Rechercher
Rechercher

CD, DVD - Un peu plus de...

La mort d’une idole

Les trentenaires viennent de comprendre ce que la génération de leurs parents a ressenti en 1977 à l'annonce de la mort d'Elvis ou en 1980 quand on a assassiné John Lennon. Michael Jackson est mort. Et avec lui l'enfance et l'adolescence de centaines de milliers de personnes. Avec lui sont partis les souvenirs d'une génération. Des boums endiablées où l'on «samplait» son moonwalk sur Billie Jean, des slows langoureux sur Heal the World, il ne reste quasiment plus rien... qu'une réminiscence amère d'une époque désormais révolue. Voilà ce que la mort d'une idole provoque : un deuil pénible de nos plus belles années... Que ce soit à travers leurs statuts sur Facebook ou sur l'ensemble de la blogosphère, les réactions des internautes et des gens en général ne se sont pas fait attendre. « Michael Jackson est mort. » Brutalement. Comme, avant lui, Jim Morisson, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Curt Cobain, Marylin Monroe, James Dean, Claude François ou Dalida. Et les fans iront fleurir sa tombe, déposer des lettres d'amour et des photos hommages. Une idole est partie. Et pas n'importe laquelle. Une idole à la vie tragique, à l'enfance douloureuse et non vécue, aux histoires sordides. Michael Jackson a réuni à lui seul tous les vices et les vertus du monde : du talent à la réussite, en passant par la déchéance et aux accusations de pédophilie. D'une enfance difficile, dirigée par un père violent et autoritaire, le jeune homme en a gardé des séquelles. Certes, Joe Jackson a fait de sa progéniture, et plus particulièrement de son plus jeune fils Michael, des stars de la chanson, mais il les a tellement fait souffrir que le roi de la pop a tout fait pour ne plus lui ressembler d'une seule goutte. Souffrant de ce qu'on appelle la dismorphophobie, Michael a usé de tous les stratagèmes possibles et inimaginables pour s'éloigner autant que possible du visage de son père. Un père qui se moquait inlassablement de son gros nez... Après la sortie et le mégasuccès de Thriller, Michael a pété un plomb, c'est un fait. Mais comment ? Comment le jeune homme de 25 ans, qui a fait danser la planète avec l'album record des ventes de tous les temps, a-t-il pu devenir ce monstre étrange des dernières années ? Comment le génial danseur qu'était Jackson a-t-il pu balancer son fils dans le vide au-dessus d'un balcon ? Comment ce révolutionnaire de la musique et du clip a-t-il pu s'enfermer dans un lalaland aberrant où seuls les enfants (qui l'accusèrent plus tard) étaient admis ? Nul ne pourra vraiment le dire. Comme personne n'a pu expliquer qui a tué Elvis Presley : le colonel Parker, le deuil inachevé de sa mère, son divorce avec Priscilla, les médicaments, ou tout ensemble ? Qui a terni le « self-estime » de l'interprète de Wanna be startin' something ? Qui (et surtout quoi) a bousillé ce génie qui alimentait depuis une quinzaine d'années les pages scandales des tabloïds plutôt que sa créativité ? Michael Jackson est mort, emportant avec lui ses douleurs et ses délires, laissant au monde la liberté de fantasmer son histoire. L'interprète émouvant de Ben à l'aube de ses quatorze ans, qui ne voulait pas grandir, ne voulait pas vieillir, est mort à 50 ans. Mais Michael Jackson, l'idole, est mort bien avant. Et plusieurs fois. Il est mort une première fois avec la fin des Jackson 5, lorsque sa carrière solo s'avéra plus importante que celle de ses frères. Il est mort une deuxième fois après le succès planétaire de Thriller, quand son talent ne lui permit plus, malgré quelques excellents morceaux, de réitérer une telle performance. Il mourut une troisième fois lorsque les premières accusations de pédophilie pesèrent sur lui. Michael Jackson n'était plus à la fin que le mort-vivant effrayant de son clip de Thriller. Un fantôme de lui-même, une espèce d'Elephant Man des temps modernes, un ange déchu, perdu entre Neverland et son exil bahreïni. Michael Jackson est mort officiellement un 25 juin 2009, dans sa propriété de Los Angeles, avec à ses côtés son médecin personnel aux odeurs de souffre. Michael Jackson est mort, avant de remonter sur scène, laissant derrière lui des montagnes de dettes, des centaines de milliers d'orphelins - dont trois légitimes - et des millions de fans désœuvrés. Michael Jackson est mort, et même si cela peut sembler être un lieu commun d'une banalité époustouflante, pas sa musique. Le roi est mort... Vive...Vive qui ?

Les trentenaires viennent de comprendre ce que la génération de leurs parents a ressenti en 1977 à l'annonce de la mort d'Elvis ou en 1980 quand on a assassiné John Lennon. Michael Jackson est mort. Et avec lui l'enfance et l'adolescence de centaines de milliers de personnes. Avec lui sont partis les souvenirs d'une génération. Des boums...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut