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Culture - Correspondance

Un oratorio universel en première mondiale à Saint-Eustache

Réalisées par Jacques Debs, deux compositions filmées de Rita Ghosn et Stomu Yamash'ta, sous le patronage de l'ambassade du Japon et de l'ambassade d'Islande en France, ainsi que de la délégation du Liban auprès de l'Unesco.

Un moine du Daitoku-ji.

Sous les voûtes gothiques de l'église Saint-Eustache à Paris monte le «Kadish» araméen, porté par la voix du contre-ténor Sverrir Gudjonsson, en ouverture de l'oratorio Liturgy, composé par Rita Ghosn pour contre-ténor, violoncelle, contrebasse et percussions. Devant une audience nombreuse, composée de Français, de Japonais et de Libanais, venus assister à ce concert liturgique particulier, célébré en araméen et transmis en direct sur Arte Live Web, le contre-ténor islandais chante le Notre Père, l'Alleluia, le Kyrie et Lo Te Dhal, le célèbre N'ayez pas peur de Jean-Paul II, tandis que les percussionnistes ajoutent une note aérienne au tragique d'une souffrance qui cherche à s'exprimer.
Cet oratorio mystique de Rita Ghosn, d'une durée de 21 minutes et publié par les éditions Choudens, constitue en effet la musique originale du film du réalisateur franco-libanais Jacques Debs, Miroirs brisés (2006), une commande de la chaîne franco-allemande Arte.
« Un film qui parle des souffrances générées par l'identité minoritaire des musulmans d'Europe et des chrétiens d'Orient », ainsi que nous l'explique Rita Ghosn.
Sur les circonstances de cette création, elle dit avoir reçu carte blanche de Jacques Debs pour s'approprier le sujet de son film et le traduire en musique. « La seule réponse que j'ai trouvée pour exprimer la souffrance de l'identité, c'est la prière universelle, qui appelle au dépassement des situations tragiques. La mystique est la source qui touche tout le monde. »
Pourquoi avoir choisi la langue araméenne ?
« Parce que c'est la source, la langue religieuse de base, qui peut expliquer la diversité culturelle et le pluralisme des sociétés dans lesquelles nous vivons. Jésus parlait l'araméen autant que l'hébreu, qui en est dérivé. En Orient, cette carte d'identité liturgique est nécessaire. Le kadish syriaque est le sanctus latin. En hébreu, le kadish est aussi le chant des morts. La phonétique araméenne apporte donc une communion du sacré entre les religions. C'est le sens fondamental de « Liturgy ». Je voulais recourir au sacré universel, retrouver le sens mystique de l'appel de la vie, du chemin de croix de tout un chacun et du dépassement de soi. »

Les « sens du zen » entre Japon, Islande et Orient
Dans l'un des transepts de l'église, Jacques Debs, réalisateur inspiré, officie avec son équipe, en filmant le concert. Il est la cheville ouvrière de cette soirée exceptionnelle, dont la 2e partie est tout aussi mystique que la 1re.
Pour les besoins de son prochain film, Musiques boréales, Debs a ainsi réuni devant ses caméras le célèbre percussionniste japonais Stomu Yamash'ta, le contre-ténor Sverrir Gudjonsson, quatre moines du temple bouddhiste zen Daitoku-ji, la soprano syrienne Noma, à la voix puissante et chaude, et deux flûtistes, pour interpréter, en création mondiale, The Void (ce mot désignant le concept zen kokû, la vacuité). Il s'agit d'un oratorio mystique à partir de textes sacrés islandais, japonais et araméens. Cet oratorio donné à Saint-Eustache est la conclusion du tournage du film de Jacques Debs, qui bénéficie du soutien de la fondation franco-japonaise Sasakawa et qui est coproduit par Arte et Les Films d'Ici.
Pour ce concert, « nous avons choisi un poème d'Ikkyû, des extraits de la Bataille d'Islande et trois prières du Proche-Orient, deux en araméen, la langue de Jésus, la troisième en hourrite, une langue morte vieille de plus de 5000 ans», explique Debs. « Réunir tous ces grands artistes à Saint-Eustache participe de notre volonté de bâtir des ponts musicaux et artistiques entre les êtres, des ponts enracinés dans la culture de chacun, japonaise, islandaise, libanaise, mais pouvant également les transcender. Le monde du zen rencontrant celui des sagas islandaises puis s'entremêlant aux chants orientaux afin de tisser une toile musicale unique qui magnifie la Création. »
Cette soirée, placée sous le patronage de l'ambassade du Japon et de l'ambassade d'Islande en France, ainsi que de la délégation du Liban auprès de l'Unesco, fut en effet une véritable célébration de la Création. Servie par des interprètes talentueux, cette œuvre puissante déroule la genèse de l'univers, depuis le chaos d'où Dieu a sorti la création, jusqu'à la naissance de l'homme, qui prend conscience de son existence, s'organise et construit une société humaine. Alors vient la musique, traduite à merveille par la flûte irlandaise, et avec l'harmonie, viennent les saisons, et du cœur de l'homme monte la prière. L'émotion s'installe, qui ne peut s'épanouir que dans la chair. C'est l'incarnation du divin en l'homme. Et l'incarnation d'une idée dans un scénario bien construit, relatant une aventure artistique pluriculturelle exceptionnelle...
En finale du concert, le duo Noma-Gudjonsson devait emporter l'auditoire de Saint-Eustache, avec beaucoup de brio et d'émotion, vers ce « voyage sans fin » qu'est la quête de l'absolu et la recherche du beau.
Sous les voûtes gothiques de l'église Saint-Eustache à Paris monte le «Kadish» araméen, porté par la voix du contre-ténor Sverrir Gudjonsson, en ouverture de l'oratorio Liturgy, composé par Rita Ghosn pour contre-ténor, violoncelle, contrebasse et percussions. Devant une audience nombreuse, composée de...

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