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Lifestyle - Rencontre

Raghida Dergham, professionnelle jusqu’au bout du mot

Son objectivité, la précision de ses propos, la rigueur de son travail et son audace en ont fait une journaliste incontournable. Chef du bureau de « al-Hayat » à New York, analyste politique pour la NBC, MSNBC et LBCI, Raghida Dergham est revenue aux sources pour quelques jours de vacances, après une absence de six ans. « Notre pays est magnifique ! » s'écrie-t-elle.

Elle est à la fois ferme et aimable. Avec un sourire qui rassure, mais n'autorise aucune familiarité. Raghida Dergham est une femme respectée, appréciée, attendue dans la presse internationale (Los Angeles Times, New York Times, Washington Post, International Herald Tribune, Newsweek Magazine), les nombreuses émissions télévisées et les conférences et autres forums pour sa lecture d'un monde en mutation permanente. Sommets russo-américains, sommets du G8, sommet des pays non alignés, elle est au cœur de l'actualité, en toute sérénité. Son goût des mots épurés, directs, se conjugue parfaitement avec celui de la politique internationale, un univers dans lequel elle évolue depuis longtemps.
Même lorsqu'elle parle, elle choisit des termes à la fois clairs et harmonieux. En anglais et en arabe, « je pense et j'écris dans les deux langues séparément, je ne sais pas traduire », confie-t-elle, dans la presse ou à la télévision, elle transmet ses analyses depuis des années avec ce recul nécessaire pour ne jamais se tromper. Car, chez elle, il n'y a aucune place à l'erreur. Ses interventions en direct ressemblent à un travail de chirurgien où le mot, comme la main, ne peut pas trembler. Même lorsque l'intervieweuse qu'elle est est à son tour interviewée, les questions qui lui sont posées doivent être pertinentes et justes. (Dé)formation professionnelle...

Un parcours enrichissant
Raghida Dergham a rencontré et interrogé les plus grandes personnalités politiques du monde. Le roi Abdallah de Jordanie, et avant lui son père le roi Hussein, les présidents Pervez Musharraf, Hosni Moubarak, Mahmoud Abbas, Yasser Arafat, Boris Eltsine, George W. Bush ainsi que Ban Ki-moon, Condoleezza Rice, Colin Powell ou encore, un véritable scoop : Ramzi Youssef, l'auteur présumé de l'attentat contre le World Trade Center. Alors, lorsqu'on lui demande lequel de ces êtres fut le plus marquant, elle préfère citer... sa mère, qui lui a enseigné l'essentiel : l'espoir.
Pourtant, bien des années plus tard, elle n'hésite pas à évoquer les personnes qui l'ont poussée à faire ce métier : ses professeurs d'école, Camille Saadé et Élias el-Murr, le journaliste Ounsi el-Hajj, qui ont lu et apprécié ses poèmes alors qu'elle n'avait que 15 ans. Des premiers poèmes qui seront publiés dans la revue al-Hasna', avant de se transformer, naturellement, en reportages, et paraître dans les suppléments des quotidiens al-Anwar et an-Nahar. Elle devient ainsi journaliste, probablement sans le savoir encore. Toujours accompagnée d'un parent, « j'étais encore si jeune, souligne-t-elle, ça faisait sourire tout le monde ! » elle « livrera » régulièrement ses papiers, jusqu'en classe de seconde. Son oncle d'Amérique l'invite alors à venir découvrir l'autre monde. Elle s'en ira croquer la grande pomme en y obtenant une bourse d'études, en décrochant un diplôme en journalisme et en démarrant une émission radio, « Hanine », qui s'adressait à tous les expatriés. En 1976, alors que la guerre fait rage au Liban, Raghida choisit de ne pas rentrer. « J'étais trop  écœurée par ce qui se passait. » En devenant correspondante étrangère de la revue hebdomadaire al-Hawadeth et du al-Anba', elle appose sa signature dans des éditoriaux en langue anglaise qui l'imposent rapidement dans la cour des grands. C'est Nadia Tuéni, dira-t-elle, qui la poussera à renouer avec l'arabe. Elle rejoint ainsi an-Nahar al-Arabi wal Douali et retrouve les mots du cœur. Élue en 1997 à la tête de l'Association des correspondants de presse accrédités auprès des Nations unies, elle devient ainsi, à sa façon, une ambassadrice du Liban. Après al-Hawadeth, la journaliste, devenue célèbre, rejoint le journal al-Hayat. « Je me suis intéressée au sujet libanais quand l'actualité l'a imposé. Mais avant cela, j'ai couvert le conflit palestinien, le Yémen, l'Irak. Ce sont surtout les sujets régionaux qui m'intéressent. Les relations entre les États, comment se prennent les décisions locales, régionales et internationales. J'aime, poursuit-elle, la pensée stratégique. »

Presse et télévision
Se déplaçant sans problème de l'anglais à l'arabe, de l'écrit au télévisé, Raghida Dergham se sent bien partout, et c'est sans doute là sa force, qui vient s'ajouter à l'information qu'elle obtient souvent avant les autres, et une maîtrise parfaite devant la caméra. Sans doute les 14 heures de travail par jour, durant toutes ces années, un métier qu'elle aime et qu'elle prend au sérieux, jusqu'à ne rater aucune réception diplomatique où beaucoup de choses se font et se défont. « C'est la réflexion et le travail de recherche avant la rédaction d'un éditorial qui m'aident, lorsque je passe à la télévision. Je ne hausse jamais le ton, même lorsque je suis agressée. Je ne crains personne. »
Arrivée aujourd'hui à un état de grâce où son métier est au beau fixe, elle songe, envisage peut-être, un nouveau défi qui viendrait s'ajouter à son poste au quotidien al-Hayat. La diplomatie lui irait bien, les Nations unies, peut-être. Elle semble approuver. Et la politique ? « Ministre ? Pour le principe, je dirais oui, avec tellement de fierté. Le Liban m'intéresse beaucoup en ce moment, rajoute-t-elle très vite. Je l'ai haï durant la guerre civile. J'aime les gens qui le forment, malgré les erreurs et les conflits. Nous ne devons pas oublier l'importance de ce qui s'est passé après cette résistance collective, et tous les acquis. Il nous faut comprendre que nous ne pouvons marcher qu'ensemble. Notre pays a besoin de sa spécificité, de son visage multiculturel, de son système actuel dans le cadre d'un État fort. »
Ses  vacances achevées, Raghida Dergham part rejoindre ses mots et New York, sa seconde patrie, la tête pleine d'images et l'âme légère. Optimiste...
Son objectivité, la précision de ses propos, la rigueur de son travail et son audace en ont fait une journaliste incontournable. Chef du bureau de « al-Hayat » à New York, analyste politique pour la NBC, MSNBC et LBCI, Raghida Dergham est revenue aux sources pour quelques jours de vacances, après une absence de six ans. « Notre pays est...

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