On vote au 5e étage : ascenseur SVP

Âgé de 80 ans, en bon libanais préoccupé par l'avenir de son pays, j'ai décidé d'aller voter, malgré les conseils de mes enfants et de ma famille.
Bureau de vote, collège Haïgazian à Kantari. Dès 9 heures du matin, je suis devant la porte pour accomplir mon devoir de citoyen. Première déception de cette journée, l'ascenseur est arrêté et il faut faire 5 étages à pied. Cela m'a valu une journée au lit et des douleurs aux genoux.
Monsieur le ministre,
Nous savons que vous êtes un homme exceptionnel, et tous les Libanais doivent vous être reconnaissants pour le travail immense accompli à la perfection. Mais de grâce, si j'étais jeune, cela aurait été un exercice agréable.
Mais pourquoi faut-il mettre les bureaux de vote au cinquième étage, alors que l'école pouvait très facilement les placer au premier ou au deuxième étage, qui étaient libres. Les personnes âgées, les handicapés, les malades, les cardiaques sont-ils obligés de grimper cinq étages pour aller voter ?
Monsieur le ministre de l'Intérieur, en plusieurs autres circonstances, nous avons toujours apprécié vos décisions courageuses, mais nous pensons que les personnes responsables de votre ministère devraient faire vérifier avant les élections les bureaux de vote. Pourquoi faut-il que le directeur du Haïgazian fasse arrêter son ascenseur, qui au moins aurait pu fonctionner pour les personnes qui ont des difficultés de déplacement ?
C'est peut-être la nouvelle politique gouvernementale d'éliminer toutes les personnes qui ont atteint un certain âge, pour les empêcher ainsi de pouvoir exprimer leurs opinions ?
Réponse de l'agent de service à notre question : le directeur a arrêté l'ascenseur. J'espère que vous saurez prendre les dispositions contre les responsables de cette négligence, qui se sentent le droit d'arrêter un ascenseur pour épargner quelques livres libanaises d'électricité. J'ai même suggéré de faire payer aux personnes âgées et malades l'usage de l'ascenseur. Peine perdue.
Et pour finir, cerise sur le gâteau, après avoir voté, il est obligatoire de tremper son pouce dans une encre violette qui, soi-disant, vous empêchera pour deux jours de revoter. Cela me rappelle les autorités allemandes qui marquaient les juifs d'une étoile jaune. Et aussi, lors de mon voyage en Argentine, le fait que les propriétaires des troupeaux marquaient les moutons pour reconnaître leur cheptel.
Malgré ces quelques accidents de parcours, les résultats sont quand même satisfaisants. Mais pour le futur, de grâce, Monsieur le ministre, n'oubliez jamais cette majorité silencieuse qui se permet de temps en temps de relever quelques lacunes pour que notre pays redevienne, comme par le passé, et cela pour nos enfants et petits-enfants, le plus beau pays du monde.