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Culture - L'Aquila

Des soins longs et minutieux à la "clinique des madones" en Italie

Madones sans tête, tableaux et fresques déchirés: depuis le tremblement de terre qui a fait en avril 308 morts dans la ville médiévale de L'Aquila au centre de l'Italie, les restaurateurs de la "clinique des madones" à Celano, à 50 km de là, tentent de sauver quelque 500 oeuvres d'art.

Les restaurateurs de la "clinique des madones" à Celano, tentent de sauver quelque 500 oeuvres d'art. /

"Neuf mois après le séisme, nous en sommes toujours aux premiers secours, à la mise en sécurité des oeuvres. La restauration ne pourra venir qu'après. Et il faudra au moins 10 ans pour finir le travail", explique Gianfranco Quintiliani, l'un des restaurateurs du Musée de la préhistoire de Celano, surnommé depuis la "clinique des madones". Un millier d'oeuvres dont la moitié ont été détériorées, y ont été mises à l'abri.

La statue de Saint-Emidius considéré comme leur protecteur par les habitants de la ville proche d'Ascoli Piceno depuis un violent séisme en 1703, semble regarder les dizaines d'oeuvres d'art à même le sol. Saint-Emidius n'a que quelques éraflures aux mains mais il n'a pas empêché la catastrophe du 6 avril. À sa gauche, un Christ toujours sur la croix arrachée du mur d'une église par le choc de la secousse, un confessionnal en bois et dans un grand carton, les tuyaux de l'orgue d'une église d'Onna, un village près de l'Aquila, complètement détruit par le tremblement de terre.

Cette section du laboratoire de restauration est consacrée aux "blessés légers". Comme aux urgences, les restaurateurs, épaulés par des spécialistes venus de Rome et de Florence, ont établi un premier diagnostic pour chaque oeuvre: de code 1 pour les cas désespérés à code 4 pour les moins atteintes. "Les tableaux qui ont été exposés à la pluie sont prioritaires, ils risquent de moisir et les couleurs peuvent s'effacer", explique Gianfranco Quintiliani. En blouse blanche et muni de gants en plastique, un autre restaurateur injecte un liquide semblable à de la colle dans un tableau du XVIIe siècle. "Cela nous permet de stabiliser les fissures profondes causées par le séisme et d'éviter qu'il ne se dégrade davantage", décrit Alessandro Verrocchia. Dans certains cas, il faut d'abord réparer la toile de support derrière le tableau. "Il y a beaucoup de choses à prendre en considération: les traumatismes du séisme mais aussi les restaurations précédentes, le matériel et l'environnement extérieur de l'oeuvre", ajoute sa collègue Stefania Montanaro. Un travail long et méticuleux dont le résultat reste fragile, dans cette région fréquemment frappée par les séismes.

M. Quintiliani contemple un tableau représentant la Vierge à l'enfant, lacéré dans sa partie basse. "Je l'avais restauré il y a quinze ans, regardez comment il est revenu au labo!", constate-t-il, amer. L'état des oeuvres ne se dégrade d'ailleurs pas uniquement à cause du séisme ou du temps qui passe, remarque M. Quintiliani. "Du blanc d'oeuf pour faire reluire les fresques, un coup de peinture pour raviver les couleurs ou un dépoussiérage trop énergique, ces prêtres font vraiment parfois un peu n'importe quoi dans leurs églises!", se lamente-t-il.

Une partie des oeuvres dont des tableaux de Cesura, Bedeschini, Cardone, Brandi et d'Emilio Greco, sera exposée dans un nouveau musée à L'Aquila. Le destin des autres est incertain, la plupart des musées et églises dont elles proviennent ayant été détruites, notamment la forteresse espagnole de L'Aquila. Certains de ces monuments ont été "adoptés" par des pays étrangers, notamment les membres du G8, qui se sont engagés à en financer la reconstruction.


"Neuf mois après le séisme, nous en sommes toujours aux premiers secours, à la mise en sécurité des oeuvres. La restauration ne pourra venir qu'après. Et il faudra au moins 10 ans pour finir le travail", explique Gianfranco Quintiliani, l'un des restaurateurs du Musée de la préhistoire de Celano, surnommé depuis la...

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