme au Liban. La guerre est toujours aussi omniprésente dans notre pays.»

Caméra au poing
Comment dépasser l'image du père et, au passage, celle des générations précédentes? Comment évacuer toutes ces haines des esprits et des cœurs? «Ce court-métrage n'est nullement un message, mais un constat et un cri de colère, dit Jarjoura. Il semble que les Libanais n'aient rien appris et qu'ils sont toujours prêts à reprendre les armes. On m'a reproché de vouloir encore parler de la guerre. Comment ne pas le faire alors que le Libanais vit continuellement, sans le réaliser, un état d'urgence.»
Relatant l'histoire d'un jeune adolescent qui va réapprendre, 19 ans après la fin de la guerre, le langage des armes alors que son père, ancien milicien, a tiré un trait à cette époque sombre de sa vie, Dans le sang évoque également le duel des générations. Ce film parle donc de ce besoin d'aller au-delà de la figure paternelle, voire la casser, pour trouver
sa propre voie.  
Pour Katia Jarjoura, c'est grâce en grande partie au soutien de ses amis, Ziad Doueiri et sa femme Joëlle Touma, scénariste, que cette œuvre a pu prendre forme. «Tous deux m'ont beaucoup appris sur les techniques de scénario et de filmage, avoue-t-elle. Et même si, aujourd'hui, j'y perçois certaines imperfections, je n'oublie pas que c'est un début et que cette exploration et cette expérience humaine unique qu'est le tournage ne vont certainement pas s'arrêter là.»

Fiche technique
Scénario: Katia Jarjoura.
Image: Fabrice Main.
Son: Mouhab Chahensaz, Gwenolé Leborgne.
Montage: Dominique Marcombe.
Interprétation: Fadi Abi Samra, Rami Abou
Hamdan.
Production: Bizibi - Jérôme Bleitrach et Emmanuel Agneray.
Après avoir été projeté dans plusieurs festivals, notamment au « né à Beyrouth » ou celui de Brest où il a obtenu un prix, le premier court-métrage de fiction de la réalisatrice libano-canadienne Katia Jarjoura, Dans le sang, sera projeté demain soir au CCF. Une œuvre de trente minutes qui...

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