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Moyen Orient et Monde - Guerre en Irak

Après Blair, Brown face à une délicate audition

L'exercice de transparence s'annonce à double tranchant pour le Premier ministre à quelques mois des législatives.
Après le controversé « je ne regrette rien » de Tony Blair devant la commission d'enquête sur l'Irak, son successeur Gordon Brown se prépare à une déposition à haut risque politique face à cette même commission dans un mois. En affirmant sans ciller vendredi qu'il n'avait « aucun regret » d'avoir renversé Saddam Hussein en 2003, l'ancien Premier ministre britannique a provoqué la stupeur d'une partie de l'opinion, toujours divisée sept ans après ce conflit. Des cris de « menteur » et « criminel » ont fusé des rangs du public, où avaient pris place des familles des 179 soldats britanniques tués en Irak. En ravivant la polémique, la déposition de M. Blair a remis la pression sur Gordon Brown, qui fut son ministre des Finances de 1997 à 2007 avant de lui succéder à Downing Street. Et dont l'audition devant la commission est prévue fin février ou début mars, juste avant le coup d'envoi de la campagne pour les législatives.
La déposition de Gordon Brown devait initialement avoir lieu après les élections générales, qui pourraient se tenir en mai, précisément pour éviter toute récupération politicienne comme l'avait expliqué son président John Chilcot. Mais au fil des audiences publiques, le nom de l'actuel Premier ministre a été avancé à plusieurs reprises. Notamment par l'ancien chef de la communication de Tony Blair, Alastair Campbell : M. Brown faisait partie des « ministres-clés » consultés par Blair au moment de la guerre, selon lui. L'ancien ministre de la Défense Geoff Hoon est allé plus loin : il a carrément accusé M. Brown d'avoir refusé à l'armée des crédits stratégiques pour se préparer au conflit. Face à la pression de l'opposition, M. Brown a finalement accepté d'être interrogé par la commission avant le scrutin.
Selon l'Observer, il risque de le regretter. « S'il apporte un soutien trop fort à tout ce qu'a fait le gouvernement Blair, il sera associé plus étroitement à toute la controverse. Mais s'il essaie de prendre ses distances, on dira qu'il réécrit l'histoire », écrit l'hebdomadaire dominical.
M. Brown a toujours affiché publiquement son soutien à M. Blair dans la décision d'engager son pays dans la guerre aux côtés des Américains. Tout en faisant connaître ses réserves en coulisses. Dimanche, l'ex-ministre au Développement international Clare Short, qui avait claqué la porte du gouvernement Blair pour protester contre la guerre en Irak, a affirmé que M. Brown a en fait été « marginalisé » au sein du cabinet. « Il ne s'est pas opposé à la guerre, mais il ne l'a pas soutenue », a-t-elle expliqué sur la BBC. Dès lors, pourquoi n'a-t-il pas démissionné, pourrait lui demander la commission Chilcot. « La démission d'une poignée de ministres et de responsables aurait suffi à éviter la guerre », rappelait samedi dans le Guardian l'éditorialiste Polly Toynbee.
L'exercice de transparence s'annonce donc à double tranchant pour Gordon Brown à quelques mois des législatives. La date du 6 mai est la plus fréquemment avancée pour ces élections, alors que les sondages donnent toujours aux conservateurs de David Cameron une avance d'une dizaine de points. Le ministre du Commerce Peter Mandelson a laissé entendre hier que M. Blair pourrait prendre une part active à la campagne travailliste. Reste à savoir si le Labour souhaitera afficher un Tony Blair toujours controversé, qui a même suggéré qu'une action militaire similaire à celle menée en Irak pourrait s'avérer nécessaire pour contrer la menace nucléaire de l'Iran - l'un des dossiers internationaux les plus brûlants dont héritera le prochain Premier ministre, travailliste ou conservateur.
Après le controversé « je ne regrette rien » de Tony Blair devant la commission d'enquête sur l'Irak, son successeur Gordon Brown se prépare à une déposition à haut risque politique face à cette même commission dans un mois. En affirmant sans ciller vendredi qu'il n'avait « aucun...

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