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Moyen Orient et Monde - Climat

À Copenhague, un premier projet déjà contesté

L'UE annonce une aide à court terme pour les pays pauvres d'un montant de 7,2 milliards d'euros, une grande manifestation est prévue aujourd'hui dans la capitale danoise.

Des manifestants ont simulé, hier à Copenhague, une opération chirurgicale destinée à sauver la Terre.                  Attila Kisbenedek/AFP

Au terme d'une semaine de travaux, la Conférence climat de Copenhague est désormais saisie d'un premier projet d'accord pour une riposte ambitieuse au réchauffement que réclameront, aujourd'hui, des dizaines de milliers de manifestants dans la capitale danoise.
Le premier texte officiel mis sur la table hier, qui servira désormais de base aux discussions et sera encore âprement négocié entre ministres, puis chefs d'État le 18 décembre, prévoit de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 1,5°C ou 2°C par rapport aux niveaux préindustriels ; sans trancher entre les deux options. Le texte, dont l'AFP a obtenu copie, émane du groupe de travail placé sous l'égide de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, dirigé par le Maltais Michael Zammit Cutajar. Il stipule que « les parties doivent coopérer pour éviter un changement climatique dangereux (...) en reconnaissant que la hausse de la température moyenne globale par rapport aux niveaux préindustriels ne doit pas dépasser 2°C ou 1,5°C ».
« Le texte a de nombreuses lacunes, il met en lumière les désaccords mais montre aussi clairement qu'un accord est possible », a réagi Kim Carstensen, du Fonds mondial pour la nature (WWF). Mais les États-Unis ont contesté la partie - cruciale - du document qui porte sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, jugeant qu'il n'impliquait pas suffisamment les grands pays en développement. « En de nombreux points, le texte est constructif (...) mais les États-Unis ne considèrent pas la section concernant l'atténuation comme une base de négociation », a estimé Todd Stern, envoyé spécial pour le climat.
À l'initiative des petits États insulaires, particulièrement menacés par la hausse du niveau des océans, une centaine de pays en développement militent pour une limite à 1,5°C. « Ce que nous négocions ici c'est notre survie », précise Antonio Lima, l'envoyé spécial du Cap-Vert. Mais une étude du service météorologique britannique publiée cette semaine estime « virtuellement impossible » d'atteindre cet objectif de 1,5°C, étant donné la quantité de gaz à effet de serre déjà émise dans l'atmosphère.
Sur la question des financements, qui génère les plus grandes frustrations, le document ne s'avance pas sur les montants ou l'architecture. Il ne tranche pas non plus entre contributions volontaires des États et prélèvements automatiques. Il inscrit en revanche un mécanisme immédiat (fast start) d'aide aux plus pauvres pour 2010-2012. À Bruxelles, l'Union européenne a annoncé hier sur ce point une aide de 7,2 milliards d'euros sur trois ans (2010-2012). C'est « un encouragement considérable au processus », a réagi Yvo de Boer, le plus haut responsable climat de l'ONU, appelant les autres pays industrialisés à abattre leurs cartes. Mais le sommet de Copenhague ne règle pas la question - cruciale pour les pays en développement - du financement de l'aide sur le long terme, évaluée à 100 milliards d'euros par an de 2013 à 2020. De ce fait, l'annonce européenne a été jugée « insignifiante » par le représentant des pays en développement réunis au sein du G77 (130 pays), le délégué soudanais Lumumba Stanislas Dia-Ping. « Ce dont on parle c'est du court terme et ça ne suffit pas », a également lancé le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, He Yafei. « C'est relativement facile pour les pays développés de présenter des chiffres pour le court terme. Mais que ferons-nous dans trois ans ? Pourquoi ne parlent-ils pas de leur engagement financier jusqu'en 2050 ? » M. Yafei a, par ailleurs, réitéré le refus de Pékin de tout mécanisme international de contrôle, notification et vérification (MRV) de ses politiques nationales en faveur du climat, l'une des principales revendications des États-Unis.
Pour sa part, le conseiller du Kremlin pour le climat, Alexandre Bedritzki, a déclaré que la priorité de la Russie est d'assurer la croissance de son économie, mais que Moscou promet de continuer de contenir la hausse de ses émissions de gaz à effet de serre. « Nous n'allons pas limiter notre croissance économique. Nous devons passer par le même chemin que tous les pays : d'abord une hausse (des émissions) et ensuite une baisse », a-t-il dit.
Dans le centre-ville de Copenhague, la police déployée en force était déjà sur le pied de guerre. Selon la police, qui a mobilisé la moitié de ses effectifs pendant la durée des travaux, au moins 50 000 personnes sont attendues au défilé qui partira aujourd'hui du centre-ville pour rallier le Bella Center, site de la conférence, tandis que les quelque 500 ONG qui appellent à manifester escomptent jusqu'à 80 000 participants. En outre, 75 sympathisants du mouvement « Our Climate-Not Your Business », qui manifestaient hier contre l'influence des entreprises sur les négociations, ont été arrêtés. Une vingtaine ont été relâchés en soirée, tandis que six autres ont été inculpés notamment de vandalisme et de tentative de vandalisme.
Au terme d'une semaine de travaux, la Conférence climat de Copenhague est désormais saisie d'un premier projet d'accord pour une riposte ambitieuse au réchauffement que réclameront, aujourd'hui, des dizaines de milliers de manifestants dans la capitale danoise.Le premier texte officiel mis sur la table hier, qui servira désormais de base aux...

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