Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Hotte d'or

Médéa Azouri Habib m’a tuée

Pour une fois que j'ai trouvé quelqu'un avec qui j'ai envie de me réveiller. Pour une fois que j'ai trouvé quelqu'un avec lequel mes masques deviennent inutiles, ridicules. Que ce quelqu'un de quelques décennies de moins que moi m'emmène déjeuner tous les samedis à Tarik Jdidé avec sa mère voilée et ses petits frères et sœurs qui l'idolâtrent ; sa mère qui se coupe en quatre pour que je mange comme une reine, et que moi, je sois heureuse, simplement sereine. Sa mère qui demande si ma robe Hervé Léger et mes styletto Manolo Blahnik sont du Zuhair Murad sans que je ne m'étrangle. Que ce quelqu'un ait réussi à me faire oublier que le seul liquide autorisé à passer mon œsophage, même lorsque je me brosse les dents, est la Veuve Clicquot. Que ce quelqu'un me prenne et m'accepte et m'impose, auprès de sa famille, comme je suis, comme cette pétasse qui râle, qui raconte des histoires et qui fait un scandale si l'eau du robinet avec laquelle elle se douche n'est pas une eau de marque. Comme cette pétasse qui pourtant ne ferait pas du mal à une mouche si la mouche est innocente, cette pétasse qui sait pourtant rendre un homme heureux comme personne, cette pétasse ultrabotoxée mais qu'on a pourtant envie d'épouser. Pour une fois que je suis heureuse. Pour une fois que je me moque de ce que le monde dit, de ce que le monde crache comme venin, que je ris lorsque ce monde ricane et bave, les lazzis, les quolibets, Marguerite a trois fois dix-neuf ans, son Houssam va vite la quitter pour une louloutte de son âge ; pour une fois que je conchie la méchanceté du monde sans y répondre. Mais non. Les gens sont si bêtes. Houssam ne va pas me larguer pour une fille de dix-huit ou dix-neuf ans. Si seulement. Je me serai battue. Mais non, mais non, je veux mourir, je veux partir, je veux m'enfuir... Houssam m'a posé un ultimatum. Mortel. Létal. Ignoble. Ignominieux. Viril, tellement viril. Cruel. Tragique ultimatum. Houssam m'a dit : Je veux un enfant de toi et si tu me dis non, il n'y aura plus la moindre raison, ma divine, pour que l'on reste ensemble. Tuez-moi. Tuez-moi ici et maintenant. Tuez-moi, ce con, ce con que j'aime de toutes mes pores est sérieux. Ce con, ce con pour lequel je bois chaque samedi de l'eau parfumée avec un peu d'arak en me retenant de vomir, ce con que j'embrasse comme une noyée même lorsqu'il revient, dégoulinant, de son entraînement de football, ce con a lu l'article de Médéa Azouri Habib qui parle de moi comme sa mère spirituelle, Médéa Azouri Habib qui parle de moi comme la milf ultime, cette mother i'd love to f***, mais ultime si j'avais été mère et Houssam a exigé que je sois mère, la mère de son enfant, la mère définitive, la mère absolue, la mère infinie, ou alors il part, il me quitte, il me laisse. Moi, moi mère ? Moi que quelqu'un appellerait maman ? Moi, la plus pétasse des égoïstes ? Moi ? Moi, Margot, maman ? Il est fou. Houssam est fou et Médéa Azouri Habib, gentille et respectueuse comme tout et pas ingrate du tout, elle a, sans le savoir, mis un grain, le plus fou des grains, dans le cerveau pas très compliqué de mon homme, et ça, ça, c'est monstrueux, je ne veux pas, je ne peux pas être mère et si je ne suis pas mère, Houssam s'en va, et ça, ça, ça me tuerait, si Houssam me quitte, jamais, jamais plus jamais, puisque je mourrai, je ne dirai miam miam.

margueritek@live.com
Pour une fois que j'ai trouvé quelqu'un avec qui j'ai envie de me réveiller. Pour une fois que j'ai trouvé quelqu'un avec lequel mes masques deviennent inutiles, ridicules. Que ce quelqu'un de quelques décennies de moins que moi m'emmène déjeuner tous les samedis à Tarik Jdidé avec sa mère voilée et ses petits...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut