byzantin.
L'exposition se tient alors que la Turquie aligne ses atouts pour intégrer le concert européen, profitant de la Saison turque qui s'est ouverte en France le 4 juillet et qui continue jusqu'en mars 2010, avec une série d'événements culturels et artistiques visant à se rapprocher en particulier de la France de Nicolas Sarkozy, qui a dit et répété qu'il n'était pas favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union
européenne.
«Comme dans toutes les expositions, il y a un message, a déclaré la commissaire turque de l'exposition, Nazan Ölçer. Ceux qui viendront visiter l'exposition pourront voir que l'histoire d'Istanbul fait partie intégrante de l'histoire de l'Europe.»
À voir l'exposition «De Byzance à Istanbul», on se dit qu'Istanbul peut très bien brandir son aspiration européenne, mais il serait erroné de confondre la Turquie, vaste territoire en grande partie anatolien, avec sa capitale. Istanbul avec le charme désuet de son centre-ville où flotte un air des années 50, Istanbul qui se décline en deux versions sur les deux rives du Bosphore, l'occidentale et l'orientale, semées de palais des sultans d'autrefois et traversées par les «tankers» d'aujourd'hui. Istanbul où veille encore, sur la colline d'Eyüp dominant la Corne d'or, Pierre Loti en son café.
C'est cette Istanbul, «ville aux cent noms», selon l'expression de l'écrivain turc Orhan Pamuk, au confluent de deux grandes civilisations, chrétienne et musulmane, européenne et orientale, capitale de deux empires parmi les plus puissants et les plus riches de l'histoire, qui expose son passé au Grand Palais. Elle décline sur deux étages sa double identité et son double héritage impérial, rappelant la mortalité des empires et l'irréversibilité de leur déclin.
Restent les vestiges et les témoignages de la grandeur des civilisations qui se sont succédé sur cette terre ancienne, dans cette ville qui a inspiré écrivains, poètes et peintres, et qui se renouvelle sans cesse.
Au rez-de-chaussée, neuf siècles d'Empire byzantin et orthodoxe accueillent les visiteurs. Bustes et statues des empereurs de Byzance, croix et brûle-encens, icônes et peintures, manuscrits enluminés des épîtres de saint Paul ou des œuvres d'Hippocrate, parures et pendentifs avec le Christ Pantocrator, calices et camées, reliquaire de la Vraie croix (XIIe s.), reliefs et stèles funéraires disent la splendeur des trésors de la ville, dispersés en Europe depuis son sac par les croisés.
Le premier étage évoque cinq siècles d'Empire ottoman et de califat musulman, et met en relief les arts militaires (sabres yatagans, casques et armures) et arts somptuaires, à la gloire du sultan, notamment Soliman le Magnifique, l'épée de Mohammad II et sa veste de maille, la salle du trône de Topkapi, mais aussi les chefs-d'œuvre de l'architecte Sinan, les splendeurs de la cour et les audiences du sultan, la vie quotidienne au palais de Topkapi, mais aussi celle des Stambouliotes.
Une projection de photos en noir et blanc fait revivre la ville du début du XXe s., après la fondation de la République turque en 1923, par Kemal Atatürk. Celui-ci transféra la capitale à Ankara. Istanbul demeure cependant le nerf économique et culturel du pays. Elle sera, en 2010, capitale européenne de la culture.