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Culture

Rentrée littéraire : le retour du roman familial

En période de crise, la famille redevient une valeur sûre : c'est vrai aussi pour les écrivains qui puisent dans leur roman familial la matière de plusieurs titres de la rentrée littéraire, écrit Dominique Chabrol, de l'AFP.
Loin des paillettes et des confessions scabreuses, Frédéric Beigbeder, Anne Wiazemski ou Yann Queffélec se tournent cette année vers l'enfance et ce cercle familial souvent à l'origine de leur
vocation.
Fêtard et noctambule invétéré, Frédéric Beigbeder, 43 ans, est souvent rentré à l'aube. Jusqu'à ce 29 janvier 2008 où il est interpellé en plein Paris alors qu'il « sniffe » de la cocaïne sur le capot d'une bagnole. Quarante-huit heures de garde à vue et tout lui revient en bloc : « Tapez sur la tête d'un écrivain, il n'en sort rien. Enfermez-le, il recouvre la mémoire. »
Avec Un roman français (Grasset), il signe le roman d'une grande bourgeoisie provinciale en phase terminale. « Je ne comprends pas les gens qui considèrent la famille comme un refuge alors qu'elle ravive les plus profondes paniques », écrit-il.
Issu de la famille « la plus riche de Pau au temps jadis », il retourne sur les plages de la côte basque, raconte sa rivalité avec son frère Charles, devenu l'un des dirigeants du Medef, le divorce de ses parents et la dégringolade sociale. Sans oublier un règlement de comptes avec le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, qu'il accuse d'avoir prolongé sa garde à vue et de l'avoir expédié au « dépôt » pour « se payer un écrivain ».
C'est souvent drôle, mélancolique, pudique à sa façon. Beigbeder cite François Mauriac au début de son roman: «Je ne parlerai pas de moi, pour ne pas me condamner à parler de vous.»
Mauriac est justement l'un des personnages de Mon enfant de Berlin (Gallimard), le roman qu'Anne Wiazemsky consacre à la rencontre de
ses parents.
Petite-fille de l'écrivain, l'auteur a utilisé le journal intime et la correspondance de sa mère pour reconstituer leur périple durant les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale.
Lassée de n'être considérée que comme « la fille de » François Mauriac, Claire, jeune fille indépendante, s'engage comme ambulancière de la Croix-Rouge française. Envoyée en mission en Allemagne, elle y découvre le sort de millions de civils affamés, la « gigantesque machine à trier les réfugiés » et les négociations sans fin pour l'évacuation des blessés.
À Berlin, elle tombe amoureuse de « Wia », jeune officier français et authentique prince russe, dont François Mauriac vérifiera le pedigree auprès de son ami l'écrivain d'origine russe Henri Troyat avant de consentir à leur mariage. Le roman familial côtoie ici l'histoire et la chronique littéraire.
À 60 ans, Yann Queffélec replonge également dans son enfance pour Le piano de ma mère (L'Archipel) annoncé fin septembre. Prix Goncourt 1985 avec Les noces barbares, il est le fils de l'écrivain Henri Queffélec et d'une mère entièrement dévouée à sa famille.
« J'ai appris à mentir très jeune, encouragé par mon père, homme droit qui plaçait le mensonge au rang de vice, le plus noir de tous... Il me regardait et je n'avais rien dit qu'il me murmurait : Menteur!... », écrit-il.
Queffélec reconnaît l'influence de ce père implacable sur sa propre vocation: «Étonnez-vous qu'après je sois devenu romancier.»
(Un roman français de Frédéric Beigbeder - Grasset - 280 p. - 18 euros).
(Mon enfant de Berlin d'Anne Wiazemsky - Gallimard - 240 p. - 17,50 euros - sortie le 27 août).
(Le piano de ma mère de Yann Queffélec - L'Archipel - sortie fin septembre).
En période de crise, la famille redevient une valeur sûre : c'est vrai aussi pour les écrivains qui puisent dans leur roman familial la matière de plusieurs titres de la rentrée littéraire, écrit Dominique Chabrol, de l'AFP.Loin des paillettes et des confessions scabreuses, Frédéric Beigbeder, Anne Wiazemski ou Yann...

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