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Jeux Francophonie : le français sous la domination de l'anglais au Liban

La pratique de l'anglais gagne régulièrement du terrain au Liban, souvent au détriment du français, apanage des classes moyenne et supérieure, alors que Beyrouth accueille les jeux de la Francophonie jusqu'au 6 octobre.

"La place du français a beaucoup régressé, estime Gisèle Khoury, journaliste à la chaîne Al-Arabia. A cela deux raisons; cette langue est plus facile pour tout ce qui touche à internet et aux ordinateurs. D'autre part, c'est plus facile de se faire embaucher pour trouver du travail dans le monde arabe".

Le français, dont l'usage étendu remonte aux missions religieuses de la fin du XIXe siècle, semble réservé à une minorité. "Les familles qui parlaient traditionnellement français continuent à le faire, mais les familles uniquement arabophones se sont tournées vers l'anglais, notamment parce que les pays arabes sont anglophones. En fait, on parle davantage anglais, mais pas moins français", analyse Nayla Zreik, professeur de langues et de littérature à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth.

Le français, quasiment porté disparu dans la rue où les panneaux publicitaires et annonces couplées arabe-anglais dominent outrageusement, occupe pourtant une place importante dans le système éducatif. "Entre l'enseignement primaire et le secondaire, 600.000 des 900.000 élèves scolarisés au Liban le sont dans des écoles francophones, avec un enseignement intensif en français et dans les matières scientifiques", avance Christophe Chaillot, attaché de coopération éducative à l'Ambassade de France.

"On estime que 25% de la population libanaise est francophone. Par ailleurs, 40% de la population étudiante étudie en français", souligne-t-il.

L'anglais est la langue prioritaire pour les études, comme pour les affaires.

+French is must+

En fait, le français semble réservé à certaines catégories de la population du Liban (4,5 millions d'habitants). "Il y a des régions plus francophones que d'autres, explique Nayla Zreik. Le français est davantage parlé chez les chrétiens et chez les musulmans chiites, que chez les sunnites qui se sont tournés davantage vers l'anglais".

"Mais historiquement, le français a toujours été la langue de la bourgeoisie chrétienne", s'emporte Pierre Abi-Saab, journaliste au quotidien d'opposition de gauche Al-Akhbar, proche du Hezbollah.

"La Francophonie, c'est ringard. C'est un milieu recroquevillé sur lui-même", poursuit M. Abi-Saab, soulignant que si le modèle Républicain français doit demeurer une référence, sa langue a "raté le contact avec l'Islam au début du (XXe) siècle".

Le combat est-il irrémédiablement perdu alors que la France exerça un mandat sur le Liban qui s'acheva avec l'indépendance en 1943 ? "Cette langue doit être porteuse de valeurs culturelles", avance Nayla Zreik.

"La langue française reste une alternative, un projet de société, lâche Pierre Abi-Saab. Mais il faut aller dans la banlieue sud (de Beyrouth, fief du Hezbollah) avant Ashrafieh (quartier de Beyrouth à majorité chrétienne). La langue française est un formidable outil de liberté".

En attendant, le français semble résigné au statut de troisième langue. "Je suis optimiste pour le Français dans le cadre trilingue (arabe, anglais, français). Le français et l'anglais sont complémentaires, dans le contexte de mondialisation, glisse Christophe Chaillot. De plus en plus, les annonces de recherches d'emploi demandent les trois langues. Dans les annonces en anglais, ils marquent souvent +French is must+".

La pratique de l'anglais gagne régulièrement du terrain au Liban, souvent au détriment du français, apanage des classes moyenne et supérieure, alors que Beyrouth accueille les jeux de la Francophonie jusqu'au 6 octobre.
"La place du français a beaucoup régressé, estime Gisèle Khoury, journaliste à la chaîne Al-Arabia. A...