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Moyen Orient et Monde - Le billet

iMessie

Que fut l'événement de la semaine dans le monde ? La tragédie du vol de l'Ethiopian Airlines ? Le discours à la nation d'Obama ? Les 140 millions de dollars visant à convaincre les talibans des bienfaits d'une reconversion professionnelle ?

Non, non et re-non.

L'événement de la semaine tient en la présentation d'un gadget affublé d'une pomme entamée dans le dos. Présentation. Le mot est faible. Plus approprié serait la « révélation », voire l'« intronisation » au monde de la dernière trouvaille technologique de la marque au fruit défendu.

Pour l'occasion, le monde vint à l'iPad. Il y vint après avoir piétiné d'impatience pendant des semaines et spéculé sur le fond et la forme de la tablette « la plus attendue depuis les Dix Commandements », comme le notait, un tantinet corrosif, le Wall Street Journal.

Des jours et des jours d'attente, sans même le soutien d'un de ces calendriers de l'Avent de notre enfance d'où l'on extirpait d'une niche dûment datée et d'un doigt nerveux un chocolat en forme de sapin ou d'âne. Chocolat fadasse qui parvenait, dans un tout premier temps, à apaiser les affres de l'attente avant, summum du sadisme, de souffler sur les braises de la frustration avec son goût improbable de « reviens-y ».

Pour les journalistes et aficionados de tout poil de la marque à la pomme, l'attente fut sèche et aride. L'on comprend alors la véritable ruée, au soir de la grand-messe, vers les portes du temple dédié au dieu Apple. L'on comprend mieux, aussi, la standing ovation avec laquelle fut accueilli le maître de cérémonie et du superlatif, Steve Jobs. La délivrance était proche. Elle fut totale quand des lèvres du iMessie sortit le mot tant attendu : iPad.

L'iPad est, selon saint Steve, un « produit vraiment magique et révolutionnaire ». « Mieux qu'un ordinateur, mieux qu'un téléphone, c'est la meilleure expérience que vous puissiez jamais faire. »

Bien sûr, il se trouvera des sceptiques pour dire que la magie est du ressort de Merlin et non de Steve ; que si l'iPhone pouvait, à la limite et à force de contorsions intellectuelles, être homologué « révolutionnaire », qualifier sa version grand format de la même manière revient à pousser mémé dans les orties ; qu'apposer dans une même phrase « produit », « magique » et « révolutionnaire » revient à combiner « Poutine », « poésie » et « entrechat » : ça ne marche pas ; que si l'iPad est la « meilleure expérience » que nous puissions jamais faire, il va être très difficile de trouver une raison valable de se lever le matin. Totalement hermétiques aux charmes de la glissade d'un doigt poisseux sur un écran tactile, les sceptiques parleront aussi, à l'évocation de l'iBook - huitième commandement de l'iPad : « Sur écran, tes romans tu liras » -, du contact de l'épiderme sur le papier corné en haut pour marquer la page, en bas pour se souvenir d'une belle phrase.

De la mauvaise foi, on vous dit. Ces sceptiques, qu'ils le sachent, sont au mieux des consommateurs n'ayant pas encore saisi l'étendue de leurs besoins, au pire une espèce d'hérétiques en voie de disparition.

Que fut l'événement de la semaine dans le monde ? La tragédie du vol de l'Ethiopian Airlines ? Le discours à la nation d'Obama ? Les 140 millions de dollars visant à convaincre les talibans des bienfaits d'une reconversion professionnelle ?
Non, non et re-non.
L'événement de la semaine tient en la présentation d'un gadget...
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