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CD, DVD - Un peu plus de...

Ghettorisation libanaise

Aujourd'hui, c'est l'Assomption. La fête de la Vierge. Un jour férié. Quasiment partout dans le monde. En France, en Italie et surtout au Liban. Mais au Liban, il y a une petite région qui devient LA destination du 15 août. L'endroit où tout le monde veut être. Pour ses feux d'artifice, mais aussi pour ses kermesses, ses foires, ses shows et ses embouteillages : le binôme Faraya/Faqra. Oyoun el-Simane pour les intimes, pour ceux qui vont derrière la barrière ou sur la route adjacente à Mansour. Cultissime Mansour. Le monopole ultime du « dekken » qui a fait fortune. Un peu comme Attayah. L'homme le plus riche après la barrière. Celui sans qui vous ne pouvez pas sortir de votre chalet s'il a neigé la veille... Faqra/Faraya est pris d'assaut pendant le mois d'août. C'est que la chaleur beyrouthine est difficile à supporter. Et puis, dans un certain milieu social, tout le monde monte. Et au Liban, si tout le monde fait quelque chose, on le fait. Ou tout du moins, on essaye. Les femmes et les enfants d'abord, les hommes le week-end. Et tout ce beau monde se retrouve dans un périmètre restreint, à se saluer, s'inviter et papoter ensemble. Comme il y a les amours de vacances, il y a les amitiés aoûtiennes farayotes - comme sur Facebook. On ne se fréquente quasiment pas en hiver mais, en été, on devient partenaires. Partenaires de marche, partenaires de scrabble, partenaires de piscine ou partenaires de dîners. C'est que l'altitude rapproche. Et ça bavarde. Au coin de la piscine de Faqra ou au bord de celle du Montagnou. Le Montagnou... Une véritable institution depuis quelques années. Son resto, sa formule, sa piscine, son bar et son hôtel. Un concept à lui tout seul que les Libanais adorent et ils ont bien raison. Et comme partout à Faqra/Faraya, il faut avoir son passe-droit. Sa clé d'entrée. Sourire aux responsables, graisser la patte à certains serveurs et barmen, réserver à l'avance et le tour est joué. Puis la semaine la plus affolante arrive. Faqra et Faraya se parent de leurs plus beaux atours pour célébrer la fête de la Vierge. Feux d'artifice légendaires à Faqra le 14, feux d'artifice le 15 à Faraya. Foire avec magasins, kermesse, produits du terroir et enseignes célèbres à Faqra. Artisans libanais, petits cafés et kermesse également à Faraya. Et ça grouille de monde. Les estivants râlent de la 3aj2a  et les citadins « montent » se promener parmi les stands. Et rebelote. On se salue, on s'embrasse, on papote. « Tu es là jusqu'à quand ? » - question typiquement libanaise durant l'été -, « tu as un chalet ? », « tu es à quel hôtel ? » Et entre une bouchée de l'excellent foie gras local et un sac confectionné par un tandem de jeunes femmes branchées, on déambule, on s'invite à déjeuner, on achète un petit quelque chose pour faire plaisir à sa copine qui tient un stand. C'est que depuis un certain temps, tout le monde se veut artisan, créateur de bijoux, de bougies, d'accessoires pour la maison, styliste ou peintre. Essayez de faire plaisir à tout le monde et vous voilà démuni jusqu'à la fin de l'été... Une fois cette folle semaine terminée, les hauteurs libanaises retrouvent leur calme et leur fraîcheur. Les embouteillages ont cessé, les hommes redescendent à Beyrouth et les femmes se retrouvent à nouveau pour se saluer, s'embrasser, s'inviter et potiner. C'est que le potinage - sport national libanais - est de rigueur dans ce Saint-Tropez des cimes. Normal, tout le monde voit tout le monde. Et quand on vit dans un vase clos aussi restreint, on finit par scruter tout le monde, épier tout le monde, guetter tout le monde. Et ça potine grave, le soir, autour d'une « pierrade », d'un taboulé à la Khaymé, au People ou dans le lobby du Mzaar. Ça potine, tous âges confondus. Parce que l'art du potin se transmet de génération en génération... Et pendant ce temps, les enfants naviguent entre colonies et glande estivale entre le Powder et un playground, repaire des nounous de la ville. Malheureusement, d'aucuns oublient un peu trop leur progéniture, pensant que dans ces deux villages - où aucun darak ne passe presque jamais - rien ne peut leur arriver. Quad, petites motos et autres engins à moteurs sont mis à leur disposition. Et malgré certaines interdictions et mises en garde, nul est à l'abri d'un accident... Puis, la fin du mois le plus chaud arrivant, tout ce beau monde redescend, les bras et voitures chargés. En attendant de remonter dare-dare une fois la saison de ski amorcée. 
Aujourd'hui, c'est l'Assomption. La fête de la Vierge. Un jour férié. Quasiment partout dans le monde. En France, en Italie et surtout au Liban. Mais au Liban, il y a une petite région qui devient LA destination du 15 août. L'endroit où tout le monde veut être. Pour ses feux d'artifice, mais aussi pour ses kermesses, ses foires, ses shows et ses...
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