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Économie - Italie

Sans immigrés africains, l’agriculture de Rosarno risque de mourir

Qui va cueillir tous les fruits l’année prochaine ? Carlo Hermann/AFP

Sans le travail des immigrés africains, chassés après de violents affrontements avec les habitants de Rosarno, en Calabre, dans le sud de l'Italie, l'agriculture de cette région, déjà en difficulté, aura du mal à survivre, estiment les producteurs.
« Nous ne voulons pas qu'ils reviennent », déclare à l'AFP Giuseppe, propriétaire terrien à Rosarno, entouré de plusieurs amis. « Les nègres, nous les avons habillés et nourris, nous leur avons même offert des plats cuisinés à Noël », affirme-t-il, surpris qu'« on les prenne pour des racistes ».
Après la « chasse à l'étranger » des derniers jours qui a fait 31 blessés chez les immigrés, difficile de trouver un habitant de Rosarno qui prenne la défense de ces ouvriers africains qui venaient tous les ans récolter les agrumes.
Mais qui cueillera désormais mandarines, oranges et kiwis à un tarif aussi compétitif ? Alors qu'un travailleur africain reçoit seulement 20 à 25 euros par jour sans être déclaré pour 12 à 14 heures de travail.
Aux journalistes, la plupart des producteurs affirment n'avoir jamais employé d'ouvriers au noir. Mais selon des organisations caritatives, 2 000 Africains travaillaient jusqu'aux violences des derniers jours dans les champs de cette petite ville de 15 000 habitants sans contrats ni couverture sociale.
Et l'exploitation des immigrés faisait tenir debout un secteur déjà en crise car les marges des cultivateurs ont fondu comme dans d'autres régions du sud de l'Italie.
« Un kilo d'oranges se vend à 5/6 centimes le kilo, personne ne peut récolter des fruits à ce prix-là. Même avec les immigrés africains cela devenait difficile », explique Mimmo, propriétaire de plantations d'agrumes à Rosarno.
Selon lui, les plus « désespérés » des immigrés « proposaient leurs services à seulement 10 euros par jour, et même à ce tarif-là, il est difficile de faire du bénéfice ».
Domenico, un ami de Giuseppe, a déjà pris sa décision : « L'année prochaine les fruits resteront sur les arbres. »
« Avant, nous avions les Roumains, les Polonais, les Bulgares qui travaillaient pour peu d'argent, mais depuis qu'ils font partie de l'Europe, ils préfèrent le nord de l'Italie où ils gagnent plus pour un travail en règle », reconnaît-il.
Mimmo et ses amis producteurs de Rosarno se défendent de tout lien avec la mafia locale, la « Ndrangheta », accusée de contrôler le trafic de clandestins et leur exploitation dans l'agriculture en Calabre.
Pour Mimmo, le problème c'est la mondialisation : « Les mandarines arrivent du monde entier à des prix imbattables, nous ne sommes plus compétitifs. »
Pour éviter la mort du secteur dans cette partie sud de la Calabre, il faudrait, selon lui, « des subventions ou des aides fiscales » du gouvernement.
Cette année, la récolte des mandarines est terminée. Pourtant, des champs entiers regorgent encore de fruits.
« On risque jusqu'à 25 000 euros d'amende et même la prison si on emploie des ouvriers illégalement, mais tu ne trouves pas un Italien pour faire ce boulot », explique Giuseppe qui laisse ses mandariniers à l'abandon depuis trois ans.
Selon lui, « l'agriculture n'est plus rentable, les jeunes s'en désintéressent » et préfèrent « un contrat à Gioia Tauro », un énorme port de conteneurs situé à une dizaine de kilomètres de là.
Beaucoup d'habitants de Rosarno pensent que le départ des immigrés, « ces nègres ingrats qui faisaient leurs besoins partout », marque la fin de la production d'agrumes dans la région.
Mais maintenant que le calme est revenu, ils se posent des questions sur leur avenir.
Sans le travail des immigrés africains, chassés après de violents affrontements avec les habitants de Rosarno, en Calabre, dans le sud de l'Italie, l'agriculture de cette région, déjà en difficulté, aura du mal à survivre, estiment les producteurs.« Nous ne voulons pas qu'ils reviennent », déclare à l'AFP...

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