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Santé

Peut-on prévenir les fractures du sujet âgé ? Le modèle FRAX, un outil d’appoint

Par le Dr Rafic Baddoura*
L'ostéoporose est bel et bien une affection silencieuse pour avoir ainsi été largement décrite au grand public. En effet, la diminution de la masse osseuse et les détériorations de la microarchitecture de l'os qui la caractérisent ne causent en elles-mêmes aucun symptôme. Toutefois, lorsqu'elle décide de s'exprimer, l'ostéoporose est bruyante. Comment d'ailleurs en serait-il autrement lorsque sa forme d'expression n'est autre qu'une fracture et quand elle peut survenir au détour d'un traumatisme dont l'intensité souvent minime ne présage pas des conséquences fâcheuses qui en découlent ?
Il est bien établi maintenant par de multiples études épidémiologiques que la fracture osseuse du sujet âgé est souvent l'expression clinique d'une ostéoporose sous-jacente, restée silencieuse auparavant.
Certes, la définition du sujet âgé peut différer selon que l'on soit homme ou femme, en bonne ou en mauvaise santé, fumeur ou non fumeur, prenant des médicaments au long cours susceptibles d'affecter le métabolisme osseux ou non. Bref, l'âge ne saurait être réduit à la simple arithmétique des années. Il correspond davantage à l'état physiologique d'un sujet et reflète en fait ce qu'il a fait de son corps au fil des ans.
Toujours est-il que les êtres humains peuvent être victimes de fracture à des âges qui diffèrent d'un sujet à un autre. La question qui se pose est celle de savoir comment prévenir la survenue de fracture.
Précisons d'emblée que prévenir la survenue de fracture est une décision fondée sur la notion de risque et que le risque zéro ne fait malheureusement pas partie du monde vivant.
Prévenir consiste donc essentiellement à réduire le risque à un niveau acceptable. Et la question devient donc celle de savoir comment peut-on évaluer correctement ce risque. Là aussi, les études épidémiologiques nous ont permis d'apprécier cette menace en collectant dans une population donnée les informations concernant le nombre de personnes qui sont victimes de fractures durant une période d'observation s'étalant en général sur une dizaine d'années et de calculer par conséquent le pourcentage d'individus subissant une fracture sur une période de suivi de dix ans. On obtient ainsi le risque moyen de fracture pour un sujet d'âge et de sexe déterminés sur une période de dix ans.
Sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plusieurs centres spécialisés dans  le monde sont allés plus loin et ont pu établir une méthode simple d'estimation de ce risque, pour un sujet donné, en fonction de son âge, de son sexe et d'un certain nombre de caractéristiques, à savoir s'il fumait ou pas, s'il avait un antécédent personnel ou familial de fracture, s'il souffrait d'un rhumatisme inflammatoire, la polyarthrite rhumatoïde à titre d'exemple ou non, s'il prenait des corticoïdes ou non. À cela s'ajoute la valeur de la densité minérale osseuse mesurée à la hanche, notamment au niveau du col du fémur.
Cette méthode désignée sous l'acronyme FRAX, pour Fracture Risk Assessment Model, est désormais disponible dans sa forme préliminaire au Liban. Elle permet au médecin d'estimer le risque de fracture de son patient et de décider avec lui des mesures préventives à prendre, compte tenu de ce risque. On sera bien évidemment d'autant plus vigilant et plus enclin à prescrire des médicaments que le risque du sujet est plus élevé. À l'inverse, on évitera des traitements inutiles quand le risque s'avérera suffisamment faible.

* Le Dr Rafic Baddoura est chef de service de rhumatologie à l'Hôtel-Dieu de France de Beyrouth - Université Saint-Joseph, président de la Société libanaise de rhumatologie et secrétaire de la Société libanaise de l'ostéoporose et des maladies métaboliques osseuses.
L'ostéoporose est bel et bien une affection silencieuse pour avoir ainsi été largement décrite au grand public. En effet, la diminution de la masse osseuse et les détériorations de la microarchitecture de l'os qui la caractérisent ne causent en elles-mêmes aucun symptôme. Toutefois, lorsqu'elle décide de s'exprimer,...

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