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Culture - Scène

La vie en dépit du désespoir

Au Monnot, « Mann Hounak ? »* de Maria Bakhos, une pièce à la fois sombre et optimiste qui sonde les âmes perdues.

Mario Tahtouh et Nathalie Salameh, des êtres qui se déchirent pour mieux retrouver l’amour.

La scène s'ouvre sur un milieu carcéral. Un prisonnier et une cuisinière. Un simple gars et une fille. Sauf que les deux semblent rejetés par la société. La fille, elle le dira plus tard, est «transparente, comme si elle n'existait pas». Et lui semble déranger l'ordre établi. Un trouble-fête pour la société. Accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, il voudrait, avec l'aide de la jeune femme, sortir de prison.
Des jeux de la séduction à ceux de l'amour, les liens se tissent entre ces deux parias qui finiront par s'aimer malgré le désespoir et la vacuité de leurs vies respectives. Adaptée de la pièce de William Saroyan, Hello Out There, Mann Hounak ? est une ode à l'amour désintéressé. D'ailleurs toutes les œuvres du dramaturge américano-arménien évoquaient un certain hommage à ces personnes rejetées par la société.
Un texte bref et dépouillé, livré par des acteurs en pleine maîtrise de leur art et sur fond de musique de Houtaf Khoury permettent au spectateur d'entrer d'emblée dans ce sombre univers que parachève une excellente scénographie. En effet, grâce à des barreaux s'articulant sur des plaques tournantes, l'espace devient amovible verticalement et horizontalement. Pour Maria Bakhos (master d'études théâtrales à l'USEK et enseignante à l'Université libanaise), « l'espace scénique doit être fonctionnel et symbolique ».

Enfermement...
En osmose avec le jeu des acteurs, la scène se referme, s'élargit, s'ouvre, tourne comme un carrousel, emportant les êtres dans son tourbillon et puis se démantèle dans un fracas de ferrailles. L'air devient lourd, irrespirable. On assiste à la descente aux enfers de ces caractères anéantis par le destin. Le tas de fer planté sur la scène semble avoir eu gain de cause. Trop lourd, trop fort pour ce garçon et cette fille dont le rire égrenait les instants et qui ne deviennent à la fin que des fétus de paille.
Certes l'histoire est dramatique et bouleversante, mais la jeune réalisatrice aura relevé le défi. Avec une pièce en un acte et trois personnages sur scène dont deux principaux, Mario Tahtouh et Nathalie Salameh (excellents tous deux), et un personnage secondaire, Étienne Francis ; sans oublier l'espace scénique, personnage en soi, la jeune metteur en scène aura livré son message tout en étant authentique au texte de Saroyan. Une charge d'émotions qu'elle a inoculé avec force.

* Ce soir et demain dimanche, ainsi que les jeudi 26, vendredi 27, samedi 28 et dimanche 29 à 20h30. Tél.: 01/202422. 
La scène s'ouvre sur un milieu carcéral. Un prisonnier et une cuisinière. Un simple gars et une fille. Sauf que les deux semblent rejetés par la société. La fille, elle le dira plus tard, est «transparente, comme si elle n'existait pas». Et lui semble déranger l'ordre établi. Un trouble-fête pour la...

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