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Culture - Disparition

Élie Kanaan est mort comme il a vécu, debout et en peignant

Il devait exposer dans quelques jours dans l'atelier de son épouse à Achrafieh. Tous ceux qui connaissaient l'œuvre de ce grand artiste libanais, qui partageait son temps entre Paris et Beyrouth, attendaient avec impatience cet événement qui prenait l'allure de surprise.

Élie Kanaan, une vie faite de simplicité et de sincerité.

Élie Kanaan a surpris les Libanais à sa manière car lui-même a été terrassé par une crise cardiaque alors qu'il peignait encore.
Le peintre-poète, car sa peinture était une véritable célébration de la vie et de la nature, faisait partie du patrimoine culturel et du paysage pictural du pays. Artiste non mondain, travaillant non pas pour la reconnaissance et  les honneurs ni pour transmettre un message, mais au service de la beauté.
Élie Kanaan était le chantre de la nature. Son pinceau connaît tous les ruisseaux et rivières du Liban, toutes les barques amarrées au port et toutes les couleurs du ciel. Soixante ans de peinture pour cet artiste qui « vivait » la couleur, au point de réaliser un grand nombre de ses œuvres la nuit, dans une quasi-obscurité.  
Élève de Georges Cyr avec qui il se lia  par la suite d'une grande amitié, et de qui il prit soin à la fin de sa vie, Élie Kanaan est devenu le chef de file de la tendance abstraite de la troisième génération de peintres libanais, au style reconnaissable notamment par ses profonds et audacieux contrastes de couleurs et la virtuosité de sa touche à la précision d'orfèvre. Son travail a été divisé en trois grandes périodes : figurative, parisienne (de 1959 à 1963) et de tendance abstraite qui englobait un certain néofauvisme. Pourtant, toutes ces étiquettes et ce cloisonnement de styles semblaient lui être indifférents puisqu'il préférait au terme d'abstrait celui d' « irréel », avait-il précisé lors d'une rétrospective que lui avaient organisé « Les Rencontres culturelles de Bickfaya » en août 2008, au couvent Saint-Joseph, rendant hommage à ce grand de la peinture libanaise.
Nul besoin d'établir une liste exhaustive des innombrables expositions  de ce peintre, tant au Liban qu'à l'étranger, mais il est essentiel de souligner le caractère humaniste de la personnalité de Kanaan qui, selon ceux qui l'ont connu et côtoyé, était un homme d'une grande simplicité et sincérité.
La galeriste Amal Traboulsi chez qui il a le plus souvent donné à voir son œuvre évoque avec beaucoup d'émotion cet artiste : « Que je respectais énormément, dit-elle. Pour moi, il était une leçon d'histoire vivante. Sa philosophie très saine de la vie m'impressionnait. Je ne l'ai jamais entendu se plaindre ni attaquer quelqu'un surtout sans raison. Il était sincère jusqu'au bout dans son travail comme dans ses relations. » Et, poursuit-elle, en arrivant chez lui, le jour de son décès, j'ai été surprise de voir une immense toile juchée sur deux chaises couvertes de papier journal (pour ne pas les salir). C'était une œuvre sur laquelle il était penché depuis un moment et qu'il venait d'achever une heure avant sa crise cardiaque puisqu'il l'a signée en disant : « Voilà c'est terminé. »
« C'est la toile la plus sereine et la plus pure de l'œuvre de Kanaan, affirme Amal Traboulsi. Il y a dans ce travail un certain « goût » d'au-delà. À mon avis, conclut la galeriste, cette belle et dernière œuvre devrait figurer dans un musée et ne jamais être vendue.  »
Élie Kanaan a surpris les Libanais à sa manière car lui-même a été terrassé par une crise cardiaque alors qu'il peignait encore. Le peintre-poète, car sa peinture était une véritable célébration de la vie et de la nature, faisait partie du patrimoine culturel et du paysage pictural du pays. Artiste non...

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