La France et la Pologne ont écrit à la secrétaire d'État américaine pour plaider la clémence envers le cinéaste Roman Polanski. La justice américaine dispose de 40 jours pour présenter une demande d'extradition officielle, délai qui peut être prolongé de 20 jours. Polanski peut faire appel de toutes les phases de la procédure. Selon l'avocat genevois Charles Poncet, « les Suisses ne peuvent pas dire non » car, selon le traité d'extradition en vigueur entre les deux pays, « ils ont l'obligation d'extrader ».
Les amis du réalisateur ne se résignent pas à cette perspective : des cinéastes et artistes du monde entier ont lancé une pétition pour exiger sa « remise en liberté immédiate » et dénoncent un « traquenard policier ». Parmi les premiers signataires figurent Costa-Gavras, Wong Kar-wai, Fanny Ardant, Ettore Scola, Marco Bellocchio, Giuseppe Tornatore, Monica Bellucci, Abderrahmane Sissako, Tony Gatlif, Pierre Jolivet, Jean-Jacques Beineix, Paolo Sorrentino, Michele Placido, Barbet Schroeder, Gilles Jacob et Bertrand Tavernier. L'Association suisse des scénaristes et réalisateurs de films a dénoncé « un scandale juridique qui nuira à la réputation de la Suisse à travers le monde ». Les réalisateurs de films polonais, menés par Andrzej Wajda, ont demandé à leur gouvernement d'éviter « un lynchage judiciaire ».
Le ministre français de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, a jugé « absolument épouvantable » l'arrestation du cinéaste « pour une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens », ajoutant que le président Nicolas Sarkozy suit l'affaire « très attentivement ».
La Bulgare Irina Bokova, élue directrice générale de l'Unesco, a de son côté jugé « choquante » l'arrestation. Les soutiens du cinéaste dénoncent « l'acharnement » de la justice américaine, alors que l'adolescente avec laquelle Roman Polanski a eu des « relations sexuelles illégales », aujourd'hui une mère de famille de 45 ans, a demandé l'abandon des poursuites.
L'affaire a d'autant plus surpris que Polanski venait régulièrement sans être inquiété en Suisse, où il possède une maison dans la station alpine huppée de Gstaad. Le parquet de Los Angeles a indiqué avoir planifié l'arrestation la semaine dernière, après avoir eu vent de sa prochaine venue à Zurich, envoyant alors un mandat d'arrêt. Pour la ministre suisse de la Justice Eveline Wildmer-Schlumpf, il n'y avait « pas d'autre solution » que de l'arrêter. Et si cela n'a pas été fait avant, c'est que les autorités helvétiques ne connaissaient jusqu'alors pas ses déplacements à l'avance, a-t-elle assuré.
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