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Culture

Yo Yo Ma, « Fou de Leïla » et de la Route de la soie

Il était « Fou de Leïla », le poète aveugle Kaïs, réplique légendaire moyen-orientale de Roméo et de sa Juliette. L'histoire de cette passion a été transportée avec les marchandises que l'on échangeait en empruntant la route de la soie. Route suivie aujourd'hui par le célèbre violoncelliste Yo Yo Ma.

Chaque mois de septembre, et cela dure depuis bien longtemps, l'un des plus grands chanteurs de l'Azerbaïdjan, Ali Kasimov, incarne le Fou de Leïla tel que mis en opéra dans les années 1900 par un compositeur de ce même pays, Uzeyir Hajibeyov. Cet ancien conte moyen-oriental est arrivé là par le biais de la route de la soie empruntée aujourd'hui par l'un des plus grands musiciens, le violoncelliste Yo Yo Ma, qui a inscrit sa propre version opératique au programme du groupe qu'il a créé et nommé l'Ensemble de la Route de la soie. Et il a présenté ce spectacle au centre d'art Strathmore (environs de Washington). Voulant explorer la migration des idées et des cultures, ce violoncelliste de grand renom a donc suivi  les rythmes et les sons qui ont retenti le long de cette fameuse route commerciale qui,  de la Chine, traversait l'Asie vers l'Afrique du Nord.
 
Histoire retrouvée aujourd'hui en Azerbaïdjan
Son ensemble, qui s'est ainsi fait l'écho de ces échanges, est composé d'une soixantaine d'artistes de vingt différentes nationalités : musiciens, compositeurs, conteurs, scénographes. En 2006, l'un de ses périples l'avait mené en Azerbaïdjan où se jouait Le fou de Leïla, cette ancienne histoire arabe qui a aussi voyagé du Proche-Orient à l'Asie centrale, au Maroc et en passant par le Pakistan. C'est celle des amours, rendues impossibles par des rivalités de clans, d'un jeune Bédouin aveugle, Kaïs, éperdument épris de Leïla. Yo Yo Ma est séduit par ce conte qui aurait été transmis oralement de la Perse par les Bédouins au cours de leurs déplacements et de leurs différentes conquêtes. Et surtout par la partition qui, sur une trame lyrique très XIXe siècle, développe de magnifiques et savants « makams ». Les spécialistes des arrangements musicaux de l'Ensemble de la Route de la soie ont eu fort à faire pour élaguer le tout et se mettre au diapason des « makams », genre extrêmement modulant, qui peut changer de tonalité toutes les cinq ou dix mesures et qui laisse une place prépondérante à l'improvisation.
Côté orchestration, Yo Yo Ma et son équipe ont utilisé une combinaison inhabituelle d'instruments : du violon au violoncelle, en passant par un luth chinois et une flûte en bambou japonaise. C'était aussi là l'occasion de faire évoluer une œuvre en puisant dans différentes sources. Par ailleurs, Le fou de Leïla a, en ce moment, la cote de par le monde. Cette histoire a fait récemment partie d'une exposition permanente qui regroupe les plus illustres contes du monde et qui est organisée à Amsterdam par un centre d'ethnographie. Francfort a présenté un Fou de Leila local avec de jeunes interprètes turcs, iraniens et arabes.
C'est là une marque d'universalité, fait remarquer Yo Yo Ma, ajoutant : « Si quelque chose est bon, il n'appartient ni à vous ni à moi. Mais à nous tous. On peut donc le voir aussi bien à ses sources qu'au Minnesota. »
Yo-Yo Ma est né en 1955 de parents chinois vivant à Paris et a commencé à étudier le violoncelle à l'âge de 4 ans. Après que sa famille se soit installée à New York, il a continué ses études musicales à la Julliard School et à l'Université de Harvard en 1976. Obtenant les prix les plus prestigieux, il a fait une carrière fulgurante de soliste avec les plus célèbres orchestres  du monde. À son actif,  une discographie de plus de 75 albums (plus de 15 ayant été primés). 
Il était « Fou de Leïla », le poète aveugle Kaïs, réplique légendaire moyen-orientale de Roméo et de sa Juliette. L'histoire de cette passion a été transportée avec les marchandises que l'on échangeait en empruntant la route de la soie. Route suivie aujourd'hui par le célèbre...

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