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Culture - Distinction

Le talentueux Pierre Audi, premier lauréat du prix Johannes Vermeer

L'art, le véritable, l'authentique, celui qui sort des tripes et qui est nourri de culture ne connaît pas de frontières. Pierre Audi en est la preuve.
Une preuve de plus à ajouter à nos prodiges qui brillent à l'étranger. Directeur artistique du Nederlandse Opera d'Amsterdam depuis 1998 (il occupe la même fonction au festival annuel Holland Festival depuis 2005), il vient de recevoir, à Delft, le prix Johannes Vermeer, un prix d'État destiné à honorer et à couronner un «talent artistique exceptionnel». Cette distinction, dotée d'un montant de 100000 euros, lui est octroyée pour ses «prestations de metteur en scène et de novateur dans le domaine du théâtre musical», indique le jury de ce prix qui en est là à sa première édition.
Pierre Audi a passé sa jeunesse à Beyrouth et à Paris, mais a étudié l'histoire à Oxford. Il avait 22 ans lorsqu'il a fondé à Londres l'Almeida Theatre, dédié à la musique, au théâtre et à la danse, où il a mis en scène Botho Strauss, Koltès, Rihm, Bussoti...
Naturalisé britannique, mais nourri de culture française, il a 31 ans lorsque, en juin 1988, il prend les rênes de l'Opéra néerlandais.
Il y montera notamment la Tétralogie de Wagner (1997-1998), Les Troyens de Berlioz (2006). À l'Opéra Bastille, où il fait ses débuts français, Pierre Audi met en scène La Juive de Jacques Fromental Halévy (1799-1862), créée en 1835 à l'Opéra de Paris sur un livret d'Eugène Scribe.
«Audi est un directeur d'opéra particulièrement talentueux et innovateur. Au cours des 20 dernières années, il a enrichi le répertoire de l'Opéra d'Amsterdam de plus d'une vingtaine d'œuvres à partir d'anciens et de nouveaux répertoires», indique le communiqué du jury.
Pour Audi, ce prix est « un grand honneur». «En devenir le premier lauréat est une responsabilité qui confère autant d'humilité qu'elle intimide.» Il ajoute que ces sentiments lui sont familiers puisque ce sont les mêmes qu'il a ressentis vingt ans plus tôt lorsqu'on lui a confié la direction de l'opéra, en lui assurant qu'il avait le droit d'échouer. «Ce qui m'importait, alors, c'était le besoin d'entreprendre, de risquer. Et c'est à partir de ce moment-là que j'ai réalisé l'étendue et les défis de mes nouvelles responsabilités.»

Un monde de paradoxes
L'instinct, le bagage cosmopolite et une passion inconditionnelle pour l'opéra. Ce sont les trois ingrédients qu'il avait en main à ses débuts à Amsterdam. «Mais aussi, une inexpérience en matière de mise en scène d'opéra, une certaine innocence qui m'a permis de prendre des décisions que je ne saurais prendre aujourd'hui. Ajoutez à cela de la chance et une ville au climat ouvert dont nous sommes extrêmement reconnaissants. Et vous aurez une idée de ce qui a rendu possible l'aventure des deux dernières décennies.»
Concernant ses origines libanaises, Pierre Audi avoue qu'il s'agit sans doute du fait d'être né «dans un pays étrange, un monde de paradoxes, d'inégalités extrêmes et d'identités précaires, un monde violent qui m'a fait remettre en question mon environnement et a défini mon rôle et ma manière d'appréhender les obstacles et de relever les défis.» «C'est à travers les arts que j'ai pu sublimer les sentiments de cruauté et d'absurdité de ce monde», a-t-il encore dit en recevant son prix.
Celui qu'un article de la Presse musicale internationale décrit comme un « provocateur tranquille avec un très singulier sens de l'humour... Personnalité discrète qui répugne à étaler ses émotions, Pierre Audi a la réputation d'un homme de grande générosité avec lequel le travail est un plaisir qui se partage» ajoute que «mettre en scène un opéra, c'est d'abord raconter une histoire. La rendre intemporelle pour que chacun puisse y trouver l'espace et le temps qui lui conviennent. Éviter le sensationnalisme des réactualisations spectaculaires».
Pour définir son style, il indique que son «seul modèle fut Wieland Wagner pour son travail dans l'abstraction et l'intériorité des chanteurs. Mais je n'ai jamais imité personne, et personne ne m'a jamais imité.»
Son rêve? «Mettre en route un nouveau projet... C'est ce qui va se passer demain qui me fait rêver», dit-il encore. En l'occurrence: Berlioz en 2010, Wagner en 2013.

Une preuve de plus à ajouter à nos prodiges qui brillent à l'étranger. Directeur artistique du Nederlandse Opera d'Amsterdam depuis 1998 (il occupe la même fonction au festival annuel Holland Festival depuis 2005), il vient de recevoir, à Delft, le prix Johannes Vermeer, un prix d'État destiné à honorer et à couronner...

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