Le sultan Ibrahim Njoya, inventeur de l’alphabet

Le roi le plus célèbre dans l'histoire du peuple bamoun est incontestablement le 17e monarque, le sultan Ibrahim Njoya, qui en fut le réformateur durant les quarante-quatre années de son règne (de 1889 à 1933). L'une de ses créations les plus spectaculaires est sans doute le palais royal de Foumban, construit en 1917 et inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Le palais abrite aujourd'hui un musée regorgeant de trésors : plus de 3 000 objets d'art et pièces historiques de la culture bamoune, dont certains vieux de plus de six cents ans. Le sultan Ibrahim Njoya est également celui qui inventa l'alphabet Bamoun, dit « aka u ku », initialement composé de près de 500 signes d'une grande beauté graphique. Par ailleurs, le monarque, qui demeure l'une des figures les plus étonnantes de l'histoire africaine, a introduit au royaume, au début des années 1900, une nouvelle religion inspirée de l'islam et du christianisme, le « nwet nkwete » (qui signifie littéralement « cherche et trouve »). Il aurait déclaré que l'interdiction de la polygamie dans la religion chrétienne et celle de l'alcool dans l'islam étaient trop contraignantes. « Qui sont ces gens? Le premier me demande de chasser mes femmes, le second me demande de ne plus boire mon vin. À partir d'aujourd'hui, je ne suis ni musulman ni chrétien », aurait-il dit selon les historiens bamoun. Il se serait finalement converti à l'islam entre 1917 et 1918, tout en laissant le libre choix à son peuple d'adopter la religion de son choix. Aujourd'hui, le peuple bamoun est à 80 % musulman et le reste est animiste ou chrétien.