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Moyen Orient et Monde - Le point

Les bons paris

Les diplomates qui accompagnaient Hillary Clinton dans sa première visite à Moscou en tant que secrétaire d'État avouent être restés sans voix en écoutant Serguei Lavrov. De nouvelles sanctions contre l'Iran seraient contre-productives, venait de déclarer le ministre russe des Affaires étrangères. Puis, avec cet art consommé de manier le chaud et le froid qui est le propre de la diplomatie kremlinienne, il ajoutait : « Il y a des cas où elles deviennent inévitables, mais seulement quand tous les autres procédés sont épuisés. Avec Téhéran, on en est très loin. » Ce sont ces deux derniers mots qui ont provoqué les froncements de sourcils américains. « Très loin » ? Cela signifie que l'arsenal de la persuasion par la négociation semblerait inépuisable et donc que la République islamique peut espérer une longue période de répit qui pourrait être mise à profit par les intéressés pour mener à bien un programme déjà bien avancé.
Va donc pour la patience, même si ses vertus devaient avoir un redoutable effet boomerang. L'ancienne First Lady a dû ravaler sa déception, sourire à son homologue et reconnaître qu'effectivement, l'heure n'était pas encore à une nouvelle volée de dispositions, enfin qu'« il est important de poursuivre sur la voie du dialogue et de tout faire pour que celui-ci aboutisse ». Ouf ! Il y a, comme ça, des jours où l'on regrette d'avoir choisi le métier que l'on exerce... Quarante-huit heures auparavant, Mme Rodham affirmait que « la communauté internationale n'allait pas attendre indéfiniment » des preuves de la bonne foi de ces interlocuteurs passés maîtres dans l'exploitation du facteur temps pour atteindre leurs objectifs. Elle aurait pu rappeler qu'il y a trois semaines à peine, le président Dmitri Medvedev parlait de l'inéluctabilité de sévères mesures, suscitant l'enthousiasme de Barack Obama qui applaudissait alors à cette volte-face de l'adversaire d'hier.
Sur le thème de ce qui apparaîtrait aux yeux d'un naïf observateur occidental comme représentant un changement de cap russe, le journaliste Fedor Loukianov, proche du pouvoir, apporte une explication à la fois originale et logique. Si, soutient-il, le successeur de Vladimir Poutine à la tête de l'État a paru, un moment, faire sien le point de vue des USA, c'est que ceux-ci venaient, le 17 septembre, de renoncer à leur bouclier antimissile en Europe après avoir revu à la baisse la menace iranienne contre le Vieux Continent. Il s'agirait donc d'un retour de l'ascenseur qui n'aura duré que l'espace d'un court moment, comme le confirme la récente attitude de Lavrov, soulignée, si besoin était, par le principal négociateur russe dans le dossier nucléaire iranien, Sergueï Riabkov. Celui-ci, dans des propos reproduits par les agences de presse Interfax et RIA-Novosti, affiche un faux étonnement : « Je ne comprends pas pourquoi nous devons mettre l'accent maintenant sur de nouvelles sanctions alors qu'il y en a déjà. »
À ce jour, on n'en a pas beaucoup parlé, mais derrière la riposte à un programme sur lequel les avis sont partagés - et dont il conviendrait de chercher les origines au tout début des années soixante-dix, quand le chah Mohammad Reza Pahlavi régnait sur le pays -, se profile l'ombre d'un nouveau traité sur la réduction des armes stratégiques dont la version initiale, datant de 1991, vient à expiration en décembre de cette année. Voudrait-on énumérer les autres points délicats inscrits à l'ordre du jour des entretiens russo-américains que l'on n'en finirait pas : l'Afghanistan, bien sûr, figure en tête des préoccupations des deux parties, mais aussi le rôle futur de l'Alliance atlantique, une Corée du Nord dotée maintenant d'un inquiétant arsenal de guerre, sans compter la situation dans certaines républiques de l'ancien Empire des glaces comme la Géorgie, la Tchétchénie, l'Ukraine. On le voit, les sujets ne manquent pas, dont l'examen nécessiterait des mois, des années même de négociations. Les successeurs de l'ayatollah Khomeyni peuvent dormir tranquilles et ironiser sur les ennemis qui parlent de la vulnérabilité de leur économie. Après tout, celle-ci est depuis longtemps moribonde au point de devoir recourir au marché noir pour se fournir en pétrole, elle qui fut, jusqu'en 1979, l'un des principaux fournisseurs du marché mondial.
Lundi prochain s'ouvriront à Vienne des pourparlers pour autoriser (ou non) Téhéran à enrichir son uranium à l'étranger. Le 1er octobre, on annonçait l'ouverture du site de Qom aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique, en attendant d'autres surprises que tout le monde, des deux côtés de la barrière, veux croire bonnes.
Quelqu'un veut-il répondre à la question suivante : mais au fait, qui donc manie la carotte et le bâton ?
Les diplomates qui accompagnaient Hillary Clinton dans sa première visite à Moscou en tant que secrétaire d'État avouent être restés sans voix en écoutant Serguei Lavrov. De nouvelles sanctions contre l'Iran seraient contre-productives, venait de déclarer le ministre russe des Affaires étrangères. Puis, avec cet art...

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