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Culture - Cérémonie

« Le solo d’un revenant » de Kossi Efoui couronné du Prix des cinq continents

Parmi les événements du week-end au Salon les plus « courus », la remise du Prix des cinq continents de la francophonie à l'écrivain togolais Kossi Efoui pour son roman « Solo d'un revenant » (éd. du Seuil) a eu lieu sous le haut patronage du ministre de la Culture et en présence des membres - prestigieux - du jury, ainsi
que d'un aréopage d'ambassadeurs, de députés et de journalistes.
Au nom du secrétaire général de la Francophonie, M. Abdou Diouf, et de l'administrateur de l'OIF, Clément Duhaime, Frédéric Bouilleux, directeur de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique à l'Organisation internationale de la francophonie, a commencé par remercier toutes les personnes présentes « d'être venues, à l'occasion de la désormais traditionnelle remise du Prix des cinq continents, célébrer la littérature francophone. Quel meilleur lieu que Beyrouth, place forte de l'impression et de l'édition dans cette région du monde et capitale mondiale du livre 2009 pour remettre ce prix ? » a-t-il proclamé, rappelant que c'est à Beyrouth que ce prix avait été décerné pour la première fois, en 2001, à Yasmine Khlat pour son premier roman Le désespoir est un péché paru aux éditions du Seuil.
Exprimant la fierté du Liban d'accueillir une cérémonie d'une telle ampleur, M. Tammam Salam a rendu hommage aux valeurs fondamentales de l'OIF, dont l'une des vocations est la « promotion des richesses humaines et culturelles des hommes qui s'expriment en français ». Et dont ce prix, qui « récompense l'excellence dans la diversité, est l'une des illustrations ».
« Le Prix des cinq continents de la francophonie, qui consacre chaque année un roman écrit en français, est destiné à favoriser l'émergence des talents littéraires reflétant l'expression de la diversité culturelle et éditoriale en langue française », a d'ailleurs indiqué M. Bouilleux.
Prenant à son tour la parole, Lise Bissonnette, présidente du jury de ce prix - composé de Jean-Marie Gustave Le Clezio, René de Obaldia, Lyonel Trouillot, Vénus Khoury-Ghata, Paula Jacques et Pascale Kramer -, a déclaré que « ce roman a fait largement consensus parmi nous ». Un jury qui, dans une déclaration commune lue par Mme Bissonnette, explique son choix « audacieux » de « ce texte qui remet en cause des évidences en imposant un métissage des genres : fable, théâtre, poésie », par « sa haute qualité littéraire » et par « le regard vif et intelligent que l'auteur pose, dans la perspective des guerres fratricides, sur la cruauté du monde».

Les commentaires des membres du jury
Commentant ensuite de manière plus personnelle leur choix, les membres du jury ont, chacun avec ses mots, évoqué l'impact émotionnel de ce roman. « Ce livre m'a terriblement touché parce qu'il m'a renvoyé à mon pays, aussi meurtri que le pays dont parle Kossi Efoui. Une fois le livre refermé, on ne sait plus qui est le bourreau, qui est la victime », a affirmé Vénus Khoury-Ghata, qui a également relevé « la subtilité avec laquelle Kossi Efoui a su passer de la forme théâtrale à la forme narrative ».
Lyonel Trouillot, écrivain d'origine haïtienne, a souligné que « ce livre sur le retour n'est pas un nombrilisme du voyage personnel, c'est un regard sur le pays laissé et redécouvert. C'est cela qui fait l'originalité de ce livre par rapport à d'autres discours de revenants. Quant à la langue, souvent je dis que l'écrivain est celui qui signe chacune de ses phrases. Et je crois que chacune des phrases de ce livre constitue un véritable travail d'écrivain. Bravo, Kossi», a-t-il déclaré.
Jean-Marie Gustave Le Clézio, qu'on ne présente plus, a, quant à lui, beaucoup aimé « la puissance de Kossi Efoui dans ce roman, qui a la force d'un roman populaire, et la hauteur et la difficulté d'une sorte de poème ou de message philosophique », a-t-il soutenu. « Je crois que c'est l'art de cet auteur d'avoir su nous faire partager l'universalité de ce drame qu'est la guerre. Mais c'est surtout la langue de Kossi Efoui que je trouve magnifique. C'est une incantation, qu'on a envie d'entendre. C'est un magnifique exemple de ce que l'on peut faire en mélangeant la puissance orale du théâtre, et la force secrète et mystérieuse de la littérature écrite. »
Pour Pascale Kramer, écrivaine suisse et agent littéraire, Le solo d'un revenant a été pour elle « une découverte, comme on n'en fait pas si souvent en littérature. Dès les premières lignes, les premières pages, on entre dans une langue totalement nouvelle, une écriture singulière qui est d'autant plus remarquable qu'elle arrive à dire l'indicible ».
Paula Jacques, écrivaine et journaliste littéraire, a été « éblouie, dit-elle, par le regard différent, nouveau, que Kossi Efoui a réussi à poser sur ce thème obsessionnel des guerres fratricides, abondamment traité dans la littérature africaine ».
« Nous avons fait notre travail en couronnant ce livre. Il faudrait maintenant que vous, vous le lisiez », a-t-elle conclu en s'adressant aux personnes présentes.
Enfin, pour marquer sa totale adhésion aux opinions de ses confrères, René de Obaldia, grand homme de théâtre et membre de l'Académie française, a, pour sa part, choisi de lire des extraits choisis de l'ouvrage couronné. Dont le magnifique exergue que voici : « Les personnages de ce livre sont des êtres de fiction, comme nous tous. Toute ressemblance, même fortuite, avec les vivants, les morts et les morts-vivants est donc réelle. »

Merci à mes maîtres à l'école...
Visiblement ému, le lauréat, dont c'est le troisième roman - et qui est aussi l'auteur de plusieurs pièces de théâtre jouées en Afrique et en France, où il vit -, a adressé ses remerciements, certes aux « membres du jury », mais aussi à ses « maîtres à l'école », qui, dit-il, « m'ont fait aimer la philosophie et l'écriture, ceux-là mêmes qui m'ont expliqué que si on n'a qu'un seul livre, il faut le lire 10 fois, vingt fois, cent fois ». « Je suis heureux, a-t-il poursuivi, que ce prix me soit remis à Beyrouth, pour les étonnants croisements entre ce que je dis dans mon livre et ce que je peux entendre ici de ce que les gens me racontent. La littérature est ainsi un espace où l'on peut traduire des émotions qui sont nôtres et qui peuvent être aussi celles des autres. »
Outre la « symbolique mais réelle somme d'argent qui récompense les lauréats de ce prix », Kossi Efoui pourra bénéficier d'un accompagnement dans plusieurs manifestations littéraires de par le monde durant l'année entière.
Au nom du secrétaire général de la Francophonie, M. Abdou Diouf, et de l'administrateur de l'OIF, Clément Duhaime, Frédéric Bouilleux, directeur de la langue française et de la diversité culturelle et linguistique à l'Organisation internationale de la francophonie, a commencé par remercier toutes les personnes...

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