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Culture - Scène

Une radioscopie approximative d’« Ashrafieh » par Joe Kodeih

« Ashrafieh », le dernier one-man-show de Joe Kodeih, a démarré au Monnot. Une parodie sociale menée tambour battant par cet Achrafiote au regard aiguisé et à la sensibilité déguisée sous un verbe trop souvent cru et épars.

Un décor réduit à cinq colonnes, symboliques, revêtues de voile de gaze blanc et sur lesquelles trônent les symboliques tasses de café des « sobhiés ». (Nasser Trabulsi)

L'Ashrafieh* de Joe Kodeih, c'est ce coin de Beyrouth où il est né, il y a une quarantaine d'années. C'est ce quartier où il a grandi dans une maison aux fenêtres largement ouvertes sur un panorama dégagé. C'est ce quartier où il faisait bon vivre en toute convivialité.
L'Ashrafieh de Joe Kodeih est, comme le dit la chanson, «ce petit coin de nostalgie» qui s'est transformé. Tellement transformé que cela lui a inspiré une comédie dans laquelle il passe en revue les nouveaux codes du «lifestyle» de ses habitants et en caricature ses personnages typiques.
À commencer par les fameuses «tantes d'Achrafieh»: les Yvette, Henriette, Huguette, Georgette et Antoinette, dont l'univers tourne autour de leur entraîneur particulier, des boys du «delivery», des problèmes du «petit personnel», des réunions de médisances et de confidences. Et en clôturant par les «Juju», nouvelle vague, ces jeunes garçons qui ont remplacé les «abadays» d'antan.
Enchaînant sur les scènes de rues embouteillées d'Achrafieh, désormais capitale des chiens en laisse baladés par les employées de maison philippines, Joe Kodeih alterne jeux de mots, portraits piquants, caricatures désopilantes, critiques pertinentes (notamment sur son urbanisme anarchique ou la préciosité de ses habitants) et... vulgarités !
Trop de propos à la hussarde, absolument non justifiés, et une dernière partie, sans intérêt, qui se déroule dans un salon de massage à Maameltein. Le spectacle aurait certainement pu s'en passer.
Toujours est-il qu'ils étaient tous à l'avant-première, les aficionados de Joe Kodeih. Ses fans irréductibles. Ceux qui attendent impatiemment, surtout depuis l'étincelant succès de Hayat el-Jagal Soobé, ses rendez-vous de scène. Et parmi eux de nombreux «Ashrafiotes», que le titre de cette dernière pièce a sans doute encore plus alléchés. Pensez donc, une comédie en solo dédiée exclusivement au quartier où ils gîtent!
Connaissant l'humour dévastateur et l'acuité critique de ce comédien et metteur en scène, ils s'attendaient certainement à en prendre pour leur grade. Ce qui fut effectivement le cas, Kodeih ne prenant pas de gants pour dépeindre le ridicule d'une microsociété qui concentre au plus haut degré cette perte d'identité libanaise dont souffre l'ensemble du pays.
Par contre, ce qui les aura sans doute surpris, c'est le ton excessivement graveleux de Joe Kodeih. Lequel a, certes, toujours saupoudré ses spectacles d'une pincée de vulgarité, mais sans pousser jusqu'à l'agressivité grivoise et le scatologique, trop présents cette fois.
Autant Hayat el-Jagal Soobé était un exemple de cohésion dans la structure et le propos, autant Ashrafieh manque de consistance et d'homogénéité.
Le rire reste cependant au rendez-vous de ces quatre-vingts minutes de scène en solo qui gagneraient toutefois à être raccourcies et ramassées. Afin que le message de fond passe plus clair et plus percutant.

* Jusqu'au 31 janvier, du jeudi au dimanche, à 20h30. Réservations au 01/202422. 
L'Ashrafieh* de Joe Kodeih, c'est ce coin de Beyrouth où il est né, il y a une quarantaine d'années. C'est ce quartier où il a grandi dans une maison aux fenêtres largement ouvertes sur un panorama dégagé. C'est ce quartier où il faisait bon vivre en toute convivialité. L'Ashrafieh de Joe Kodeih est, comme le dit la chanson,...

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