Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Objets et histoire

Quelques gouttes de bonheur

Si le mot parfum vient du latin per fumum (par la fumée), c'est que les premiers parfums étaient obtenus en brûlant du bois et des résines dont on enduisait les statues des divinités.
Adonis, dieu grec de la végétation, fut enfanté par Myrrha qui, éprise de son père le roi de Chypre, s'introduisit dans sa couche avant de s'enfuir dans le pays sabéen où les dieux, pour la punir, la transformèrent en balsamier ou arbre à myrrhe, aux propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires. La myrrhe fut d'ailleurs, avec l'or et l'encens, un des présents des rois mages. À Rome, l'engouement pour les parfums et essences, certes héritage d'Égypte et de Grèce, ne connut plus ni limite ni mesure. Les plafonds du palais de Néron faisaient ainsi pleuvoir sur les convives pétales de fleurs et essences rares, tandis que surgissaient des colombes imprégnées de senteurs. Mais de toutes ces civilisations, l'influence des Arabes en matière de parfums est indéniable. Ils distinguent les produits de base (musc, ambre, agalloche, camphre, rose, etc.) des innombrables parfums composés, tels la ghaliya, le nadd, la barmakiya...
Le musc est le parfum roi, il était aussi précieux et recherché que l'or. Cette sécrétion glandulaire du chevrotain est extraite de la poche à musc située près du nombril. Le meilleur vient du Tibet, car l'animal y broute du nard (sunbul), alors qu'en Chine, il se nourrit d'herbes ordinaires. On raconte qu'Ibn Abbas, cousin du Prophète, chargeait ses cheveux d'une telle quantité de musc qu'à son passage on s'exclamait : « Est-ce Ibn Abbas ou le musc qui est passé ? » Quant à l'ambre gris, de l'arabe anbar, c'est une substance molle provenant des rejets intestinaux du cachalot, par transformation de la matière noire que sécrètent les calmars et seiches dont il se nourrit. Cette substance est recueillie à la surface de l'eau ou sur le rivage des côtes africaines de l'océan Indien. Le mélange de ces deux senteurs et d'autres aromates donne la « ghaliya », parfum précieux et coûteux. Les ingrédients n'en assurent pas seuls la qualité : il faut la préparer à l'aube, par vent calme et au printemps de préférence. Chaque calife et haut dignitaire recevait une recette particulière portant son nom...
La parfumerie de la Renaissance se développe en Espagne grâce à l'influence des Arabes : la cannelle, le gingembre, le safran et la cardamome ont été apportés par les navigateurs arabes empruntant la route des Épices qui les a conduits en Inde et à Ceylan. Tandis qu'en Italie, Venise s'impose comme capitale du parfum. Marco Polo aide à cette notoriété en ramenant poivre, noix de muscade et clous de girofle, qui entrent dans la composition des parfums. De nombreux parfumeurs italiens viennent s'installer à Paris, sous l'influence de Catherine de Médicis, qui est accompagnée par son parfumeur personnel. La renommée de Grasse se développe dès cette époque grâce à ses tanneries, et au « parfumage » des gants et des ceintures avec des essences de plantes distillées par les paysans. Sous Louis XIV, la pratique du bain retombe en désuétude (le roi Soleil prenait un bain par an) et le paraître prend de plus en plus d'importance. Les poudres parfumées sont d'usage à la cour et le parfum tient lieu d'hygiène à lui tout seul, en dissimulant les mauvaises odeurs.
Madame de Tremoille, surnommée « la Nerola », portait des gants parfumés à la fleur d'oranger. Ces gants, « guanti di Neroli », auraient donné leur nom à l'essence de Néroli. Les premières eaux de Cologne, venues d'Allemagne, connaissent un grand succès à Paris. Jean-Marie Farina est le créateur de cette eau fraîche à base d'essences issues des zestes d'agrumes, dont Napoléon se frictionnait alors que Joséphine appréciait le musc ; on la surnommait « la folle de musc ».
L'héritier de Jean-Marie Farina, qui porte le même nom et détient la célèbre formule de l'eau de Cologne, devient le fournisseur attitré de l'empereur. En 1828, Pierre François Pascal Guerlain, après un diplôme de chimiste en Angleterre, ouvre sa première parfumerie rue de Rivoli, qui acquiert vite une grande renommée auprès des élégantes à Paris. Il conçoit l'eau de Cologne impériale pour l'impératrice Eugénie, et reçoit le titre de « parfumeur officiel de Sa Majesté » par Napoléon III. Guerlain terminera le siècle en produisant « Jicky », superbe création toujours vendue de nos jours. Puis dès le XXe siècle, les progrès de la chimie organique permettent une évolution considérable de la parfumerie. En isolant, puis synthétisant des molécules présentes dans les plantes, les laboratoires de chimie en Europe et aux États-Unis permettent de nouvelles combinaisons inédites... En 1921, la couturière Gabrielle Chanel (alias Coco), pour qui « une femme sans parfum est une femme sans avenir », lance le parfum qui porte sa marque. Elle fait alors appel à Ernest Beaux - parfumeur de la cour de Russie - pour la création du produit. Après que ce dernier lui eut proposé plusieurs échantillons, Coco Chanel fait son choix : le cinquième d'entre eux. C'est ainsi que naît le Chanel n° 5, un des plus gros succès du luxe dans le monde. Les vedettes les plus en vue se bousculent pour incarner cette femme audacieuse, libérée et sensuelle qui, comme Marilyn, ne porte pour tout pyjama que « quelques gouttes de n° 5 ».

Si le mot parfum vient du latin per fumum (par la fumée), c'est que les premiers parfums étaient obtenus en brûlant du bois et des résines dont on enduisait les statues des divinités.Adonis, dieu grec de la végétation, fut enfanté par Myrrha qui, éprise de son père le roi de Chypre, s'introduisit dans sa couche avant...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut