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Culture - Le printemps de Beyrouth

La danse de la liberté de Omar Rajeh

Scène C'est dans le beau cadre des Thermes romains, à l'air libre - libre comme les journalistes dont on célèbre le souvenir - qu'a eu lieu la performance de Omar Rajeh. Un travail en construction qui devrait prendre fin au mois d'octobre avant que la troupe n'effectue une grande tournée mondiale.
The Assassination of Omar Rajeh, interprétée par Ahmad Ghossein, Mia Habis, Lisette Shéhadeh, Ali Chahrour et Omar Rajeh lui-même, qui a également signé la chorégraphie, rend hommage aux noms de Samir Kassir et de Gebran Tuéni, mais aussi à tous ceux (les hommes de plume) qui les ont précédés dans le pays du Cèdre comme Sélim al-Laouzi ou Kamel Mroué, tous martyrs de leur plume. Par ailleurs, ce travail, encore non abouti, interroge tout artiste sur son rôle et son devoir dans la société. Peut-on rester indifférent devant les crimes contre des d'hommes de lettres ? Pourquoi la pensée devrait-elle encore tuer au XXIe siècle ?
Avant que les danseurs ne s'installent sur cette scène dressée en plein air, séparée de l'audience par une sorte de « film » translucide, ce sera au tour de l'écrivain Hazem Saghieh de prendre la parole et de lire un extrait d'un ouvrage de Samir Kassir pour rappeler le lien entre la culture et la politique ainsi que ladite culture dans les régimes dictatoriaux.
C'est donc derrière cet écran sur lequel défileront parfois des lettres et des écritures que les artistes prennent place. Sur fond de la musique composée par Weshm-Nejib Cherradi, les corps torturés gesticulent et crient l'injustice de la parole asphyxiée. On assiste à un dysfonctionnement qui va atteindre le corps tout entier qui brutalement se disloque mais qui laisse quand même un « organe » actif : une main vacillante et tremblotante qui continuera à écrire. Une gestuelle remarquable et émouvante qui illustre à travers les borborygmes et les mots incompréhensibles l'incroyable difficulté de s'exprimer ainsi que la parole castrée.
Cri de douleur ? Révolte ou appel à prendre position ? Voilà le message que lancent Omar Rajeh et sa troupe à travers cette prestation qui aura duré plus de quarante-cinq minutes. Une performance qui interroge tout intellectuel, artiste, mais aussi tout Libanais qui croit dans les libertés. Si la liberté, un jour, venait à disparaître, c'est à ce même mal fonctionnement du corps auquel on a assisté qu'on aura à faire face. Est-on prêts à rester les témoins passifs d'un pareil dérèglement ? Par la musique, l'expression corporelle, la typographie arabe, défilant rapidement devant nos yeux, Omar Rajeh questionne : Le souvenir est-il oublié ? La mort des journalistes n'aura-t-elle servi à rien ? Mais à ces doutes, se succèdent des signes d'espoir : le baiser donné répétitivement par les interprètes.
Si cette performance qui se joue au sein de cette première édition du printemps de Beyrouth - qui est également celle de Samir Kassir - a lieu, et s'il y a un public qui est là pour partager ces moments et si ses applaudissements se répètent en écho dans d'autres pays qui se battent pou la liberté d'expression, c'est donc que les crimes n'auront pas été vains.
The Assassination of Omar Rajeh, interprétée par Ahmad Ghossein, Mia Habis, Lisette Shéhadeh, Ali Chahrour et Omar Rajeh lui-même, qui a également signé la chorégraphie, rend hommage aux noms de Samir Kassir et de Gebran Tuéni, mais aussi à tous ceux (les hommes de plume) qui les ont précédés dans le...

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