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Culture - Théâtre

« La Jalousie du Barbouillé » : pas tout à fait Molière, plutôt Dagory

Produite à Beyrouth par New Horizon, « La Jalousie du Barbouillé », une farce de Molière et Dagory, a été présentée durant le week-end par une troupe française à l'amphithéâtre Pierre Aboukhater de l'USJ.

Dagory, le visage enfariné pour souligner le côté farce...

C'est un de ces spectacles dont on ne sait pas bien quoi en attendre avant coup, mais qui peuvent vous surprendre agréablement, tout en vous laissant un sentiment mitigé.
Le registre d'abord: une farce, genre qui, il faut le reconnaître, n'est plus très courant. Et de plus signée Molière et Dagory.
La Jalousie du Barbouillé est en réalité une œuvre mineure de Molière, mais dans laquelle on retrouve les ingrédients qui feront le succès de ses comédies ultérieures: le vieux barbon de mari, le médecin au ton docte, la rouerie de la jeune épouse et, bien sûr, les déboires du jaloux !
Présumant donc une adaptation plus ou moins conforme de la pièce du XVIIe siècle, c'est avec surprise qu'on se retrouve face à une satire virulente sur le monde de la scène et notamment du cinéma - que monsieur Dagory connaît bien !
Comédien de théâtre et de cinéma, auteur et conteur français, Jean-Marie Dagory, qui a adapté la pièce de Molière, a, en fait, pris prétexte de cette farce composée par Jean-Baptiste Poquelin à l'époque où il n'était pas encore devenu Molière pour dire sans ménagement ce qu'il pense du milieu du cinéma. Principalement de l'inculture des réalisateurs et des acteurs, et de l'obsession de la compression budgétaire chez les producteurs...
Du coup, les tribulations du Barbouillé, de sa jeune femme Angélique, de l'amant de cette dernière, du savant docteur et des autres personnages secondaires de la pièce du XVIIe siècle ne sont pas ici interprétées dans leur version originale, ni intégrale.
Et le lever du rideau qui s'ouvre sur une scène d'arlequinades, façon commedia del arte, accompagnées de projections de lumière stroboscopiques, paraît quelque peu déplacé par rapport à la suite de la pièce.
S'ensuit un insolite début de pièce - celle de Molière - mettant en scène les protagonistes de la farce en tenue contemporaine, sans que le public ne saisisse encore qu'il s'agit du tournage - en 1929! - d'un film tiré de La jalousie du Barbouillé de Jean-Baptiste Poquelin.
Passé l'embrouillamini des premières scènes, le spectateur entre de plain-pied dans le sujet de la pièce de...Dagory.
En fait, on est là devant un plateau de tournage où s'agitent un producteur, un régisseur qui fait aussi tous les rôles secondaires, les comédiens et, bien sûr, le réalisateur derrière sa caméra. Sans oublier, dans un coin, le piano qui accompagne des plages chantées et même dansées du spectacle.
Dans un mélange de comique de gestes et de mots, un panachage de bouffonneries, de chants parodiques et de piques insolentes et même crues s'amuse à caricaturer un cinéma français. En crise. 1929 ou aujourd'hui? On n'arrive pas vraiment à situer l'action dans le temps.
Ce spectacle qui a tenu l'affiche durant plusieurs mois, l'année dernière, au théâtre du Nord-Ouest où il a été joué avec la même distribution, dans le cadre d'un cycle consacré à l'intégralité de l'œuvre de Molière, est peut-être aussi une manière originale de le servir aux générations nouvelles. Toujours est-il qu'il aurait pu être mieux «accommodé» côté mise en scène.
Il faut cependant saluer bien haut la magistrale interprétation des cinq comédiens français. À savoir, outre Dagory lui-même, Pauline de Meurville, Marie-Anne Pauly, Daniel Schröpfer et l'excellent Djahiz Gil. De vrais professionnels des planches, qui alternent les rôles avec une formidable justesse et changent de jeu en fonction des situations, avec un vrai brio.
C'est un de ces spectacles dont on ne sait pas bien quoi en attendre avant coup, mais qui peuvent vous surprendre agréablement, tout en vous laissant un sentiment mitigé. Le registre d'abord: une farce, genre qui, il faut le reconnaître, n'est plus très courant. Et de plus signée Molière et Dagory. La Jalousie du Barbouillé est en...

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