Rechercher
Rechercher

Culture

Fatals accents médiumniques….

« Le médium » de Gian Carlo Menotti, un opéra de chambre par les étudiants de l'Académie de Hambourg à l'Irwin Hall de la LAU dans le cadre du XIIe Festival universitaire international pour le théâtre. Une  production qui sort des chemins battus, même si l'émotion n'est pas au rendez-vous...

Une scène lyrique chez les universitaires n'est pas chose courante.  L'Académie de Hambourg a présenté sur les planches de l'Irwin Hall à la LAU un des opus les plus célèbres de Gian Carlo Menotti, compositeur et librettiste  américain d'origine italienne et fondateur du Festival de Spoleto. Pour certains critiques de musique, il est considéré, un peu à tort, comme le Debussy et le Puccini des pauvres...
On écoute de lui ici Le médium (qui n'a rien à voir avec La voyante d'André Roussin où a triomphé Elvire Popesco avec ses accents slaves comiquement francisés) d'un sentimentalisme exacerbé et tiré un peu par les cheveux...
Mais il s'agit bien sûr toujours de voyance et de boule de cristal avec une femme qui lit l'avenir et le passé, évoque et convoque les esprits, interpelle les absents et les morts, vit à contre-jour et à volets clos. Il s'agit de Flora dite Baba, entourée de sa fille Monica et d'un jeune garçon muet, Toby, dont la jeune fille est éperdument éprise... Du côté clientèle, monsieur et madame Gobineau venus dans cette atmosphère lourde et crépusculaire interroger ce qu'ils n'arrivent pas à décrypter à propos de leur fille...
Mais, phénomène inattendu, Flora est troublée dans sa séance par une main qui l'effleure... Elle s'en prend violemment à Toby qui suscite ses angoisses de solitude et de jalousie vis-à-vis de  la farouche affection qu'elle porte à sa propre fille. Tout finit dans un bain de sang assez inexplicable où Toby et la voyante (qui prédit la mort  des autres mais pas la sienne) sont tués accidentellement...
Accents rauques et stridents entre hurlements à la Berg ou Schoenberg avec mélodies jazzy, rock ou sirupeuses par moments tendus et teintés de sombres angoisses secrètes.
Quatre chanteurs (Corinna Meyer-Esche, Veronique Elling, Henrik Giese, Nadine Hellriegel - à la fois médium,  metteuse en scène, décoratrice et costumière) et un acteur qui cultive avec talent le silence (Michael Gaschler admirable en jeune Toby emprisonné dans un mutisme fébrile) pour donner voix à cette œuvre moderne, originale, haletante, aux nuances heurtées et pointues.
En dehors du décor fait d'un canapé, d'une table basse et de quelques lumignons, un piano à queue noir, un peu en retrait de la scène, où officie en toute liberté, mais en symbiose avec les mots et les personnages dans la flaque de lumière, Nadia Belneeva
Le texte est en anglais (beaucoup mieux maîtrisé que dans les productions locales où le débit est toujours rapide et les prononciations douteuses), mais le meilleur de la partition est quand la langue de Goethe prend momentanément l'emprise sur les notes... Le mariage guttural des mots allemands, et le ton haché et saccadé des lignes musicales font brusquement un heureux mariage d'amour...
Une œuvre difficile, au dénouement hystérique et violent (une cinquantaine de minutes) pour l'auditoire libanais peu familiarisé avec l'art lyrique moderne (surtout les jeunes), mais sans nul doute un moment intense et innovateur dans l'art de la scène académique libanaise.
« Le médium » de Gian Carlo Menotti, un opéra de chambre par les étudiants de l'Académie de Hambourg à l'Irwin Hall de la LAU dans le cadre du XIIe Festival universitaire international pour le théâtre. Une  production qui sort des chemins battus, même si l'émotion n'est pas au rendez-vous... Une...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut