Véhiculer une belle image du pays, au Liban ou à l'étranger, tout au long de l'année et indépendamment des saisons touristiques, est le deuxième objectif de Nada Sardouk, convaincue que le tourisme est lié à tous les aspects de la vie quotidienne, notamment social, culturel, éducatif, commercial... Forte de cette intuition, elle a initié des partenariats avec des acteurs du secteur privé. « C'est ainsi que j'ai compensé les lacunes, tant au niveau du budget et des ressources humaines que de la législation », affirme-t-elle, ajoutant que les deux partenaires, l'État et le secteur privé, ont besoin l'un de l'autre. « Le secteur privé a besoin de nous pour notre label, notre patronage, notre support, pour sa propre crédibilité. Nous avons besoin de lui pour sa capacité à mettre en place des projets, pour ses ressources humaines et budgétaires. »
La gastronomie, image de marque du pays
La directrice générale estime que tous les moyens sont bons pour véhiculer une belle image du Liban, depuis le petit dépliant, jusqu'aux offices de tourisme au Liban et à travers le monde, en passant par les films DVD et les CD de photos. Elle indique que le site web du ministère du Tourisme a été totalement relooké et publié sur Facebook, soulignant dans ce cadre l'importance de l'interactivité avec la jeunesse. Elle insiste aussi sur l'impact de la participation libanaise aux salons internationaux, « active et efficace » malgré le manque de moyens. « Avec nos partenaires du secteur privé, nous tentons constamment d'innover », dit-elle, révélant deux projets destinés à attirer des touristes au Liban : l'un concerne « le Liban scène de tournage » et l'autre le tourisme médical, lié à la chirurgie plastique.
Mme Sardouk précise que de nombreux projets ont été initiés avec des ONG, des ambassades, des organisations internationales, notamment au niveau du secteur hôtelier, de la restauration et des festivals. « Même le site Internet du ministère du Tourisme, sa communication, sa promotion et ses films ont été réalisés avec la collaboration du secteur privé qui a assumé les frais de ces projets »,
affirme-t-elle.
Le troisième volet concerne les investissements dans l'infrastructure touristique. Mme Sardouk explique que son ministère, toujours en partenariat avec le secteur privé, investit dans différents projets, dont le plus important se situe au niveau de la gastronomie libanaise. « La gastronomie est devenue l'image de marque du Liban », observe-t-elle, remarquant que le mezzé libanais est à la fois synonyme de savoir-faire, de savoir-vivre et d'attachement à la tradition, au terroir, à la famille. Elle évoque le projet en question, baptisé « Food is Identity » (la nourriture c'est l'identité), en préparation avec la Lebanese American University (LAU). Le projet consiste à lancer une recherche scientifique sur les origines des plats libanais, dans l'objectif de les inscrire auprès de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (WIPO).
Développer le concept des chambres d'hôtes
La directrice générale aborde aussi l'introduction du concept de chambres d'hôtes ou l'hébergement chez l'habitant. « Ces structures ne feront pas la concurrence aux hôtels ou aux appartements meublés, mais permettront de combler le manque d'infrastructure hôtelière dans les régions situées en dehors de Beyrouth et du Mont-Liban », explique Mme Sardouk, qui ajoute à ce propos : « Il s'agit de promouvoir le tourisme interne, tout en contribuant au développement durable des régions. » Elle souligne dans ce cadre que les propriétaires de maisons libanaises traditionnelles seront ainsi encouragés à restaurer leurs maisons.
« Le ministère pourra éventuellement les mettre en contact avec des acteurs désireux de financer des projets de développement durable », assure-t-elle, affirmant que le ministère se veut porteur d'ouverture à travers le pays. Elle ajoute aussi que le ministère du Tourisme est sur le point de finaliser un projet de loi pour régulariser l'hébergement chez l'habitant et éviter les abus. Et d'annoncer, à titre d'exemple, la contribution de son ministère au lancement d'un réseau d'information concernant le logement alternatif au Liban,
hostelslebanon.com en partenariat avec le tour-opérateur Lebanon Roots, spécialisé dans le tourisme religieux.
Mme Sardouk cite également un autre projet de tourisme religieux baptisé « Les sentiers de la foi », mis en place avec un partenaire privé, ainsi que le projet « Kasdoura » de revues destinées à faire connaître le Liban aux enfants, réalisé sous le patronage du ministère de la Culture. « Ce projet est aussi bien pédagogique que civique, car il est lié à la connaissance du patrimoine », note la directrice générale. Elle expose, de plus, un projet de livres en braille sur le tourisme interne destiné aux enfants malvoyants et non voyants.
Nada Sardouk ne peut toutefois s'empêcher de dénoncer le peu d'efforts déployés au niveau de la protection de l'environnement et des campagnes de propreté. « Les montagnes de déchets, la saleté dans les rues, la prolifération de panneaux d'affichage, tout cela est impardonnable et porte préjudice au tourisme », martèle-t-elle, précisant qu'il est possible d'améliorer les choses sur ce plan malgré le manque de moyens.
La saison touristique est prometteuse. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, puisque le Liban a déjà accueilli 500 000 touristes durant les quatre premiers mois de l'année (sans compter les Libanais, la main-d'œuvre étrangère, les Palestiniens ou les Syriens). Du jamais-vu, selon Nada Sardouk. « Notre projection est d'atteindre 2 millions de touristes d'ici à la fin de l'année », conclut-elle. Si toutefois aucune catastrophe ne s'abat sur le pays.