Climat tiède
La nuit vient de tomber sur l'imposant Beirut Tower. Une foule nombreuse investit les lieux, occupée à faire le tour des 47 lots proposés, flairer la bonne affaire ou se laisser séduire. Des tableaux, huiles, acryliques, mixed medias, des photographies, une sculpture de Nadim Karam, une installation de Jean-Marc Nahas emplissent la salle de couleurs et de murmures, commentaires souvent avisés. À l'heure prévue, Nada Boulos el-Assaad démarre la vente, le marteau à la main et les chiffres au bout des lèvres. Une heure trente de présentations, d'offres et de demandes, de surenchères par des clients sur place, dans une salle timide, et certains, plus mystérieux, au téléphone. Quelques chiffres prometteurs, supérieurs à l'estimation la plus haute, d'autres au-dessous de l'estimation la plus basse, sept invendus, dont un Paul Guiragossian. Le bilan est mitigé.
On retiendra de cette première tentative la (re)découverte de certains talents syriens (Omran Younès, Safwan Dahoul, Hammoud Chantout, Mohannad Orabi) ou palestiniens (Samia Halaby, Oussama Diab). La poésie de Nadim Karam dans sa toile Aisha et sa sculpture Phoenician, la douce folie de Jean-Marc Nahas, l'humour du très regretté Willy Aractingi. La découverte de la jeune photographe Nour el-Khazen, dont la photo a été vendue à l'estimation la plus forte, la toile de Oussama Diab vendue plus cher que prévu, la confirmation du talent de Samia Halaby dont les œuvres se trouvent au Guggenheim de New York, au National Museum of Women in the Arts à Washington, à l'Art Institute of Chicago, au British Museum et à l'IMA. Son tableau A Rose a été consenti à 30 000 dollars. Il aura été le succès de ces enchères.
Des artistes dépassés ? Certains autres méconnus par un marché où l'art devient plus pointu et le client plus exigeant ? Des œuvres trop chères ou tributaires d'une crise économique mondiale ? Autant de questions qui se posent à l'issue de cet événement. Qui reste une belle initiative à applaudir et à encourager.
*Ayyam Gallery. Beirut Tower. Rue Zeitouné. Solidere.
Tél. : 01/374450-1
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