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Liban - Commentaire

Le parcours du Tachnag tributaire de considérations externes

Les voix du Tachnag, c'est toute une histoire dans le roman fleuve des élections libanaises. Jadis, le directoire du parti était basé en Occident, le plus souvent en Amérique. Son mot d'ordre était alors qu'il fallait soutenir le pouvoir libanais en place, quel qu'en soit le détenteur. Le vote massif des partisans ou sympathisants faisait pencher la balance en faveur des listes auxquelles le Tachnag participait, à Achrafieh et dans le Metn-Nord, grâce à la forte concentration arménienne de Bourj Hammoud. Pour en réduire l'impact, le régime Chamoun avait procédé à un redécoupage des circonscriptions, de manière à ce que le parti ne fasse la décision que dans les zones majoritairement peuplées de citoyens d'origine arménienne.
Toujours est-il que le commandement extérieur est devenu pro-iranien. À partir de ce moment, la formation libanaise a cessé d'appuyer les listes et les candidats du pouvoir quand il ne rejoignait pas la ligne, évidemment iranienne, de ce commandement. D'où la jonction avec le Hezbollah et, plus directement, avec le CPL. Les cadres du Tachnag expliquent, en privé, qu'ils doivent protéger leurs frères arméniens d'Iran et de Syrie. Sous-entendant que ces derniers subiraient des vexations si le Tachnag libanais s'alliait avec ce 14 Mars que l'axe d'acier Téhéran-Damas combat.
On note dans l'évolution du Tachnag et du général Michel Aoun une similitude de parcours qui les a menés à une quasi-symbiose. Sauf que le leader du CPL a changé d'option en concluant un accord indirect, et discret, avec les Syriens pour pouvoir retourner de son exil parisien. Il s'est engagé à ne pas s'allier électoralement avec Hariri et avec Joumblatt en 2005. Il a joué ensuite la carte non seulement de l'exclu, mais aussi, et surtout, de la seule franche, nette et pure candidature chrétienne pour rafler la mise. Le Tachnag lui a emboîté le pas, le suivant cette année sur le graphique descendant de l'adhésion populaire générale ainsi que du nombre de sièges parlementaires obtenus sans l'aide du Hezbollah ou d'Amal.
Même chose à peu près pour les rapports avec Michel Murr dans le Metn-Nord. Quand l'ancien vice-président du Conseil a rompu avec le général, le Tachnag lui a promis de maintenir des relations si anciennes qu'elles en étaient devenues une sorte de tradition régionale. Sous condition que Murr laisserait sur sa liste le siège arménien vacant pour l'élection d'office d'Hagop Pakradounian. Il s'est exécuté, pensant que de la sorte, l'affluence des électeurs d'origine arménienne serait moins forte. Mais sans compter qu'il n'a pas eu les voix promises, n'en obtenant que 2 600 contre 6 800 à Ghassan Rahbani, il a eu la surprise de constater que le Tachnag mobilisait en force et faisait même venir des électeurs expatriés. La bisbille a donc éclaté et, finalement, force est de constater que le parti a pleinement répondu aux souhaits de ses alliés prosyriens et pro-iraniens.
Les députés Pakradounian et Mekhitarian, secrétaire général du parti, se sont justifiés en affirmant que la base avait renâclé devant l'idée de voter Murr après ses prises de positions, ainsi que dans la crainte que la liste du CPL ne perde. Au bout de cinquante ans d'amitié sans nuage, l'explication de l'agacement visant Murr est un peu étonnante, surtout quand on connaît la discipline de l'électorat Tachnag. Par contre, il semble peu douteux que dans la dernière ligne droite, la direction du Tachnag n'ait effectivement craint que la liste du 14 Mars ne l'emporte. Même chose d'ailleurs pour le Hezbollah, après le retrait d'Émile Naufal au profit des loyalistes et centristes à Jbeil. Les deux formations ont alors décidé de mettre le paquet, c'est le mot, pour faire gagner Aoun au Metn comme à Jbeil, au Kesrouan et à Baabda, voire à Jezzine. Dans l'optique générale, et commune, de tenter de répondre aux vœux brûlants d'Ahmadinejad, ce qui n'est pas fait. 
Les voix du Tachnag, c'est toute une histoire dans le roman fleuve des élections libanaises. Jadis, le directoire du parti était basé en Occident, le plus souvent en Amérique. Son mot d'ordre était alors qu'il fallait soutenir le pouvoir libanais en place, quel qu'en soit le détenteur. Le vote massif des partisans ou sympathisants faisait pencher la...
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