Rechercher
Rechercher

Diaspora - Portrait

Les poètes ne meurent jamais : l’histoire de Meira Delmar (Olga Chams Eljach)...

Meira Delmar, un des plus grands noms de la poésie latino-américaine du XXe siècle, est décédée en mars dernier en Colombie, à l'âge de 86 ans. Elle était fille d'émigrés libanais, originaire du Akkar.

Fille d'émigrants libanais, la Colombienne Olga Chams Eljach - son vrai nom - était née en 1922 dans la ville de Barranquilla, port principal du pays à cette époque. Son père, Julián Élias Chams, né à Almaira, dans le Akkar, au Liban-Nord, avait émigré à la fin du XIXe siècle à Haïti puis en Colombie (voir nos éditions du 8 janvier et du 16 juin 2008). Il avait épousé Isabel Eljach, fille de Abdallah Eljach et de Cristine El Shanin, installés dans la même ville. De ce mariage sont nés William, Alice et Olga.
Olga Chams Eljach a commencé ses études au collège de Barranquilla pour les filles et, dès l'âge de 11 ans, elle écrivait des poèmes, dont le premier fut : À las acacias en flor (Aux acacias en fleur). Elle était admiratrice de poètes de son temps, tels que Gabriel Mistral, Delmira Agustini et autres. Elle effectua par la suite ses études supérieures en Italie, où elle étudia l'histoire de l'art et la littérature au Centre d'études Dante Alighiere à Rome. De retour en Colombie, elle étudia la musique au Conservatoire Pedro Biava de l'Université del Atlántico, où elle devint ensuite professeur. Pendant ce temps, elle visita à l'âge de 20 ans avec ses parents le Liban, son pays d'origine.
Olga commença à écrire des poèmes d'amour à son adolescence, à une époque où l'amour était encore un sujet tabou dans sa famille d'éducation libanaise traditionnelle. Elle envoya en 1937 ses premiers poèmes à la revue Vanidades de la Habana (Les Vanités de La Havane) à Cuba et ne voulait pas que ses parents et ses amies sachent son nom. Elle signa ainsi sous le pseudonyme de Meira Delmar, combinaison du nom arabe « Omaira » et du nom espagnol « Del mar » (de la mer), à cause de son attraction pour la mer. Ses écrits devinrent rapidement un succès et furent publiés dans plusieurs autres revues. Son vrai nom fut révélé cinq ans plus tard, et elle publia alors son premier livre « Alba de olvido » (Aurore de l'oubli). En 1999, la revue Semana, dans son numéro 882, le sélectionna parmi les meilleures œuvres colombiennes du XXe siècle, Meira étant l'unique femme citée dans la section poésie.
Meira Delmar fut nommée en 1956 directrice de la Bibliothèque publique du département de l'Atlantique, charge qu'elle occupa pendant 36 ans. On donna alors son nom à cette bibliothèque en hommage à son action, ainsi qu'au centre de documentation sur la femme de l'Université del Atlántico et à la salle de lecture de la Bibliothèque du Caribe. Femme très active dans la vie littéraire et sociale, Delmar était également membre depuis 1989 de l'Académie de langues de Colombie, ainsi que du Centre artistique de Barranquilla, de la Commision interaméricaine des femmes et du club Zonta international des femmes professionnelles. En 2008, a été créé le « Prix national de poésie Meira Delmar » pour encourager la nouvelle génération à écrire. Elle reçut plusieurs reconnaissances dans son pays, dont le doctorat honoris causa en lettres de l'Université del Atlántico, la médaille du Grand Ordre du ministère colombien de la Culture, la médaille Simón Bolívar du ministère de l'Éducation et le prix national de Poésie de l'Université de Antioquia.
La poésie de Delmar se caractérise par une douce sensualité et par sa vision féminine des thèmes de l'amour, de l'oubli, de la nostalgie et de la mort. L'amour, dans sa poésie, n'est pas un amour qui crie et exige, mais un amour pondéré et continuel. Elle puise, selon ses dires, ses sentiments profonds et humains dans l'enseignement de ses parents, qui lui apprirent à s'inspirer de la nature et de l'environnement développant les sens humains. La poète uruguayenne Juana Ibarbourou (1892-1979) a cité Meira Delmar comme étant parmi les plus grands poètes de la littérature de langue espagnole.
Delmar ne se maria pas, parce qu'elle attendait son amour qui n'arriva jamais. Elle considérait que sa vie était continuellement enrichie par l'amitié, aussi grande que l'amour.

Parmi ses œuvres : « Sitio del amor » (1944), « Sitio del amor » (1946), « Secreta isla » (1951), « Cuadernillo de poesía n° 26 » (1957), « Huésped sin sombra, Antología » (1971), « Reencuentro » (1981), « Laúd memorioso » (1995), « Alguien pasa » (1998), « Pasa El Viento : Antología Poetica 1942-1998 » (2000) et « Viaje al Ayer » (2003).
En savoir plus :
- Jaramillo, María Mercedes. Osorio, Betty. Mier, Ariel Castillo - « http ://ciruelo.uninorte.edu.co/pdf/BDC94.pdf Meira Delmar : Poesía y prosa ». Ediciones Uninorte, Barranquilla, 2003.
- Meira Delmar a offert au Lebanese Emigration Research Center (LERC) de Notre-Dame University (NDU), Liban, des livres qui peuvent être consultés sur place.
Fille d'émigrants libanais, la Colombienne Olga Chams Eljach - son vrai nom - était née en 1922 dans la ville de Barranquilla, port principal du pays à cette époque. Son père, Julián Élias Chams, né à Almaira, dans le Akkar, au Liban-Nord, avait émigré à la fin du XIXe siècle à Haïti puis...