Amour et abnégation

Ma petite Sheryn,
J'écris ces quelques lignes pour dire que, dans ce monde matérialiste et inhumain, il y a encore des âmes d'élite. Tu as subi pendant 18 mois les souffrances avec courage et sainteté ; le père Paul, en faisant ton oraison funèbre les larmes aux yeux, n'arrivait pas à continuer ses mots. Il a dit combien, en te connaissant, tu lui avais appris le sens des mots amour et abnégation ; comment tu offrais tes douleurs atroces à la gloire de Ton Créateur ; comment tu voulais toujours que la volonté de Dieu soit faite (c'était d'ailleurs la devise de ton grand-père Georges qui nous répétait toujours : (Rida Allah wa rida el-walidein).
Sheryn, depuis un certain temps, tu étais empreinte d'un mysticisme que nous ne comprenions pas. Je crois que Dieu t'avait choisie pour être un exemple.
Tu as souffert pas moins que les saints ; ton attitude ressemblait à celle des personnes pas communes.
Nous n'essayons pas de te comparer aux élus de Dieu, mais un de tes cousins a senti, lors de la mise en bière, que ton tombeau allait devenir un jour un lieu de pèlerinage. Le père Georges nous a félicités d'avoir une sainte en famille et c'est à ce moment-là que j'ai vu ton père arrêter de pleurer.
De là où tu es, fais attention à Karim, à tes parents, à tes frère et sœur, à la famille, au Liban.

Walid (Dido) MOUZANNAR