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Culture - Concert

«La Passion arabe» selon J.-S. Bach…

À l'occasion du trente-cinquième anniversaire de l'Escwa, un concert exceptionnel donné par la Fondation allemande des jeunes musiciens, groupant six nations, a été organisé à la cathédrale Saint-Georges des maronites au centre-ville. Approche inédite de J.-S. Bach pour une « Passion arabe » où humanisme de la Renaissance, tonalités levantines et éclats jazzy se sont subtilement harmonisés.

Des voix aux tessitures magnifiques pour célébrer Bach.

Par-delà les beautés sonores métissées et le dialogue des cultures, langage universel pour abattre tous les murs et ouvrir tous les cœurs à la paix...
C'est en grande pompe et devant un aréopage de personnalités politiques de premier rang, dans une cathédrale illuminée et remplie en coude-à-coude jusqu'aux derniers bancs, que La Passion arabe selon J.-S. Bach a résonné devant l'autel orné de quatre colonnes en bois sculpté et sous des nefs richement décorées de marbre et de dorure.
Une trentaine de musiciens (allemands, autrichiens, irakiens, syriens et libanais) et chanteurs pour un orchestre qui sort des chemins battus, surtout pour interpréter la précision d'une musique baroque.
Originalité de l'entreprise en voyant voisiner hautbois et qanun, trompettes et «nay», violoncelle et «oud», flûte et darbouka, viole et «rik», piano et jazz guitare, clarinette et double basse...
Pour ce jumelage insolite et panaché d'instruments destiné à servir les partitions du cantor, un mélange de voix aux tessitures magnifiques. On cite en premier lieu Fadia el-Hage entourée de Tara Maalouf, Yara Abu el-Rubb, Lara Molaeb et Ribal al-Khaddouri.
La Passion arabe selon J.-S. Bach a déjà été donnée à Bayreuth et Bonn, en Allemagne, dans le cadre du Festival Richard Wagner.
Dans une gravité presque solennelle, se sont succédé des arias, des solos et des duos d'instruments pour tracer les différentes et douloureuses étapes de la semaine sainte. Moments empreints de piété, de ferveur et de prière où les textes (en arabe et en allemand) ajoutent une dimension encore plus grande à l'expression de la souffrance, du sacrifice et de la dévotion.
Liberté d'une «passion » qui n'a rien à voir avec la rigueur de celle de saint Jean ou saint Mathieu telle qu'inspirée au musicien de Leipzig ou Weimar... Mais une «passion» qui navigue entre lumière et lyrisme de l'Orient, et complexité et précision de l'Occident. Une passion où l'humanité est enfin égale et unie devant la foi, les religions, la souffrance et le destin de mort que tout vivant est en droit d'attendre...Une création attachante dans les ramifications qu'elle jette et les croisements subtils qu'elle opère entre rigueur du baroque, évasion jazzy et tendresse de la mélopée orientale...
Greffe musicale réussie pour une passion qui sort presque grandie avec cet apport inédit où la musique brise ouvertement tous les tabous, abat tous les murs et invite à une généreuse réconciliation. Surprenants sont les duos ou solos des percussionnistes Sebastian Flaig et Joss Turnbull, dont la performance frise la bravoure.
Et un grand salut à Fadia el-Hage, impeccable dans sa diction et articulation aussi bien en arabe qu'en allemand, émouvante dans son expression de «mater dolorosa» plongée dans le noir, surtout avec ce morceau à faire pleurer les pierres, «alyom oullika aala khachaba» (aujourd'hui Il a été clouée sur un morceau de bois) et que tous les orthodoxes (et tous les chrétiens d'Orient) psalmodient le vendredi saint les yeux noyés de larmes...
Excellente et ingénieuse initiative que cette Passion arabe selon J.-S. Bach où la musique du cantor, radieuse dentelure de notes, se prête volontiers à tous les assouplissements, à toutes les fantaisies et combinaisons, et resurgit, nourrie d'une sève nouvelle, avec grâce et liberté, entre rives de deux cultures, deux civilisations, deux terres...
Mais on déplore ces trois projecteurs plantés devant l'ensemble orchestral (restés insolemment allumés tout le long du concert) grillant et aveuglant littéralement l'auditoire injustement soumis à une lumière hors mesure, hors contexte et hors recueillement avec la musique de Bach...
Par-delà les beautés sonores métissées et le dialogue des cultures, langage universel pour abattre tous les murs et ouvrir tous les cœurs à la paix...C'est en grande pompe et devant un aréopage de personnalités politiques de premier rang, dans une cathédrale illuminée et remplie en coude-à-coude jusqu'aux...

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